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28 MAI 2025

PLAN DE RELANCE EUROPÉEN : QU’A FAIT LA FRANCE DES MILLIARDS DE BRUXELLES ? A QUEL COÛT ?

En mai 2020, en pleine crise du COVID-19, Emmanuel Macron et Angela Merkel proposent un plan de relance de 500 milliards d’euros financé pour la première fois par une dette commune européenne….

En mai 2020, en pleine crise du COVID-19, Emmanuel Macron et Angela Merkel proposent un plan de relance de 500 milliards d’euros financé pour la première fois par une dette commune européenne.

Adopté sous le nom « NextGenerationEU », ce plan est élargi à 750 milliards d’euros. La France se voit attribuer 40,3 milliards de subventions pour son propre plan « France Relance », censé verdir l’économie, moderniser le pays et favoriser la cohésion sociale.

Rénovation thermique, digitalisation de l’administration, transition hydrogène, soutien aux jeunes : l’ambition est immensike. Mais cinq ans plus tard, que reste-t-il de cette relance ? Les fonds ont-ils été utilisés efficacement ? Ont-ils vraiment changé la donne ? À l’heure où l’Europe évoque de nouveaux plans massifs pour l’industrie et la défense, un bilan s’impose.

FAITS & CHIFFRES • La France a reçu 40,3 milliards d’euros de subventions de l’Union européenne via le plan NextGenerationEU, sans recourir aux prêts…
• Ces fonds financent 40 % du plan « France Relance », doté de 100 milliards d’euros…

• La France a reçu 40,3 milliards d’euros de subventions de l’Union européenne via le plan NextGenerationEU, sans recourir aux prêts. (Commission européenne – Plan de relance européen)


• Ces fonds financent 40 % du plan « France Relance », doté de 100 milliards d’euros. (Ministère de l’Économie – PNRR français)


• Le plan français comprend 73 investissements et 24 réformes validés par la Commission européenne. (Toute l’Europe – Plan de relance)


• 46 % des fonds sont alloués à la transition écologique, soit environ 18,6 milliards d’euros (rénovation, transports propres, hydrogène). (France Relance – Synthèse France Stratégie)


• 21 % sont dédiés à la transition numérique : cloud souverain, services publics, formation. (Gouvernement.fr – France Relance)


• Le reste soutient la cohésion sociale : insertion des jeunes, hôpitaux, territoires. (Commission européenne – NextGenerationEU)


• Un troisième versement de 7,5 milliards d’euros a été validé en juin 2023 après l’atteinte de 38 objectifs sur 50. (Commission européenne – Paiement juin 2023)


• Fin 2023, 93 % des crédits étaient engagés et 73 % déjà dépensés. (Sénat – Rapport n°234, 2024)


• Les réformes incluent la loi Climat et Résilience, la loi ASAP, et des mesures en logement, éducation et santé. (Cour des comptes européenne, 2024)


• Le programme s’achève en 2026. Un nouveau plan européen pour la défense est à l’étude. (Le Monde, 15 nov. 2024)

FLOP. L’Allemagne, pilier économique de l’Union européenne avec une dette actuellement à 62,4% de son PIB, envisage d’emprunter entre 500…

L’Allemagne, pilier économique de l’Union européenne avec une dette actuellement à 62,4% de son PIB, envisage d’emprunter entre 500 et 1000 milliards d’euros supplémentaires, ce qui pourrait faire grimper son ratio dette/PIB jusqu’à 85,8%. Si ce seuil critique est dépassé, l’Allemagne risque de perdre sa notation AAA, entraînant une dégradation similaire pour les institutions européennes qu’elle garantit implicitement. Cette situation menace la stabilité de toute l’architecture financière européenne puisque l’Allemagne est le principal garant des 1500 milliards d’euros de dettes des institutions supranationales de l’UE, des 800 milliards d’euros de pertes potentielles des programmes de la BCE, ainsi que du soutien éventuel aux autres États membres endettés.

Dans ce contexte, la France se trouve dans une position particulièrement vulnérable. Concernant le plan de relance européen NextGenerationEU de 750 milliards d’euros (comprenant 390 milliards d’euros de subventions), la France a reçu environ 40 milliards d’euros de subventions, soit 10,3% du total disponible. Cependant, la France contribue au budget européen à hauteur de 17-18%, créant ainsi un déséquilibre significatif. En effet, pour les 40 milliards d’euros de subventions reçues, la France devra contribuer au remboursement à hauteur d’environ 66-70 milliards d’euros sur la période s’étendant jusqu’en 2058, résultant en un déficit net de 26-30 milliards d’euros.

Cette situation illustre le principe de solidarité européenne où les économies plus fortes soutiennent financièrement les pays plus fragiles. Toutefois, elle soulève également des questions sur la soutenabilité du modèle économique européen, particulièrement si l’Allemagne ne peut plus jouer son rôle de garant ultime.

Pour la France, qui s’est appuyée sur les mécanismes d’emprunt européens pour contourner ses propres contraintes d’endettement, une fragilisation de ce système pourrait avoir des conséquences graves, notamment une hausse des taux d’intérêt et une vulnérabilité accrue aux crises financières.

Bien que la France bénéficie immédiatement des subventions et ne remboursera sa part que progressivement jusqu’en 2058, le déséquilibre entre sa contribution et ce qu’elle reçoit reflète les tensions inhérentes au système de financement européen, un système dont la stabilité dépend largement de la capacité d’endettement de l’Allemagne, désormais menacée.

Les défenseurs du plan argumentent qu’en relançant l’économie européenne, la France stimule ses débouchés commerciaux. Mais cette opération révèle surtout une vérité dérangeante: notre incapacité à nous réformer par nous-mêmes. Il a fallu un cadre européen, des objectifs imposés et une validation bruxelloise pour accomplir ce que toute nation souveraine devrait savoir faire seule: moderniser ses écoles, rénover ses infrastructures, former sa jeunesse. Pour un pays qui revendique son statut de puissance, quel aveu d’impuissance!

Le plus révélateur n’est pas ce que ce plan a permis, mais ce qu’il dit de nous: nos instruments budgétaires sont trop politisés, nos décisions trop court-termistes, nos arbitrages trop verrouillés pour qu’émerge une stratégie nationale cohérente et indépendante.

Certes, l’argent a été dépensé et des projets lancés. Mais où est le cap stratégique? Quelle vision de long terme? Quelle ambition nationale? Des lignes budgétaires ont été remplies, pas un projet de société défini.

Une véritable relance aurait redéfini le rôle de l’État, revalorisé le travail, réarmé l’industrie, transformé l’école, l’université et l’hôpital. Au lieu de cela, nous avons assisté à un saupoudrage, un rattrapage, un soulagement sans transformation profonde.

En réalité, ce plan n’a fait que masquer temporairement notre panne d’idées et notre incapacité à définir un horizon mobilisateur. Pire encore, il a normalisé une dépendance nouvelle: celle à l’Europe comme moteur principal de nos réformes.

Désormais, tout semble accepté sans débat: que nos lois soient validées à Bruxelles, nos budgets conditionnés, nos investissements soumis à évaluation externe. Faudra-t-il demain systématiquement passer par un plan validé par la Commission pour rénover notre université ou financer notre transition énergétique?

L’enjeu dépasse largement le cadre budgétaire. Il est fondamentalement politique. La France n’a pas saisi l’opportunité de faire de ce plan un moment de refondation nationale. Elle s’est contentée d’être l’élève modèle, appliquant docilement un programme préétabli. Ce faisant, elle a sacrifié bien plus que des ressources financières: elle a abdiqué une part de sa souveraineté.

FLIP. Loin des polémiques et des effets d’annonce, le plan de relance européen s’est révélé un levier discret mais efficace pour la France…
Loin des polémiques et des effets d’annonce, le plan de relance européen s’est révélé un levier discret mais efficace pour la France. Face au choc du COVID-19, cette coordination inédite a injecté 40 milliards d’euros dans notre économie – exclusivement en subventions, sans augmenter la dette publique – vers des priorités ciblées et mesurables.

Sa véritable force? Une logique d’investissement structurant. Contrairement aux plans conjoncturels traditionnels, ces fonds ont ciblé les transformations de long terme. Près de la moitié (46%) ont financé la transition écologique: rénovation thermique des bâtiments publics, électrification des transports, développement ferroviaire, filière hydrogène. Sans cette manne européenne, ces investissements auraient été reportés ou abandonnés sous la pression budgétaire.

Prenons l’exemple concret de la rénovation énergétique des écoles, hôpitaux et mairies: des milliers de bâtiments modernisés génèrent désormais des économies d’énergie durables tout en réduisant l’empreinte carbone. De même pour le ferroviaire: lignes capillaires, plateformes de fret et ateliers de maintenance ont bénéficié d’investissements habituellement sacrifiés.

La modernisation numérique constitue l’autre axe majeur, avec 21% des fonds dédiés. Infrastructures cloud souveraines, systèmes hospitaliers modernisés, formations numériques pour jeunes et salariés en reconversion – autant d’actions renforçant notre résilience économique future.

L’efficacité du plan saute aux yeux: fin 2023, 93% des crédits étaient engagés et 73% déjà dépensés. Ce taux exceptionnel témoigne d’un pilotage rigoureux, renforcé par un paiement conditionné à l’atteinte d’objectifs précis.

Certains critiqueront le manque de visibilité auprès du grand public. Mais l’objectif n’était pas de financer des mesures spectaculaires à court terme, plutôt de renforcer nos fondations collectives.

Plus largement, ce plan marque un tournant politique pour l’Union. Pour la première fois, l’Europe a émis une dette commune d’envergure au service de projets nationaux, validés par les institutions communautaires. Pour la France, qui défend depuis longtemps une Europe plus solidaire, c’est une victoire stratégique ouvrant la voie à de futurs financements communs pour l’industrie verte, la défense ou la recherche.

La France a su éviter l’écueil du saupoudrage en définissant des priorités claires, soutenues par des réformes structurantes comme la loi Climat et Résilience. Des acteurs de terrain – préfets, maires, universités, hôpitaux – ont été mobilisés, loin des réflexes centralisateurs stériles.

Ce plan a ainsi renforcé notre résilience sans alourdir la dette nationale, financé des projets utiles et durables, tout en concrétisant l’idée d’une solidarité européenne tangible.
FLAP. Rappelons-nous la grandiloquence des promesses. En mai 2020, Emmanuel Macron annonçait aux côtés d’Angela Merkel une « réponse historique »…

Rappelons-nous la grandiloquence des promesses. En mai 2020, Emmanuel Macron annonçait aux côtés d’Angela Merkel une « réponse historique » à la crise Covid: un plan européen de 500 milliards financé par une dette commune. Sur TF1, il vantait « une capacité d’emprunt commune pour soutenir les secteurs touchés, investir dans les transitions écologique et numérique, renforcer notre souveraineté économique. » En octobre, il promettait « un plan d’investissement massif pour notre économie, notre jeunesse, notre avenir. »

La réalité? NextGenerationEU s’avère un exercice technocratique imposant plutôt qu’une véritable relance transformatrice. Derrière les 40 milliards alloués à la France se cache un mécanisme lent, opaque et peu impactant. Cinq ans après son lancement, le citoyen moyen est incapable d’identifier ce que ce plan a changé dans sa vie quotidienne.

L’illisibilité saute aux yeux: une myriade de projets, un empilement de guichets, des fléchages administratifs complexes… Où sont réellement passés ces milliards? Certes, ils ont financé des rénovations thermiques de bâtiments publics et de la modernisation administrative. Mais fallait-il dépendre de Bruxelles pour cela? Était-ce vraiment la priorité post-Covid: rénover des sous-préfectures ou acheter des logiciels pour les ARS?

Trop peu, trop tard: le premier versement n’est arrivé qu’en 2021, le troisième en 2023. Pendant ce temps, l’économie française peinait à rebondir, l’inflation flambait, les faillites se multipliaient. Ce n’était pas une réponse rapide mais une manœuvre lente, étalée, conditionnée. Une « relance par tranches », soumise à validation pour chaque euro débloqué. Quand l’urgence exigeait célérité, nous avons eu procédures; quand elle réclamait efficacité, nous avons eu ingénierie institutionnelle.

Plus inquiétant: pour la première fois, la France a accepté que ses réformes nationales soient intégrées dans un mécanisme européen soumis à validation externe. Chaque versement dépend d’objectifs fixés dans un plan approuvé par la Commission. L’État français est désormais audité, mesuré, évalué par Bruxelles – non plus seulement sur ses finances, mais sur l’exécution même de ses politiques intérieures.

On peut y voir une efficacité renforcée ou une tutelle douce, une européanisation silencieuse de nos choix politiques sans véritable débat démocratique. Qui, au Parlement, a validé les 73 investissements et 24 réformes contenus dans ce plan? Qui a débattu des objectifs chiffrés conditionnant les financements? Personne. Le gouvernement a négocié, validé, exécuté. L’Assemblée et le débat public sont restés spectateurs.

En échange de subventions, la France s’est pliée à un cahier des charges technocratique rappelant les plans d’ajustement d’antan, simplement habillés d’un vocabulaire vert et numérique. Résultat: une relance sans âme, sans récit mobilisateur, sans appropriation citoyenne. Un plan techniquement fonctionnel mais qui n’a ni convaincu ni inspiré. La plupart des maires, entrepreneurs et citoyens ignorent même que leurs projets locaux ont été financés par l’Europe.

Cette relance n’a pas été à la hauteur des défis. Elle n’a ni réindustrialisé la France, ni revalorisé le travail, ni posé les bases d’un nouveau contrat social. Elle a permis quelques améliorations utiles mais n’a pas transformé fondamentalement notre trajectoire. Elle a donné l’illusion d’un volontarisme là où il fallait une vision audacieuse.

NextGenerationEU révèle un État qui n’agit plus qu’encadré, qui investit sur validation externe, qui réforme sous supervision. Un symptôme de notre perte d’autonomie stratégique

« Le vrai drame, ce n’est pas qu’on ait besoin de l’Europe. C’est qu’on ne sache plus faire sans. » Charles de Gaulle

BILLET. Transformer véritablement la France exige bien plus que guetter les appels à projets européens. Il est urgent de repolitiser l’investissement public…
Transformer véritablement la France exige bien plus que guetter les appels à projets européens. Il est urgent de repolitiser l’investissement public. Le plan de relance européen a révélé une politique d’investissement désincarnée: pilotée hors du débat démocratique, exécutée par des technostructures, validée à Bruxelles, traduite en tableurs, et rarement confrontée à la délibération citoyenne. Certains analystes y voient même un mécanisme permettant à la France de contourner à la fois sa contrainte d’endettement et ses procédures démocratiques. En recourant à l’emprunt mutualisé européen, notre pays aurait trouvé une voie détournée pour financer des projets sans alourdir immédiatement sa dette officielle, même si le coût final s’avère supérieur sur le long terme. Cette approche aurait également permis d’éviter le passage obligé par le Parlement pour l’autorisation et le contrôle de ces dépenses. Cette méthode soulève d’importantes questions de gouvernance. Le plan et ses conditionnalités ont été négociés principalement entre l’exécutif et la Commission européenne, marginalisant les représentants élus de la nation. Les députés n’ont pas eu à débattre des priorités d’investissement ni des réformes associées. Un tel contournement des institutions représentatives interroge, quels que soient les bénéfices matériels obtenus. Plus fondamentalement, ce mécanisme pourrait signaler un transfert progressif de souveraineté jamais explicitement débattu. En acceptant que des choix traditionnellement nationaux soient désormais validés par des instances communautaires, la France s’inscrirait dans une intégration rampante, sans mandat démocratique clair pour cette évolution majeure. Certains y décèlent même une stratégie délibérée pour éviter d’affronter les réformes structurelles nécessaires. Repolitiser l’investissement, c’est replacer les grandes orientations budgétaires au cœur du débat public plutôt que les soumettre aux opportunités externes. La rénovation des écoles, la relance ferroviaire, le soutien à la recherche ou la formation aux métiers d’avenir ne devraient jamais dépendre de la validation bruxelloise. Ces choix doivent constituer la colonne vertébrale d’un projet national débattu, voté et contrôlé démocratiquement. Cette transformation exige d’abord de rompre avec le court-termisme budgétaire. Instaurons une programmation pluriannuelle d’investissement votée par le Parlement et sanctuarisée par la loi. Associons-la à des conventions démocratiques régionales et des consultations citoyennes pour rendre les priorités visibles et partagées. L’investissement public n’est pas une simple technique comptable mais un acte politique qui engage l’avenir collectif. Retrouvons une culture du « pourquoi » plutôt que du « combien ». Trop souvent, la mécanique administrative des financements – appels à projets, fonds fléchés, indicateurs – étouffe la question du sens. Un budget traduit des choix de société qui doivent être explicités, débattus et portés publiquement. Sans cette dimension, même les projets utiles ne suscitent aucune adhésion. Enfin, réformons la gouvernance de l’investissement public. Renforçons les prérogatives parlementaires pour garantir transparence, évaluation rigoureuse, continuité stratégique et lisibilité des choix. Une politique qui fluctue à chaque remaniement ou alternance n’est pas une stratégie mais une navigation à vue. L’État français n’a pas besoin de moyens supplémentaires pour investir. Il a besoin de courage politique, de rigueur méthodologique et de démocratie. Il s’agit d’éviter cette trajectoire inquiétante d’une dépendance croissante aux décisions prises ailleurs, une perte graduelle d’autonomie stratégique sous couvert d’efficacité technique. Sans débat approfondi sur ces enjeux cruciaux de souveraineté et de démocratie, le plan de relance risque de constituer un précédent lourd de conséquences pour notre modèle républicain. C’est à ce prix que l’investissement redeviendra un levier de transformation plutôt qu’un simple instrument technique ou un mécanisme de contournement démocratique.

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