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26 MAI 2025 (#6)

DECOUVRIR SPINOZA SANS LIRE "L'ETHIQUE"

“L’Éthique” de Spinoza est livre de philosophie exigeant. Spinoza a choisi la démonstration géométrique. À la manière d’Euclide, il avance par définitions, axiomes, propositions, démonstrations et corollaires. Ce style rigoureux et impersonnel impose au lecteur…

“L’Éthique” de Spinoza est livre de philosophie exigeant. Spinoza a choisi la démonstration géométrique. À la manière d’Euclide, il avance par définitions, axiomes, propositions, démonstrations et corollaires… Ce style rigoureux et impersonnel impose au lecteur une discipline intellectuelle inhabituelle.
Le vocabulaire est d’une grande abstraction. Des termes centraux comme substance, attribut, mode, cause de soi, conatus… ont chacun un sens précis, souvent éloigné de leur usage ordinaire. Sans une compréhension fine de ces notions, le lecteur peut se perdre.
À cette abstraction s’ajoute une grande cohérence. Chaque proposition dépend logiquement des propositions précédentes. Il est impossible de lire “L’Éthique” en diagonale ou de sauter des étapes.
La difficulté est renforcée par l’originalité radicale des idées développées. Spinoza remet en cause la plupart de nos croyances.: pour lui, Dieu n’est pas une personne extérieure au monde, mais l’unique Substance dont toutes choses sont des modes ; la liberté n’existe pas au sens où nous l’entendons habituellement ; bien et mal ne sont pas des réalités absolues mais des constructions humaines. Ces thèses demandent un effort considérable de déconstruction de nos schémas de pensée habituels.
Pour toutes ces raisons, lire l’Éthique est un exercice de patience, de rigueur et d’humilité. Mais on peut chercher l’esprit plutôt que la lettre. Spinoza, c’est avant tout une vision : la liberté par la compréhension, la joie comme puissance, Dieu et nature. Ces idées peuvent s’appréhender par d’autres chemins; conférences, récits, dialogues… Mais tôt ou tard, on revient au livre, comme à la source d’une lumière qu’on a toujours pressenti.

LIVRES . Spinoza, l’homme qui a tué Dieu – José Rodrigues dos Santos (Éd. Hervé Chopin, 2023) Un roman biographique captivant qui retrace la vie de Spinoza, mettant en lumière son combat contre les dogmes religieux et son influence sur la pensée moderne…

Spinoza, l’homme qui a tué Dieu – José Rodrigues dos Santos (Éd. Hervé Chopin, 2023) Un roman biographique captivant qui retrace la vie de Spinoza, mettant en lumière son combat contre les dogmes religieux et son influence sur la pensée moderne.

Spinoza. Méthodes pour exister – Maxime Rovère (Éd. Flammarion, 2013) Une introduction claire à la philosophie de Spinoza, présentant ses concepts comme des outils pratiques pour mieux vivre et comprendre le monde.

Le Clan Spinoza – Maxime Rovère (Éd. Flammarion, 2017) Un récit historique romancé qui plonge le lecteur dans l’entourage de Spinoza, offrant une perspective vivante sur sa vie et son époque. Spinoza.

La décision de soi – Collectif (Éd. Hermann, 2024) Un ouvrage collectif qui explore la notion de liberté chez Spinoza, accessible aux lecteurs souhaitant approfondir leur compréhension de sa pensée.

Spinoza, une vie – Steven Nadler (Éd. Flammarion, 2021) Une biographie détaillée et accessible qui retrace le parcours de Spinoza, ses idées et leur impact sur la philosophie occidentale.

Spinoza. Sur la voie de la liberté – Collectif (Éd. Ellipses, 2023) Un ouvrage pédagogique qui présente les concepts clés de Spinoza de manière accessible, idéal pour les débutants en philosophie.

Spinoza et la liberté – Robert Misrahi (Éd. Le Livre de Poche, 2022) Un essai qui explore la conception de la liberté chez Spinoza, mettant en lumière sa pertinence pour la pensée contemporaine.

Spinoza, le philosophe de la joie – Frédéric Lenoir (Éd. Fayard, 2022) Un ouvrage qui met en avant la quête de la joie chez Spinoza, proposant une lecture inspirante de sa philosophie.

Spinoza, l’éthique de la liberté – Chantal Jaquet (Éd. PUF, 2023) Une analyse accessible de l’Éthique de Spinoza, mettant en lumière sa vision de la liberté et de la rationalité humaine

FLOP. Pourquoi faudrait-il encore lire L’Éthique aujourd’hui ? Que change L’Ethique pour nous, ici et maintenant ? Spinoza, comme d’autres auteurs du XVIIe siècle, est devenu un totem…
Pourquoi faudrait-il encore lire L’Éthique aujourd’hui ? Que change L’Ethique pour nous, ici et maintenant ? Spinoza, comme d’autres auteurs du XVIIe siècle, est devenu un totem. On le vénère, on l’enseigne, on le cite. Mais qui vit encore selon sa vision du monde ? Qui fait de la nécessité une source de joie ? Qui pense vraiment la politique en termes de puissance des affects, et non de morale ? Lire ou ne pas lire Spinoza est accessoire. L’enjeu n’est pas dans le texte, mais dans la pratique. Notre époque ne lit plus pour se transformer : elle consomme des fragments de sagesse. Elle plaque trop souvent des slogans philosophiques sur des vies qui ne comprennent pas. Pourtant, Spinoza est dans notre vie quotidienne. Sa manière de penser a profondément changé notre rapport à la liberté, à la nature, au bonheur et aux passions — même si on ne s’en rend pas toujours compte. Quelques exemples concrets : Spinoza explique que la liberté n’est pas l’absence de contraintes, mais la connaissance et l’acceptation de ce qui est. Beaucoup d’approches modernes de développement personnel, de méditation, ou même de psychologie positive reprennent cette idée sans toujours citer Spinoza. Spinoza nous invite à comprendre les causes de nos désirs, de nos peurs, de nos tristesses pour mieux les maîtriser. C’est un ancêtre direct de notre manière contemporaine d’analyser nos émotions ou nos rêves au lieu de les juger. Spinoza pense que “Dieu est la nature”, que tout est relié. Aujourd’hui, avec l’écologie, la pensée systémique, ou les sciences du vivant, on retrouve ce sentiment d’appartenir à un tout vivant et rationnel. Spinoza rejette la culpabilité religieuse traditionnelle puisque tout ce qui est, est nécessaire. Ce regard déculpabilisant influence aujourd’hui beaucoup notre rapport à la morale, au bien et au mal. Spinoza a été l’un des premiers à défendre une idée radicale pour son époque : la liberté de penser et d’exprimer ses idées doit être garantie dans une société. Cela reste la base de nos démocraties modernes. Sans le savoir, notre manière de penser nos émotions, notre rapport au monde, notre quête de liberté et même nos débats sur la politique ou l’écologie valident tous les jours le contenu de “L’Ethique”. Spinoza est aujourd’hui plus vivant dans nos vies que dans les marges de son livre.
FLIP. On peut entrevoir la pensée de Spinoza sans ouvrir L’Éthique. Sa lumière dépasse le texte. Spinoza nous apprend à voir le monde autrement: sans transcendance, sans culpabilité, sans libre arbitre illusoire…
FLIP. On peut entrevoir la pensée de Spinoza sans ouvrir L’Éthique. Sa lumière dépasse le texte. Spinoza nous apprend à voir le monde autrement : sans transcendance, sans culpabilité, sans libre arbitre illusoire. Cette révolution peut être sentie, vécue, sans jamais lire une seule proposition du livre géométrique. Car elle est lumineuse et vous remplit de sérénité. La pensée de Spinoza a infusé toute la modernité. On la retrouve dans l’éthique des affects, dans la neurobiologie contemporaine, dans l’écologie politique, dans la critique du capitalisme pulsionnel. Elle est présente dans des essais récents, dans des vidéos pédagogiques, dans des romans même. L’essentiel y est souvent exprimé : le monde est nécessaire, Dieu est la nature, la liberté est connaissance, et la joie est force. Ce qui est difficile dans L’Éthique, c’est moins la pensée que la forme. Le système géométrique bloque le lecteur. Mais Spinoza n’écrit pas pour impressionner. Il écrit pour délivrer de la servitude. Pour certains, le détour par des médiateurs est plus utile que l’attaque frontale. Lire Comte-Sponville, Lenoir, Misrahi, Maxime Rovere, écouter France Culture ou suivre une série YouTube, ce n’est pas trahir l’auteur : c’est le rendre vivant. Il vaut mieux découvrir Spinoza au travers de chemins indirects que se perdre dans le formalisme et en sortir vide. L’Éthique est une cathédrale : on peut la contempler, l’habiter, la visiter, percevoir sa beauté sans connaître ses plans ou sa logique. Pour ceux que la philosophie effraie, c’est même la meilleure façon de la découvrir. Chez Spinoza, la joie active peut commencer par une phrase ciselée, une définition qui interpelle, une intuition juste. Découvrir Spinoza avant de lire “L’Éthique” est une excellente façon de l’honorer.
FLAP. Saisir la pensée de Spinoza sans lire L’Éthique est illusoire. Ce texte est bien plus qu’un livre : c’est une machine conceptuelle. Un édifice cohérent, articulé, construit comme une démonstration. ..
FLAP Saisir la pensée de Spinoza sans lire L’Éthique est illusoire. Ce texte est bien plus qu’un livre : c’est une machine conceptuelle. Un édifice cohérent, articulé, construit comme une démonstration. Y entrer, ce n’est pas le survoler, c’est s’y plier.

Chez Spinoza, la forme et le fond sont indissociables. La démonstration géométrique n’est pas décorative, elle est essentielle. Elle dit quelque chose de la rigueur de sa pensée, de sa non-négociabilité. Elle incarne le refus des compromis, des facilités, des intuitions mal digérées. Elle oblige le lecteur à suivre un chemin, à se confronter à ses préjugés, à renoncer à la lecture passive.

Tout ce qui fait l’originalité de Spinoza – sa conception de Dieu, sa critique du libre arbitre, sa logique des affects, sa politique de la multitude – n’a de sens qu’à travers le fil tendu de “L’Éthique”. Extraire des citations, lire des vulgarisations, regarder des vidéos, c’est comme écouter de la musique sans comprendre la partition. On saisit le son, mais pas la structure.

La force de Spinoza, c’est d’imposer une refonte intégrale de notre rapport au réel. Cela exige un effort, une ascèse, une conversion. Ceux qui prétendent “vivre Spinoza” sans l’avoir lu font semblant.

L’Éthique est difficile… mais pas impossible. Sa rigueur est exigeante, mais sa langue est sobre. Lire une proposition par jour, avec un bon guide, est un exercice transformateur.

On ne peut pas comprendre une telle pensée sans consentir à son épreuve. Spinoza, c’est l’antidote à la pensée rapide. Et à ce titre, il ne se mérite pas autrement que dans le face-à-face avec son livre.

« Il croyait en Dieu sans lui parler. On s’est compris. » Voltaire

BILLET. La philosophie de Baruch Spinoza (1632-1677) est une tentative audacieuse et radicale de comprendre la réalité dans son unité. Au cœur de sa pensée se trouve la notion de Substance …
La philosophie de Baruch Spinoza (1632-1677) est une tentative audacieuse et radicale de comprendre la réalité dans son unité. Au cœur de sa pensée se trouve la notion de Substance unique, qu’il identifie à Dieu ou à la Nature (« Deus sive Natura »). Cette substance est infinie, éternelle et possède une infinité d’attributs, dont nous ne connaissons que deux : la Pensée et l’Étendue. Pour Spinoza, l’homme n’est pas une substance distincte, mais un mode, une combinaison des attributs de la Substance. Nos pensées et nos corps sont ainsi des expressions particulières de la Pensée et de l’Étendue divines. Cette vision moniste implique un déterminisme strict : tout ce qui arrive découle nécessairement de la nature de la Substance et des lois qui la régissent. L’éthique de Spinoza vise à atteindre la béatitude, une joie suprême qui naît de la compréhension intellectuelle de cette nécessité et de notre place au sein de l’ordre naturel. Il prône la maîtrise des passions par la raison, la connaissance de soi et du monde, et le développement de l’amour intellectuel envers Dieu, c’est-à-dire envers la totalité de la réalité. Sa pensée offre une perspective puissante sur l’unité de l’être et la voie vers une existence épanouie par la connaissance. Spinoza est l’un des penseurs les plus exigeants de l’histoire. C’est à nous d’inventer des passerelles vers sa radicalité pour que sa pensée vive, circule, transforme. Multiplier les formes d’initiation. Pas des résumés creux ni des citations sommaires mais de vraies médiations. Une série YouTube rigoureuse, des BD documentées, des modules pédagogiques interactifs, des podcasts bien structurés, des lectures scéniques… Il ne s’agit pas d’adapter Spinoza à la paresse contemporaine, mais de forger des outils pour franchir le seuil. Comme on apprend à entendre une fugue de Bach avant de la lire, on peut apprendre à sentir la beauté d’un raisonnement spinoziste avant d’en suivre la démonstration. Instituer une lecture collective et accompagnée de L’Éthique, à travers des ateliers dans les bibliothèques, les lycées, les maisons de la philo. Un cercle de lecture de dix personnes, un guide par séance, une proposition par jour. Ce n’est ni élitiste, ni ésotérique. C’est une manière de refaire de la philosophie un exercice partagé, lent, transformateur. Ce que Spinoza propose ne peut pas s’absorber seul, d’un bloc. Mais ensemble, avec rigueur et patience, on peut accéder à sa puissance. Relier Spinoza aux pratiques contemporaines. Il est un formidable levier pour penser l’écologie profonde, l’intelligence émotionnelle, l’analyse du pouvoir, la critique du moralisme. Ses concepts – conatus, affects, servitude volontaire, joie active – sont des outils pour agir. Il faut les faire résonner dans les débats publics, les formations politiques, les pratiques thérapeutiques.. Introduire Spinoza à l’école, non pas comme un nom de plus dans la liste de livres à lire, mais comme un fil rouge pour interroger la liberté, le désir, la vérité, la puissance. Il peut être lu dès la seconde, en extraits choisis, mais surtout en contextes. C’est un antidote aux illusions qui ne demande pas des croyants, juste des lecteurs honnêtes. Changer notre rapport au “texte difficile”. Certaines œuvres demandent du temps, du silence, de l’effort. C’est une chance. Dans un monde où tout est conçu pour flatter l’attention superficielle, “L’Éthique” est une école de l’endurance intellectuelle. Elle nous apprend à ne pas nous précipiter. À ne pas tout attendre tout de suite. Une vraie idée, ça se conquiert. “L’Éthique” promet une joie qui ne dépend plus de l’instant, de l’opinion, de l’émotion… mais d’une compréhension active du monde. Cette compréhension commence par un effort de lecture.

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