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3 JUIN 2025
IL FOGLIO, LE PREMIER JOURNAL QUOTIDIEN 100 % IA: PROUESSE ÉDITORIALE, NOUVEAU MÉDIA OU ILLUSION ÉPHÉMÈRE ?
L’Italie vient de voir naître Il Foglio AI, premier quotidien généré de bout en bout par intelligence artificielle. Articles, éditos, mises en page, photos : tout est produit sans…
FAITS ET CHIFFRES
• Il Foglio publie une édition 100 % IA. Le 18 mars 2025, Il Foglio a lancé Il Foglio AI, une édition papier de 4 pages rédigée entièrement….
FAITS ET CHIFFRES
• Il Foglio publie une édition 100 % IA. Le 18 mars 2025, Il Foglio a lancé Il Foglio AI, une édition papier de 4 pages rédigée entièrement par une intelligence artificielle, sans intervention humaine (Source : The Guardian, 18 mars 2025)
• Une expérience de 4 semaines du mardi au vendredi. Chaque numéro propose environ 22 articles et 3 éditos produits par IA, testés pendant un mois (Source : Courrier International, 19 mars 2025)
• Succès commercial au lancement : +60 % de ventes. La première édition de Il Foglio AI a augmenté les ventes de 60 %, avec 90 % de retours positifs des lecteurs (Source : Journal du Geek, 24 mars 2025)
• Les journalistes n’interviennent pas dans les textes. Les journalistes posent des questions à l’IA, mais ne modifient ni les articles, ni les titres, ni les citations générées (Source : The Guardian, 18 mars 2025)
• Bilan mitigé un mois plus tard. Le journal reconnaît que les textes sont propres mais manquent de recul, de hiérarchisation et de capacité critique (Source : Le Figaro, 15 avril 2025)
• Initiative similaire en Australie : articles IA jugés simplistes. En 2024, le magazine Cosmos a publié 6 articles IA critiqués pour leur manque de profondeur et de fiabilité (Source : Journal du Geek, 24 mars 2025)
• El País : manque de terrain, d’humain, de sources originales. Le quotidien espagnol souligne la puissance de l’IA pour produire des opinions, mais sa faiblesse dans le reportage de terrain (Source : El País, 19 mars 2025)
• Washington Post : hallucinations et erreurs factuelles. Des événements fictifs ou mal datés ont été retrouvés dans plusieurs articles générés par Il Foglio AI (Source : Washington Post, 26 mars 2025)
• France 24 : un journal IA qui amuse mais inquiète. Le projet de Il Foglio a déclenché un débat éthique international, entre prouesse technique et menace démocratique (Source : France 24, 21 mars 2025)
• Débat réglementaire relancé en France. L’expérience italienne relance les discussions sur l’encadrement légal des productions IA dans les médias français (Source : Journal du Geek, 24 mars 2025)
• Il Foglio publie une édition 100 % IA. Le 18 mars 2025, Il Foglio a lancé Il Foglio AI, une édition papier de 4 pages rédigée entièrement par une intelligence artificielle, sans intervention humaine (Source : The Guardian, 18 mars 2025)
• Une expérience de 4 semaines du mardi au vendredi. Chaque numéro propose environ 22 articles et 3 éditos produits par IA, testés pendant un mois (Source : Courrier International, 19 mars 2025)
• Succès commercial au lancement : +60 % de ventes. La première édition de Il Foglio AI a augmenté les ventes de 60 %, avec 90 % de retours positifs des lecteurs (Source : Journal du Geek, 24 mars 2025)
• Les journalistes n’interviennent pas dans les textes. Les journalistes posent des questions à l’IA, mais ne modifient ni les articles, ni les titres, ni les citations générées (Source : The Guardian, 18 mars 2025)
• Bilan mitigé un mois plus tard. Le journal reconnaît que les textes sont propres mais manquent de recul, de hiérarchisation et de capacité critique (Source : Le Figaro, 15 avril 2025)
• Initiative similaire en Australie : articles IA jugés simplistes. En 2024, le magazine Cosmos a publié 6 articles IA critiqués pour leur manque de profondeur et de fiabilité (Source : Journal du Geek, 24 mars 2025)
• El País : manque de terrain, d’humain, de sources originales. Le quotidien espagnol souligne la puissance de l’IA pour produire des opinions, mais sa faiblesse dans le reportage de terrain (Source : El País, 19 mars 2025)
• Washington Post : hallucinations et erreurs factuelles. Des événements fictifs ou mal datés ont été retrouvés dans plusieurs articles générés par Il Foglio AI (Source : Washington Post, 26 mars 2025)
• France 24 : un journal IA qui amuse mais inquiète. Le projet de Il Foglio a déclenché un débat éthique international, entre prouesse technique et menace démocratique (Source : France 24, 21 mars 2025)
• Débat réglementaire relancé en France. L’expérience italienne relance les discussions sur l’encadrement légal des productions IA dans les médias français (Source : Journal du Geek, 24 mars 2025)
FLOP. Tout ce débat autour d’un journal 100 % IA manque de recul. L’intelligence artificielle n’est pas responsable de…
FLOP. Tout ce débat autour d’un journal 100 % IA manque de recul. L’intelligence artificielle n’est pas responsable de la crise de la presse. Elle en est juste le miroir.
Ce qui rend possible un journal sans journalistes, ce n’est pas la technologie : c’est le vide que la société a laissé. Le désintérêt massif pour les contenus longs, le rejet de la complexité, l’économie de l’attention qui favorise la vitesse sur la véracité, le divertissement sur l’enquête. Tout cela était déjà là bien avant ChatGPT.
Il Foglio n’invente rien. Il pousse à l’extrême une tendance déjà visible dans des milliers de médias low cost : titres putaclic, redites d’agences, tribunes recyclées, infographies génériques, formats automatisés…
Le vrai problème, ce n’est pas que l’IA écrit des articles. C’est que personne ne remarque que cela ne change presque rien. L’illusion est déjà installée. Elle ne date pas d’hier.
Dans ce contexte, s’indigner d’un journal sans humain est presque naïf. Où étaient les défenseurs du journalisme quand on a fermé des dizaines de rédactions locales ? Où étaient-ils quand les budgets d’investigation ont été sabrés ? Quand les grands groupes ont racheté les titres d’opinion pour en faire des machines à publicité ?
Ce n’est pas l’IA qui a tué le pluralisme. C’est l’économie politique des médias.
Oui, l’IA peut produire des articles plats, parfois faux, souvent peu originaux. Mais c’est déjà le cas d’une bonne partie de la presse en ligne. Il ne faut pas prendre Il Foglio AI comme un basculement, mais comme un révélateur.
Une société qui préfère des contenus générés à du journalisme incarné n’a pas besoin d’IA pour s’égarer. Elle l’a déjà fait, collectivement, depuis longtemps.
FLIP. L’édition 100 % IA de Il Foglio est une démonstration spectaculaire des possibilités offertes par l’intelligence artificielle dans le journalisme…
FLIP. L’édition 100 % IA de Il Foglio est une démonstration spectaculaire des possibilités offertes par l’intelligence artificielle dans le journalisme. Produire chaque jour des dizaines d’articles cohérents, structurés, pertinents, avec des éditoriaux et des synthèses thématiques, sans aucun journaliste humain, prouve que les outils sont mûrs.
L’information ne se limite pas à une expérience humaine : c’est aussi une affaire de traitement de données, de capacité de synthèse, de rapidité de production. Et là-dessus, l’IA excelle.
La plupart des rédactions souffrent aujourd’hui d’un sous-investissement chronique, d’une pression sur les délais, d’un appauvrissement éditorial. L’IA permet d’alléger cette pression en prenant en charge les formats répétitifs, les actualités peu originales, les brèves, les contenus de flux.
Cela libère les ressources humaines pour l’investigation, la vérification, les entretiens. Et ce n’est pas de la science-fiction : déjà, l’AP, la BBC ou Le Monde utilisent ces outils à grande échelle. Ce que fait Il Foglio, c’est pousser la logique jusqu’au bout. Et ça fonctionne.
L’intérêt de cette expérience est double : elle prouve que l’IA peut livrer un contenu éditorial lisible, diversifié, surprenant parfois. Mais surtout, elle oblige les journalistes à se poser les bonnes questions : que faisons-nous de mieux que la machine ? Où est notre valeur ajoutée ? En quoi notre regard est-il irremplaçable ? Le choc provoqué par cette édition 100 % IA peut relancer le débat sur le sens même du métier.
Enfin, du point de vue du lecteur, l’initiative est ludique, innovante, parfois même troublante. Mais elle ne remplace pas l’ensemble du journal.
Elle montre juste que certaines tâches sont automatisables, que certains textes peuvent être produits autrement, et que l’IA peut être au service d’un projet éditorial exigeant. À condition d’en faire un levier d’intelligence collective, pas un gadget.
Pour l’instant, Il Foglio n’a supprimé aucun poste. Au contraire, il a suscité un débat. Et c’est déjà un mérite.
FLAP. Ce que fait Il Foglio est fascinant technologiquement, mais catastrophique journalistiquement. Une édition sans humain, ce n’est pas une prouesse…
FLAP. Ce que fait Il Foglio est fascinant technologiquement, mais catastrophique journalistiquement. Une édition sans humain, ce n’est pas une prouesse : c’est une simulation. Un simulacre de journal, où chaque phrase peut paraître crédible mais n’a aucune garantie d’exactitude, de responsabilité, de sens critique.
L’IA produit du texte, pas du journalisme. Elle compile, elle reformule, elle imite. Mais elle ne vérifie pas. Elle ne rencontre personne. Elle ne comprend pas les nuances d’un contexte. Elle n’a aucun devoir vis-à-vis de la vérité, de la loi ou du lecteur.
Le danger est évident : en industrialisant des contenus générés, on brouille encore davantage la frontière entre fiction et réalité, entre l’article informé et l’imitation convaincante. Qui vérifiera que ce chiffre est juste ? Que ce nom est bien orthographié ? Que cet événement a vraiment eu lieu ? Déjà, dans les éditions testées, des hallucinations ont été repérées. C’est inévitable et gravissime.
Le journalisme, ce n’est pas de remplir du papier. C’est de produire de l’information socialement responsable, rigoureusement sourcée, pensée pour éclairer le débat public.
Supprimer les humains dans cette chaîne, c’est supprimer le cœur même du métier : l’intention. Un journal n’est pas un agrégat de paragraphes. C’est une ligne éditoriale, une hiérarchie, une sensibilité. Tout cela disparaît dans une édition 100 % IA.
On dira que c’est expérimental. Mais ces expérimentations sont des chevaux de Troie. Si les éditeurs peuvent produire des pages entières sans payer de journalistes, qu’est-ce qui les empêchera de le faire demain à plus grande échelle ?
Le “low cost éditorial” est en marche. L’illusion informationnelle est déjà une réalité. Il faut résister de toutes nos forces.
L’IA produit du texte, pas du journalisme. Elle compile, elle reformule, elle imite. Mais elle ne vérifie pas. Elle ne rencontre personne. Elle ne comprend pas les nuances d’un contexte. Elle n’a aucun devoir vis-à-vis de la vérité, de la loi ou du lecteur.
Le danger est évident : en industrialisant des contenus générés, on brouille encore davantage la frontière entre fiction et réalité, entre l’article informé et l’imitation convaincante. Qui vérifiera que ce chiffre est juste ? Que ce nom est bien orthographié ? Que cet événement a vraiment eu lieu ? Déjà, dans les éditions testées, des hallucinations ont été repérées. C’est inévitable et gravissime.
Le journalisme, ce n’est pas de remplir du papier. C’est de produire de l’information socialement responsable, rigoureusement sourcée, pensée pour éclairer le débat public.
Supprimer les humains dans cette chaîne, c’est supprimer le cœur même du métier : l’intention. Un journal n’est pas un agrégat de paragraphes. C’est une ligne éditoriale, une hiérarchie, une sensibilité. Tout cela disparaît dans une édition 100 % IA.
On dira que c’est expérimental. Mais ces expérimentations sont des chevaux de Troie. Si les éditeurs peuvent produire des pages entières sans payer de journalistes, qu’est-ce qui les empêchera de le faire demain à plus grande échelle ?
Le “low cost éditorial” est en marche. L’illusion informationnelle est déjà une réalité. Il faut résister de toutes nos forces.

« On s’habitue à lire sans auteur, puis à penser sans lire » La Boétie
BILLET. On peut applaudir l’exploit technique de Il Foglio AI, se laisser fasciner par la production quotidienne d’un journal sans journalistes, admirer la fluidité du style…
BILLET. On peut applaudir l’exploit technique de Il Foglio AI, se laisser fasciner par la production quotidienne d’un journal sans journalistes, admirer la fluidité du style, la variété des sujets, la performance du système. Mais ce n’est pas de technologie que nous manquons aujourd’hui. C’est d’intention. De responsabilité. De présence humaine dans l’espace public. Et c’est précisément ce que cette expérience efface.
Imposer la traçabilité complète de tout contenu médiatique. Le lecteur doit savoir si ce qu’il lit a été écrit par une machine, coécrit avec un humain ou intégralement produit par une rédaction. Cela ne demande pas des lois complexes, mais une norme claire, visible, universelle. Le droit à l’information commence par le droit de savoir d’où vient cette information.
Créer un label indépendant pour certifier les productions éditoriales relues, sourcées, assumées par des journalistes formés. Comme on distingue un vin naturel d’un vin industriel, il est temps de différencier une parole engagée d’un flux généré. Ce n’est pas un fétichisme du papier, ni une nostalgie du passé : c’est une nécessité démocratique.
Ce travail ne se fera pas sans soutien. Le financement public de la presse ne peut plus se contenter de subventionner les anciens modèles. Il doit viser les contenus à haute intensité humaine : reportages de terrain, enquêtes longues, analyses à contre-courant. Ces formats ne seront jamais concurrencés sérieusement par l’IA, à condition qu’on leur donne les moyens d’exister. Cela suppose un effort collectif, mais aussi une juste répartition des richesses créées par les technologies elles-mêmes. Les grandes plateformes qui utilisent aujourd’hui massivement du contenu journalistique pour entraîner leurs modèles doivent contribuer à sa régénération.
Mettre en place un mécanisme de financement sectoriel obligeant les plateformes numériques à contribuer au journalisme d’investigation et à la vérification des faits. L’intelligence artificielle générative inonde les plateformes de contenus automatisés à faible valeur ajoutée, truffés d’erreurs factuelles. Parallèlement, les revenus publicitaires migrent vers les géants du numérique, privant les médias des ressources nécessaires au journalisme d’investigation. Cette double crise survient quand le besoin d’information vérifiée devient crucial.
S’inspirer du modèle audiovisuel français. La France oblige Canal+ à financer le cinéma national via un pourcentage de son chiffre d’affaires. Ce mécanisme vertueux a préservé la vitalité créative française. Le même principe pourrait s’appliquer aux plateformes numériques : puisqu’elles captent les revenus publicitaires et façonnent l’écosystème informationnel, elles auraient une responsabilité dans le financement du journalisme de qualité.
Le mécanisme reposerait sur une contribution calculée sur le chiffre d’affaires publicitaire des plateformes, avec des seuils d’exemption pour les petites structures. Les fonds alimenteraient un organisme indépendant redistribuant les ressources selon des critères transparents, sur le modèle du CNC. Les financements cibleraient prioritairement le journalisme d’investigation, le fact-checking, la formation des journalistes aux outils numériques, et le développement de technologies de vérification. Cette structure éviterait tout lien direct entre contributeurs et bénéficiaires, préservant l’indépendance éditoriale.
Ce système créerait un financement pérenne pour des activités journalistiques essentielles mais fragiles économiquement. Il établirait une responsabilité claire des plateformes dans l’écosystème qu’elles structurent et diversifierait les revenus des médias.
Pour maximiser l’efficacité et éviter les distorsions de concurrence, ce mécanisme devrait être déployé au niveau européen, en complément du Digital Services Act. L’urgence informationnelle créée par l’IA générative appelle une réponse ambitieuse. Comme le cinéma français a préservé sa spécificité grâce à des mécanismes adaptés, le journalisme européen pourrait retrouver les moyens de sa mission d’information rigoureuse.
Armer les nouvelles générations. L’IA n’est pas une menace, c’est une langue qu’il faut apprendre à parler sans s’y soumettre. Dans toutes les écoles de journalisme, une formation critique aux modèles génératifs doit devenir centrale. Non pour remplacer l’enquête par la compilation, mais pour aiguiser l’intelligence humaine au contact de ces nouveaux outils.
Poser des limites claires. Certains domaines — la santé, la politique, la justice — ne peuvent tolérer la publication de contenus automatisés sans relecture humaine. L’édition 100 % IA peut avoir sa place, mais elle ne doit jamais devenir la norme invisible dans les sujets qui engagent nos vies.
Ce débat n’est pas technique. Il est existentiel. Le journalisme n’est pas une série de formats à remplir, c’est une manière d’habiter le monde, de dire ce qui compte, de répondre de ses mots.
Si nous déléguons cela à des algorithmes, ce n’est pas seulement une profession que nous abandonnons. C’est une idée de la démocratie, fondée sur une parole incarnée, partagée, faillible mais vivante, que nous délaissons.
Imposer la traçabilité complète de tout contenu médiatique. Le lecteur doit savoir si ce qu’il lit a été écrit par une machine, coécrit avec un humain ou intégralement produit par une rédaction. Cela ne demande pas des lois complexes, mais une norme claire, visible, universelle. Le droit à l’information commence par le droit de savoir d’où vient cette information.
Créer un label indépendant pour certifier les productions éditoriales relues, sourcées, assumées par des journalistes formés. Comme on distingue un vin naturel d’un vin industriel, il est temps de différencier une parole engagée d’un flux généré. Ce n’est pas un fétichisme du papier, ni une nostalgie du passé : c’est une nécessité démocratique.
Ce travail ne se fera pas sans soutien. Le financement public de la presse ne peut plus se contenter de subventionner les anciens modèles. Il doit viser les contenus à haute intensité humaine : reportages de terrain, enquêtes longues, analyses à contre-courant. Ces formats ne seront jamais concurrencés sérieusement par l’IA, à condition qu’on leur donne les moyens d’exister. Cela suppose un effort collectif, mais aussi une juste répartition des richesses créées par les technologies elles-mêmes. Les grandes plateformes qui utilisent aujourd’hui massivement du contenu journalistique pour entraîner leurs modèles doivent contribuer à sa régénération.
Mettre en place un mécanisme de financement sectoriel obligeant les plateformes numériques à contribuer au journalisme d’investigation et à la vérification des faits. L’intelligence artificielle générative inonde les plateformes de contenus automatisés à faible valeur ajoutée, truffés d’erreurs factuelles. Parallèlement, les revenus publicitaires migrent vers les géants du numérique, privant les médias des ressources nécessaires au journalisme d’investigation. Cette double crise survient quand le besoin d’information vérifiée devient crucial.
S’inspirer du modèle audiovisuel français. La France oblige Canal+ à financer le cinéma national via un pourcentage de son chiffre d’affaires. Ce mécanisme vertueux a préservé la vitalité créative française. Le même principe pourrait s’appliquer aux plateformes numériques : puisqu’elles captent les revenus publicitaires et façonnent l’écosystème informationnel, elles auraient une responsabilité dans le financement du journalisme de qualité.
Le mécanisme reposerait sur une contribution calculée sur le chiffre d’affaires publicitaire des plateformes, avec des seuils d’exemption pour les petites structures. Les fonds alimenteraient un organisme indépendant redistribuant les ressources selon des critères transparents, sur le modèle du CNC. Les financements cibleraient prioritairement le journalisme d’investigation, le fact-checking, la formation des journalistes aux outils numériques, et le développement de technologies de vérification. Cette structure éviterait tout lien direct entre contributeurs et bénéficiaires, préservant l’indépendance éditoriale.
Ce système créerait un financement pérenne pour des activités journalistiques essentielles mais fragiles économiquement. Il établirait une responsabilité claire des plateformes dans l’écosystème qu’elles structurent et diversifierait les revenus des médias.
Pour maximiser l’efficacité et éviter les distorsions de concurrence, ce mécanisme devrait être déployé au niveau européen, en complément du Digital Services Act. L’urgence informationnelle créée par l’IA générative appelle une réponse ambitieuse. Comme le cinéma français a préservé sa spécificité grâce à des mécanismes adaptés, le journalisme européen pourrait retrouver les moyens de sa mission d’information rigoureuse.
Armer les nouvelles générations. L’IA n’est pas une menace, c’est une langue qu’il faut apprendre à parler sans s’y soumettre. Dans toutes les écoles de journalisme, une formation critique aux modèles génératifs doit devenir centrale. Non pour remplacer l’enquête par la compilation, mais pour aiguiser l’intelligence humaine au contact de ces nouveaux outils.
Poser des limites claires. Certains domaines — la santé, la politique, la justice — ne peuvent tolérer la publication de contenus automatisés sans relecture humaine. L’édition 100 % IA peut avoir sa place, mais elle ne doit jamais devenir la norme invisible dans les sujets qui engagent nos vies.
Ce débat n’est pas technique. Il est existentiel. Le journalisme n’est pas une série de formats à remplir, c’est une manière d’habiter le monde, de dire ce qui compte, de répondre de ses mots.
Si nous déléguons cela à des algorithmes, ce n’est pas seulement une profession que nous abandonnons. C’est une idée de la démocratie, fondée sur une parole incarnée, partagée, faillible mais vivante, que nous délaissons.
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