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2 JUIN 2025

QUELLE EUROPE DANS UNE ÉCONOMIE MONDIALE POST LIBRE-ÉCHANGE ?

Le coût du transport – maritime notamment – a explosé ces dernières années, réduisant l’intérêt économique de produire à l’autre bout du monde. Les écarts de salaires et de savoir-faire entre pays se sont resserrés : les avantages comparatifs justifiant la délocalisation se sont amenuisés. Les citoyens
Le coût du transport – maritime notamment – a explosé ces dernières années, réduisant l’intérêt économique de produire à l’autre bout du monde.

Les écarts de salaires et de savoir-faire entre pays se sont resserrés : les avantages comparatifs justifiant la délocalisation se sont amenuisés.

Les citoyens exigent plus de souveraineté économique et industrielle, réclamant des relocalisations, des circuits courts et un contrôle accru sur les chaînes d’approvisionnement.

La mondialisation s’essouffle.

Vers un nouveau modèle plus régional, plus politique, plus dur ?
FAITS & CHIFFRES • Stagnation des échanges mondiaux depuis 2012. Depuis la crise de 2008, la croissance des échanges mondiaux est inférieure à celle du PIB, marquant
FAITS & CHIFFRES

• Stagnation des échanges mondiaux depuis 2012. Depuis la crise de 2008, la croissance des échanges mondiaux est inférieure à celle du PIB, marquant une rupture avec la dynamique précédente (CEPII – « La fin du libre-échange a-t-elle sonné ? », Blog du CEPII, 2023)

• Régionalisation des échanges. Les échanges intra-continentaux progressent plus rapidement que le commerce international, signalant une tendance vers la régionalisation (Les Français.press – « La fin du libre-échange a-t-elle sonné ? », 2023)

• La concurrence internationale, exacerbée par le libre-échange, a participé à la désindustrialisation de la France (CEPII – « La fin du libre-échange a-t-elle sonné ? », Blog du CEPII, 2023)

• Une majorité de Français exprime des réserves vis-à-vis du libre-échange, l’associant à des pertes d’emplois et à une érosion des normes sociales (CEPII – « La fin du libre-échange a-t-elle sonné ? », Blog du CEPII, 2023)

• Effondrement du commerce USA-Chine. L’OMC prévoit une baisse de 80 % du commerce de marchandises entre les États-Unis et la Chine d’ici fin 2025 (Axios – « Trade earthquake », avril 2025)

• Prévisions négatives sur le commerce mondial. L’OMC anticipe une contraction de 0,2 % du commerce mondial en 2025, pouvant aller jusqu’à -1,5 % en cas d’escalade protectionniste (AP News – « WTO says global trade could slide this year », avril 2025)

• Les restrictions américaines sur les exportations de puces vers la Chine ont fait chuter les actions Nvidia, avec une perte estimée de 5,5 milliards $ (The Guardian – « Trump curbs chip sales to China », avril 2025)

• Réduction de la pauvreté mondiale grâce au commerce. Depuis 1990, le commerce a contribué à faire passer le taux de pauvreté extrême de 38 % à 8,5 % en 2024 (Vox – « How commerce became our most powerful tool against global poverty », mars 2025)

• Appel à la coopération régionale des pays du Sud. Le président de la Banque mondiale appelle à réduire les tarifs et à renforcer les échanges régionaux (Reuters – « World Bank’s Banga urges developing nations to lower tariffs », avril 2025)
FLOP. Il est bien naïf de croire qu’il y aura un “après” libre-échange structuré, planifié, maîtrisé. Ce sera un désordre économique mondial…
FLOP. Il est bien naïf de croire qu’il y aura un “après” libre-échange structuré, planifié, maîtrisé. Ce sera un désordre économique mondial, sans règles communes, sans arbitres, sans droit international. Basé sur les seuls rapports de force.

Une économie de la fragmentation désordonnée, rythmée par des alliances temporaires, des embargos ciblés, des sanctions unilatérales et des revirements stratégiques permanents.

La mondialisation ne disparaît pas, elle se détraque. Les flux ne s’arrêtent pas, ils se déplacent. Le contournement devient la norme. Le commerce devient une arme, chaque contrat un champ de bataille. L’énergie, les données, les matières premières, les semi-conducteurs : tout devient géopolitique. Les entreprises n’exportent plus, elles naviguent entre sanctions, arbitrages, espionnage et lobbying.

Ce n’est ni le retour des nations, ni l’émergence de blocs stables. C’est l’ère de l’incertitude totale, où les États ne maîtrisent plus grand-chose, et où les grandes firmes technologiques imposent leur propre géo-économie. Les gouvernements suivent. La logistique devient asymétrique. Les chaînes de valeur se privatisent, les routes maritimes se contournent, les monnaies s’affrontent.

Dans ce contexte, la “fin” du libre-échange ne sera pas un retour à un monde plus simple, plus humain, plus vertueux. Ce sera un monde plus cynique, plus instable, plus opaque. Les normes communes volent en éclats. Les droits de douane ne sont que les symptômes d’un désordre plus profond : celui d’un capitalisme post-géographique, qui a cessé de croire aux règles communes.

Ce n’est pas la fin du commerce. C’est la fin du commerce comme cadre commun. Le temps est venu de l’éclatement brutal du monde économique en fragments mouvants.
FLIP. La fin du libre-échange est inéluctable et c’est une clarification. Pendant quarante ans, les flux commerciaux ont anesthésié les responsabilités…
FLIP. La fin du libre-échange est inéluctable et c’est une clarification. Pendant quarante ans, les flux commerciaux ont anesthésié les responsabilités. Les pays riches ont délocalisé leur industrie, exporté leur pollution, externalisé les salaires bas. Les pays pauvres ont bradé leur souveraineté pour quelques miettes de croissance.

Résultat : une dépendance généralisée, une fragilité logistique permanente et une illusion d’abondance qui ne reposait que sur du transport bon marché et de l’exploitation à distance.

Aujourd’hui, ce modèle craque de partout. Les coûts logistiques explosent, les routes maritimes sont sous tension permanente, les chaînes de valeur sont devenues des chaînes de vulnérabilité. Dans ce contexte, revenir à une économie plus courte, plus proche, plus robuste n’est pas un repli mais un progrès. Cela force les nations à repenser leurs priorités, à réindustrialiser, à créer des emplois locaux, à miser sur la formation, l’autonomie, la résilience.

L’hyper-mondialisation débridée ne reviendra pas, car elle ne correspond plus ni aux réalités physiques (rareté des ressources, urgence climatique), ni aux choix géopolitiques (retrait américain, montée en puissance de la Chine, nationalismes en Europe).

Mais cela ne signifie ni l’autarcie, ni le retour du bloc contre bloc. Cela signifie une autre forme de mondialisation : plus réaliste, plus éthique, à géométrie variable (plus régulée ou plus confrontationnelle selon les sujets), moins accès sur la consommation effrénée de produits à bas coûts…

Les grandes plateformes technologiques vont accélérer cette transition. L’intelligence artificielle permet une relocalisation intelligente, en automatisant ce qui ne pouvait être produit à bas coût qu’en Asie. La fabrication additive, l’optimisation logistique, l’analyse des flux, tout concourt à un retour du local avec les moyens du global.

Le libre-échange était synonyme de liberté. Il a servi ses intérêts et sorti de la pauvreté des centaines de millions de gens. Mais ses facteurs de création de richesses s’amenuisent. Et le prix du désastre écologique et social est devenu insupportable. Le monde post libre-échange sera un peu moins prospère, mais beaucoup moins absurde.

Selon les sujets et selon les géographies, il mélangera coopération et confrontation. Pour l’Europe, engluée dans son projet irréaliste de construction fédérale pour s’adapter au siècle dernier face à la Chine et aux Etats Unis, c’est une vraie remise en cause.
FLAP. L’abandon du libre-échange marque le début d’un déclin silencieux. Derrière les discours sur la “souveraineté” ou la “résilience” se cache une logique de repli, d’inefficacité…
FLAP. L’abandon du libre-échange marque le début d’un déclin silencieux. Derrière les discours sur la “souveraineté” ou la “résilience” se cache une logique de repli, d’inefficacité et de perte de compétitivité. Ce sont les économies ouvertes qui ont tiré la croissance mondiale, fait reculer la pauvreté et permis l’innovation par la diffusion rapide des technologies.

Rompre avec ce modèle, c’est rompre avec la seule dynamique économique qui ait réellement fonctionné à l’échelle planétaire, celle des échanges internationaux. Ce sont des amortisseurs. Ils permettent aux pays de spécialiser leur production, d’optimiser leurs ressources, de tirer profit de leurs avantages comparatifs. Sans libre-échange, les prix montent, les redondances se multiplient, les investissements productifs s’effondrent.

Ce retour à la fragmentation mondiale ne profite à personne. L’idée de blocs économiques fermés, en guerre tarifaire permanente, ne favorise ni la paix, ni la stabilité. Elle encourage la méfiance, la duplication coûteuse des moyens et des efforts, et freine la lutte collective contre les défis globaux comme le climat ou la santé.

Le protectionnisme est une fuite, jamais une solution. Eriger des barrières n’améliore pas la compétitivité. L’histoire a montré que le repli économique mène au nationalisme politique, à l’instabilité sociale, à la guerre. C’est une constante historique, pas une prophétie.

L’économie mondiale post-libre échange sera plus pauvre, plus conflictuelle, plus lente. Et ceux qui croient en tirer parti aujourd’hui finiront par en payer le prix demain. Le multilatéralisme économique est une force naturelle incontournable, comme la gravité.

Est il besoin de rappeler Milton Friedman “Le plus important avec un marché libre c’est que chaque échange profite, par définition, aux deux parties” ?

« Supprimez les frontières, on verra qui reste debout. » Frédéric Bastiat

BILLET. L’Europe face à la fin de la mondialisation : vers une économie de la sobriété, plutôt que le crépuscule d’un modèle obsolète. Depuis 2008, la mondialisation s’essouffle. Elle n’avance plus…
BILLET. L’Europe face à la fin de la mondialisation : vers une économie de la sobriété.

Le crépuscule d’un modèle. Depuis 2008, la mondialisation s’essouffle. Elle n’avance plus au rythme du PIB mondial, les chaînes de valeur se grippent, les flux se tendent. En France, les débats sur le libre-échange sont devenus existentiels : désindustrialisation, fractures territoriales, question de la souveraineté. Les certitudes d’hier s’effondrent.

Cette crise n’est pas conjoncturelle. Les tensions commerciales entre États-Unis et Chine figent des pans entiers du commerce mondial. L’OMC prévoit une contraction des échanges en 2025, tandis que monte l’idée d’un « découplage » entre grandes puissances. La géopolitique remplace l’économie comme principe organisateur des échanges internationaux.

La Chine, de son côté, avance à marche forcée. En 2024, son excédent commercial a dépassé les 10 % du PIB, dynamitant la concurrence européenne dans les secteurs industriels clés. Partout, la coopération devient plus difficile. Le Sud cherche à renforcer ses échanges régionaux, faute de pouvoir compter sur un multilatéralisme en ruine.

Depuis son retour, Donald Trump relance la machine protectionniste. En avril 2025, il réinstaure une taxe de 10 % sur toutes les importations, avec des surtaxes ciblées jusqu’à 60 % pour certains produits chinois. Le message est clair : relocaliser l’industrie, réduire le déficit commercial, protéger les approvisionnements critiques.

L’épuisement d’un système. Le libre-échange, autrefois moteur du bien commun, n’est plus un marché ouvert d’échanges équitables. Il s’est mué en champ de forces asymétriques et déséquilibrées. Pendant que nos dirigeants et industriels continuent à célébrer l’ouverture, la production réelle s’évapore des pays riches. Les usines ferment, les territoires décrochent, la valeur se déplace vers des zones à bas coûts. Nos économies deviennent vulnérables, nos démocraties fragiles, nos classes moyennes amères.

Ce système économique global produit désormais plus de défiance et de murs que d’interdépendance et de paix. Car inéluctablement, au terme des effets bénéfiques de la mondialisation, se trouve une panoplie de nations toutes en concurrence pour les mêmes ressources avec les mêmes moyens. Hormis les ressources naturelles et l’intelligence artificielle, plus aucune ne dispose d’avantage compétitif déterminant et durable.

Le libre-échange, qui était espace de circulation, devient échiquier de dissuasion. Le moindre port, le moindre câble, le moindre minerai devient enjeu stratégique. Chaque région tente de définir ses propres règles, de sécuriser ses dépendances, de se protéger. L’autonomie devient réflexe, la concurrence se mue en confrontation.

Repenser le paradigme européen. Et si, au lieu de continuer à raisonner en termes d’échange – « je vends ce que je produis en trop » –, nous choisissions de préserver et d’optimiser nos ressources rares : notre eau, nos données, nos matériaux critiques, nos infrastructures vitales, notre patrimoine, notre artisanat, nos savoirs, nos démocraties ?

Et si nous basculions vers une logique de compétitivité fondée sur la sobriété plutôt que sur les économies d’échelle ? L’Europe pourrait incarner un espace solidaire bâti sur les principes de finitude et de sobriété, une Europe construite véritablement avec les peuples et pour les peuples.

Cette Europe renforcerait ses mécanismes de démocratie participative pour impliquer directement les citoyens dans la construction du projet commun, tout en développant sa souveraineté dans les secteurs stratégiques : énergie, alimentation, technologies.

La sobriété comme avantage compétitif. Une économie européenne qui fait de la sobriété son moteur de puissance économique devient possible. Plus que les économies d’échelle, la sobriété – tant au niveau de l’offre que de la demande – est rentable. C’est sur elle que l’innovation doit se concentrer pour maximiser son impact. La maximisation des volumes et la concentration des moyens ne sont plus les seules voies vers la compétitivité.

Les solutions technocratiques verticales du siècle dernier n’ont plus de sens économique : produire des voitures électriques de 2,5 tonnes alimentées par de gigantesques champs d’éoliennes en mer qui coûtent une fortune à raccorder et consomment trop de matériaux critiques. Avec ces approches, l’Europe s’engage dans une course à la taille qu’elle a déjà perdue face aux économies d’échelle américaines et chinoises. Ces logiques d’intégration massive exigent une Europe fédérale autoritaire que les peuples refusent légitimement.

Une logique inversée. La logique d’avenir procède par inversion. La sobriété devient une démarche vertueuse qui part de la demande et du marché. Les services et solutions d’avenir sont naturellement décentralisés et mutualisés : énergie solaire captée et utilisée localement, petites voitures légères et partagées en libre service, peu importe qu’elles aient de petits moteurs thermiques fabriqués localement, optimisés pour la durabilité et la facilité d’entretien. Dans l’habitat : maisons de petites tailles, isolées avec des matériaux biosourcés qui stockent le carbone et dynamisent les filières agricoles locales.

Cette sobriété se prolonge naturellement au niveau de l’offre, créant un avantage compétitif décisif. Plus la chaîne d’approvisionnement est courte et le circuit économique localisé, plus l’entreprise réduit ses coûts logistiques, ses risques géopolitiques et son empreinte carbone.

La mutualisation des services – plateformes de partage d’outils, de véhicules ou d’espaces de travail – maximise l’usage des biens déjà produits. Les entreprises qui adoptent ces principes constatent une réduction significative de leurs coûts fixes et une plus grande résilience face aux chocs extérieurs. Celles qui conçoivent des produits durables, modulaires et réparables fidélisent leurs clients et réduisent leur dépendance aux matières premières volatiles.

Repenser l’innovation. Lui donner un tout autre visage : elle ne vise plus « toujours plus » mais « mieux avec moins ». Elle s’oriente vers l’efficience des processus, la durabilité des produits, la réduction des déchets à la source. Les technologies numériques sobres coordonnent ces écosystèmes décentralisés sans gaspillage énergétique, à l’opposé des centres de données énergivores du modèle dominant.

L’intelligence artificielle devient un levier puissant pour réconcilier efficacité économique et utilisation raisonnée des ressources. Des algorithmes intelligents optimisent les chaînes de production et éliminent les gaspillages. Les systèmes de maintenance prédictive prolongent la durée de vie des infrastructures. L’IA équilibre en temps réel les réseaux électriques décentralisés, maximise l’intégration des énergies renouvelables et minimise les besoins de stockage.

Contrairement à l’approche réglementaire de l’AI Act européen qui entrave l’innovation par une régulation excessive, l’objectif est de libérer le potentiel de l’IA au service de la sobriété et de l’efficience.

Une Europe stratège qui parie sur une économie de la responsabilité et de la résilience. Une Europe où la sobriété n’est plus contrainte mais avantage compétitif, où l’innovation technologique et la puissance économique se construisent sur des fondations solides d’autonomie face aux crises systémiques. Une Europe qui prospère différemment parce qu’elle n’a pas d’autre choix.

Cette vision permettrait à l’Europe de se construire avec les peuples, non plus comme une puissance en devenir pour faire jeu égal avec la Chine et les États-Unis, mais comme un espace solidaire de finitude et de sobriété. Une Europe souveraine et autonome qui invente une économie de la confiance et de la résilience, et qui trace ainsi sa propre voie dans un monde en recomposition.

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