LA RUPTURE DE L’IA

Nous sommes à l’ère généralisée des IA génératives… Une réalité que beaucoup pratiquent mais peu revendiquent.

Les journalistes l’utilisent pour leurs textes. Les étudiants pour leurs travaux. Les juristes pour leurs documents. Les cadres pour gagner du temps. Les managers pour leurs analyses…

Pourtant, beaucoup conservent cette pratique comme une confidence, presque avec gêne. Comme si reconnaître l’utilité de cet outil remettait en question sa valeur personnelle. Cette discrétion collective ne change rien au fait: la révolution est déjà en marche.

L’intelligence artificielle génère une valeur ajoutée telle qu’il apparaît difficile d’en ralentir ou d’en encadrer l’évolution par des moyens conventionnels.

Penser qu’une régulation traditionnelle puisse modérer ce phénomène serait naïf. L’IA est un tsunami. Les premiers chercheront à en tirer avantage, les autres seront obligés de suivre.

Le défi n’est pas technologique. Il est sociétal, démocratique et psychologique. L’IA évolue de façon exponentielle, alors que nos institutions, nos lois et nos mécanismes d’adaptation sont conçus pour gérer des transformations plus graduelles et attendues.

L’IA ne remplace pas tout. Elle ne se substitue pas au travail manuel. Elle ne replace pas l’essence humaine. Elle fragilise le cœur même de notre organisation sociale.

L’IA réinvente les fonctions intermédiaires : synthèse, analyse, rédaction, interprétation, ces activités traditionnellement exercées par les classes moyennes diplômées : assistants, avocats, assureurs, banquiers, journalistes, juristes, consultants, enseignants..

L’IA s’approprie des compétences symboliques : lire, écrire, expliquer, corriger, étudier, apprendre, retenir…que les classes moyennes considéraient comme nécessaires pour progresser. Elle ébranle les fondements de notre système méritocratique basé sur l’éducation et la compétence, ébranle le contrat social sur lequel reposent nos démocraties.

Cette évolution risque de créer une société divisée : d’un côté, une élite parfaitement équipée, capable d’intégrer et de piloter l’IA dans ses fonctions; de l’autre, un groupe important de personnes marginalisées, exclues de la création de valeur et du débat public. Entre les deux, un vide politique, culturel et économique préoccupant.

Pourtant, les classes moyennes constituent le pilier invisible de nos sociétés, garantissent l’équilibre fiscal, la confiance institutionnelle, la stabilité éducative, sanitaire et judiciaire. Sans elles, l’équilibre devient précaire.

L’IA peut devenir un défi existentiel pour nos démocraties modernes, non seulement en déplaçant des centaines de milliers d’emplois mais en transformant profondément l’architecture sociale.

Les GAFAM, et la nouvelle administration américaine dont elles sont si proches, auraient-elles anticipé ces transformations ? Quête de ressources stratégiques, protectionnisme accéléré pour stimuler une réindustrialisation massive et urgente pour se préparer à un monde dont l’IA modifie les structures, un monde où les États doivent garantir ressources, industrie et indépendance stratégique pour préserver la cohésion sociale ?

Pendant ce temps, l’Europe semble privilégier les cadres normatifs et la régulation sans réaliser combien ses fondations sociales allaient vaciller… Dans tous les cas, soyons vigilants et préparons nous au tsunami !

A sa manière, WOW ! tente de faire sa part en illustrant le potentiel et les limites de l’IA. Bonne découverte !

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