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23 MAI 2025
ET SI TRUMP AVAIT RAISON… SANS LE SAVOIR ?
Le retour à la relocalisation, aux barrières douanières et à la réindustrialisation locale pourrait constituer une protection efficace face à la menace chinoise, particulièrement brutale dans certains domaines stratégiques comme les voitures électriques ou les énergies renouvelables, et face aux déstabilisations profondes que va provoquer l’IA sur la cohésion sociale.
Donald Trump semble agir sans stratégie aboutie ou explicite. Son intuition et son pragmatisme pourraient cependant s’avérer judicieux face à une économie mondiale sous pression, qui entre dans une ère de finitude et de concurrence exacerbée pour des ressources de plus en plus rares.
En relançant la souveraineté économique américaine, Donald Trump est-il en train d’anticiper ces bouleversements ?
Ce n’est pas parce qu’un homme tape au hasard qu’il vise juste. Et ce n’est pas parce qu’il heurte certaines vérités en passant qu’il faut lui accorder plus de clairvoyance qu’il n’en a.
Donald Trump ne met pas en lumière les contradictions de la mondialisation : il les instrumentalise, sans jamais proposer de cap cohérent. Et c’est justement cela qui est dangereux.
Un chaos politique peut parfois déboucher sur un ordre nouveau. Celui de Trump fabrique seulement plus de chaos.
Ses partisans aiment à dire qu’il “voit quelque chose” que les autres refusent de voir. Qu’il “dit tout haut” ce que d’autres n’osent même pas penser. Mais penser quoi, exactement ?
Qu’il faudrait réindustrialiser ? Très bien. Mais comment le faire avec une guerre tarifaire tous azimuts qui augmente les prix, affole les chaînes d’approvisionnement et nuit à ses propres PME ?
Que les institutions multilatérales sont à bout de souffle ? C’est vrai. Mais alors pourquoi ne pas les réformer au lieu de les mépriser ouvertement ?
Qu’il faut défendre les classes moyennes ? Certainement. Mais alors pourquoi ses baisses d’impôts profitent-elles en priorité aux 1 % les plus riches ?
Trump ne révèle pas les dysfonctionnements du système. Il les exploite pour son seul profit politique.
Ses tarifs douaniers sont l’illustration parfaite du malentendu. Brandis comme des armes de guerre économique, ils sont censés relocaliser la production, protéger les emplois, restaurer la grandeur.
Dans les faits, ils renchérissent les biens importés, ralentissent les investissements et finissent par peser sur le pouvoir d’achat des ménages. Les pertes nettes pour l’économie américaine sont massives : -6 % de PIB à long terme, -5 % de salaires, jusqu’à 22 000 $ de manque à gagner par foyer.
L’emploi industriel n’a pas redémarré. La balance commerciale, elle non plus, ne s’est pas redressée. Le remède tue le patient sans guérir la maladie.
Ce qu’on prend pour une stratégie est une succession de coups de menton sans vision d’ensemble. Trump sanctionne la Chine, menace l’Europe, étrangle les voisins d’Amérique latine, attaque les alliés comme s’ils étaient des adversaires.
Pour quelle construction de long terme ? Aucune. Juste des rapports de force bilatéraux, souvent improvisés, toujours brutaux, rarement durables. Il ne renégocie pas les règles du jeu : il change la table en plein milieu de la partie, convaincu que le bluff suffit pour obtenir des avancées.
Même sur le plan politique, Trump signe une désaffiliation croissante, un épuisement des contre-pouvoirs, un désespoir électoral, une impasse démocratique. Au lieu d’incarner la voix du peuple, il en capte les crispations, les détourne, les amplifie pour régner.
On peut critiquer la mondialisation sans tomber dans le trumpisme. On peut dénoncer les impasses de l’OMC, les délocalisations aveugles, l’illusion d’un libre-échange infini, sans pour autant justifier la brutalité cynique d’un homme qui, au fond, ne croit ni en la coopération, ni en la loi, ni même en la vérité.
Trump ne dérange pas parce qu’il pense loin. Il dérange parce qu’il ne pense pas. Il réagit, attaque, menace, insulte. Il construit sur du sable, détruit ce qui tient encore debout, et revendique l’effondrement comme une preuve de son bon sens.
Le 21e siècle a besoin d’un cap. Pas d’un promoteur en roue libre, mais d’un capitaine lucide. La mondialisation a peut-être déraillé mais Trump n’est pas la solution, tout juste le symptôme. Ou est la refondation ?

« Il ne connaît ni la géographie, ni l’histoire, mais il agit comme s’il les avait inventées. Est-ce suffisant pour redessiner les cartes ?» Napoléon Bonaparte
BILLET
Et si on s’était trompés sur Trump ? Et si son obsession pour les usines, les droits de douane, les deals bilatéraux, n’était pas qu’un réflexe nostalgique ou populiste ? Et si c’était, au contraire, une anticipation maladroite mais lucide du monde qui vient ?
Le XXe siècle a été façonné par l’industrie. Le XXIe a été proclamé numérique, globalisé, post-matériel. Mais dans ce décor de data et de plateformes, une ombre immense s’approche : l’IA générative. Et avec elle, une lame de fond. Pas une innovation comme les autres. Une onde de choc. L’automatisation des tâches cognitives, l’écrasement de la valeur humaine dans des pans entiers de l’économie, une déflagration sociale aussi violente que celle provoquée par la machine-outil ou l’ordinateur personnel. Des millions d’emplois vont disparaître. Pas en 2050. Demain.
Trump ne l’a jamais formulé ainsi. Il ne cite ni ChatGPT, ni OpenAI, ni les rapports de McKinsey. Mais peut-être l’a-t-il senti. Ou peut-être que ceux qui le conseillent le savent très bien. Quand la high-tech vous dit que l’IA est l’avenir, vous avez deux options : spéculer dessus… ou protéger votre base sociale avant l’impact.
Et pour protéger cette base, que faut-il ? Du travail. Du concret. De l’ancrage. L’économie virtuelle ne nourrit pas une démocratie. Elle enrichit quelques plateformes. Alors Trump rouvre des aciéries, pousse les constructeurs à rapatrier la production, tape sur la Chine, exige des usines sur le sol américain. C’est un acteur politique qui prépare une société post-IA, où il faudra que les gens aient encore quelque chose à faire, quelque chose à produire, quelque chose à défendre.
Pour cela, il faut du sol. Des ressources. Des matières premières. D’où son obsession pour l’autonomie énergétique, le protectionnisme, le contrôle des approvisionnements. D’où ses provocations géographiques : Groenland, Canada, pétrole, mines, pipelines, matières en Ukraine… C’est une lecture brutale d’un monde qui se réarme sur le plan industriel, où les chaînes de valeur se resserrent, où l’autosuffisance redevient une condition de la souveraineté.
Trump voit le libre-échange ralentir. Il accélère la transition. Il détruit les règles du jeu parce qu’il parie que ce jeu est déjà terminé. Il sait – ou pressent – que le monde va redevenir un archipel de blocs, chacun devant assurer sa résilience. Et il veut que son pays soit prêt.
Trump incarne une stratégie de survie dans un monde de finitude : face à l’intelligence artificielle, à la raréfaction des ressources, à l’épuisement du récit globalisé, il reconstruit des murs, des outils, des circuits courts. Il rouvre des usines comme on creuse des abris.
A force de construire, Trump le promoteur, veut consolider sa citadelle, Fortress USA face au chaos du XXIème siècle. Ne devrions nous pas faire pareil ?
Sujet de la veille
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