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5 JUIN 2025

GATES, MUSK, ALTMAN, MENSCH, BEZOS, PICHAI… QUE PENSENT-ILS DE L’IA ?

Ces dix figures de la high tech partagent une conviction commune : l’IA est une révolution…
Ces dix figures de la high tech partagent une conviction commune : l’IA est une révolution technologique d’ampleur comparable à l’électricité ou à Internet. Tous reconnaissent son potentiel à transformer le travail, la santé, l’éducation et la recherche scientifique. Tous appellent à une forme de régulation pour encadrer les risques et éviter une dérive incontrôlable. Pour eux tous, bien employée, l’IA peut contribuer à réduire les inégalités et améliorer la condition humaine. Mais leurs approches divergent profondément. Elon Musk incarne la contradiction : il alerte sur les dangers existentiels de l’IA tout en développant à grande vitesse ses propres systèmes. Sam Altman, Dario Amodei et Demis Hassabis croient en l’AGI, ou Intelligence Artificielle Générale (en anglais : Artificial General Intelligence) comme but ultime mais appellent à un encadrement scientifique strict, piloté par des instances internationales. Contrairement à l’IA dite « étroite » ou spécialisée, qui excelle dans des domaines spécifiques (comme la reconnaissance faciale ou la traduction automatique), l’AGI vise une polyvalence comparable à celle de l’esprit humain. Arthur Mensch et Emad Mostaque rejettent le concept même d’AGI, qu’ils jugent fantasmatique ou théologique, et défendent une IA utile, souveraine et open source. Sur l’ouverture des modèles, Zuckerberg, Mensch et Mostaque militent activement pour l’open source. Altman, Amodei et Hassabis s’en méfient, privilégiant la sécurité et le contrôle. Bezos, Pichai et Gates adoptent une position plus centrée sur les usages que sur la gouvernance technique. La question de la souveraineté divise également : Mensch et Mostaque insistent sur l’indépendance technologique des nations, là où Altman, Pichai ou Amodei prônent une coopération mondiale. Musk, quant à lui, avance seul, défiant États et régulateurs. Au final, quatre lignes se dessinent : les bâtisseurs d’AGI sécurisée (Altman, Amodei, Hassabis), les accélérateurs industriels prudents (Gates, Bezos, Pichai, Zuckerberg), les critiques souverainistes de l’AGI (Mensch, Mostaque), et le visionnaire ambivalent (Musk), à la fois lanceur d’alerte et moteur de la course à l’IA.
BILL & ELON. Pour Bill Gates, l’intelligence artificielle est une avancée technologique d’une ampleur comparable à l’arrivée du microprocesseur ou d’Internet.

BILL ET ELON. Bill Gates. L’intelligence artificielle est une avancée technologique d’une ampleur comparable à l’arrivée du microprocesseur ou d’Internet. Il la voit comme un outil capable de transformer durablement la manière dont les sociétés se soignent, s’instruisent et travaillent. Dès 2023, il affirme que « l’ère de l’IA a commencé », et que cette révolution silencieuse pourrait être la plus profonde de toutes celles qu’il a vécues depuis les débuts de Microsoft (GatesNotes, The Age of AI Has Begun, 2023).

Gates imagine un monde où l’IA devient une « intelligence gratuite », accessible à chacun. Dans des régions peu dotées en infrastructures médicales ou éducatives, elle pourrait offrir des diagnostics, des conseils, voire des cours entiers, de façon automatisée mais fiable. Il va jusqu’à affirmer que l’IA pourrait remplacer des professionnels comme les médecins ou les enseignants dans certaines de leurs tâches (New York Post, Bill Gates: AI Will Replace Doctors, Teachers Within 10 Years, 2025).

Mais ce progrès, pour lui, appelle aussi à la vigilance. Gates met en garde contre une illusion de maîtrise. Il affirme que certains métiers résisteront plus que d’autres à l’automatisation — notamment les biologistes, les professionnels de l’énergie ou les métiers du soin — car ils mobilisent des compétences que l’IA peine encore à reproduire : l’empathie, la compréhension du vivant, le lien humain (Le Big Data, Bill Gates: l’IA ne remplacera jamais ces 3 métiers, 2025).

Sur le long terme, Gates pense que l’IA pourrait permettre de réduire le temps de travail, libérant ainsi du temps pour la créativité ou le lien social. Il imagine un avenir avec des semaines de deux ou trois jours, rendu possible par la productivité des machines (IFLScience, Bill Gates Predicts Two-Day Work Week by 2035, 2025). Il voit aussi dans cette technologie une chance unique de réduire les inégalités à l’échelle mondiale, notamment en Afrique, à condition qu’elle soit équitablement partagée (Le Vif, Comment l’IA va changer nos vies dans 5 ans, 2025).

Reste une inquiétude plus profonde : Gates redoute, comme d’autres figures de la tech, l’émergence d’une superintelligence non contrôlée. Il appelle à une régulation mondiale, éthique, coordonnée — un garde-fou indispensable selon lui pour éviter que l’IA ne devienne incontrôlable (Wikipedia, Risque existentiel posé par l’intelligence artificielle, consulté 2025).

Elon Musk. Figure emblématique de l’innovation radicale, Elon Musk incarne une attitude paradoxale face à l’intelligence artificielle : il fonce, mais avec le pied sur le frein. Depuis 2015, il alerte sur les risques d’une IA hors de contrôle, tout en lançant ses propres projets pour en accélérer le développement.

C’est dans cette logique qu’il cofonde OpenAI en 2015, avec l’ambition initiale de créer une IA au service du bien commun. Mais en 2018, il quitte le projet, en désaccord avec sa dérive commerciale et sa dépendance à Microsoft (Business Insider, Musk left OpenAI because of disagreements with Microsoft deal, 2023). Quelques années plus tard, il fonde xAI, une entreprise concurrente censée produire une IA « qui cherche la vérité ». Grok, le chatbot maison, est directement intégré à X (anciennement Twitter), et conçu comme une réponse à ChatGPT (Bloomberg, Elon Musk Launches xAI With Grok Model, 2023).

Tout en multipliant les investissements, Musk continue de mettre en garde : pour lui, l’IA pourrait devenir un danger existentiel pour l’humanité. Il a publiquement soutenu des appels à un moratoire sur le développement des IA avancées, le temps de mettre en place une régulation sérieuse. « L’IA va probablement tous nous tuer », déclarait-il dans une interview devenue virale (YouTube, Interview: « AI will probably kill us all », 2023).

Mais ses actions démentent parfois ses mots. Tesla prévoit de déployer ses premiers robotaxis autonomes au Texas dès 2025, et les humanoïdes Optimus sont appelés à jouer un rôle croissant dans les usines de la marque (Reuters, Tesla to Deploy Robotaxis in Texas in 2025, 2025). Musk se méfie, mais il avance. Il alerte, mais il construit.

Cette dualité résume bien sa posture : un visionnaire qui croit à l’IA comme outil de puissance, mais qui ne cache pas sa peur de la perdre des mains. Elon Musk la craint mais veut la contrôler.

SUNDAR & DEMIS. Sundar Pichai, PDG de Google et d’Alphabet, considère l’intelligence artificielle…

SUNDAR ET DEMIS. Sundar Pichai, PDG de Google et d’Alphabet, considère l’intelligence artificielle comme l’une des plus grandes révolutions technologiques de l’histoire humaine. Il n’hésite pas à la qualifier de transformation « plus profonde que le feu ou l’électricité » (Entrepreneur, 2023). Pour lui, l’IA marque un tournant comparable aux grandes révolutions industrielles, mais à une vitesse et une échelle inédites.

Sous sa direction, Google a placé l’IA au centre de sa stratégie technologique. La conférence Google I/O 2025 a consacré cette orientation : Sundar Pichai y a présenté des innovations comme le « mode IA » dans la recherche Google, permettant des interactions conversationnelles bien plus fluides, ainsi que des assistants numériques capables d’exécuter des tâches complexes ou de proposer des recommandations de manière contextuelle (Financial Times, 2025). Le modèle Gemini, développé par Google DeepMind, est désormais intégré dans la quasi-totalité des produits du groupe, de Gmail à YouTube en passant par Workspace.

Mais si Pichai se montre enthousiaste sur les potentialités de l’IA, il reste lucide sur ses dangers. Il appelle régulièrement à une régulation internationale harmonisée. Selon lui, seule une coopération entre États permettra d’encadrer cette technologie de manière efficace, tout en évitant que des modèles puissants ne tombent entre de mauvaises mains ou ne produisent des effets incontrôlés. Lors du AI Action Summit à Paris, en février 2025, il a plaidé pour un cadre global s’appuyant sur les régulations existantes, afin d’éviter un chaos réglementaire sans pour autant brider l’innovation (Indian Express, 2025).

Pichai insiste aussi sur l’importance de l’accessibilité de l’IA. Selon lui, les bénéfices de cette technologie ne doivent pas être réservés à une élite ou à quelques grandes puissances économiques. L’IA doit être pensée comme un bien commun, diffusé largement pour améliorer la santé, l’éducation, la productivité ou la qualité de vie dans les pays les moins favorisés (CIO, 2025).

En somme, Sundar Pichai défend une vision de l’intelligence artificielle à la fois ambitieuse, éthique et inclusive. Pour lui, l’enjeu n’est pas seulement d’innover, mais de garantir que cette innovation soit durable, maîtrisée et équitablement partagée. Une ligne de conduite qu’il tente d’incarner à la tête de l’un des groupes technologiques les plus influents de la planète.

Demis Hassabis, PDG et cofondateur de DeepMind, figure de proue de l’IA scientifique, défend une vision de l’intelligence artificielle centrée sur la compréhension du monde et l’accélération de la recherche. Ce neuroscientifique de formation, ancien prodige des échecs, a bâti sa réputation sur des réalisations majeures comme AlphaGo, qui a battu le champion mondial de go en 2016, et surtout AlphaFold, un système capable de prédire la structure 3D des protéines avec une précision révolutionnaire. Ce dernier a été qualifié de percée comparable à la cartographie du génome humain, et lui a valu le prix Nobel de chimie en 2024 (Le Monde, Nobel de chimie 2024 : l’intelligence artificielle encore à l’honneur, 2024).

Pour Hassabis, l’intelligence artificielle ne doit pas se limiter à automatiser des tâches ou à générer du contenu. Elle doit ouvrir des portes que l’intellect humain seul ne peut franchir. Il évoque une IA au service de la santé, du climat ou encore de la physique fondamentale. Mais il insiste aussi sur le fait que l’intelligence artificielle générale (AGI), souvent fantasmée, nécessitera encore « un faisceau d’innovations scientifiques fondamentales » pour devenir réalité (El País, Demis Hassabis : « Il faudra encore de grands progrès avant l’AGI », 2024).

Conscient des risques, Hassabis plaide pour une approche rigoureuse, prudente et responsable. Il soutient l’idée d’un encadrement international et d’un ralentissement ciblé pour les IA les plus puissantes, appelant à « éviter l’accélération aveugle » (TIME, Demis Hassabis: How AI will shape the future of science and humanity, 2025). Il défend une technologie qui reste ancrée dans les faits, les preuves et la finalité humaine. Sa ligne est claire : l’IA doit amplifier l’intelligence humaine, pas s’y substituer.

SAM & ARTHUR. À la tête d’OpenAI, Sam Altman incarne l’ambition la plus assumée de la Silicon Valley : construire une intelligence artificielle générale (AGI)

SAM ET ARTHUR. Sam Altman. À la tête d’OpenAI, Sam Altman incarne l’ambition la plus assumée de la Silicon Valley : construire une intelligence artificielle générale (AGI), capable de performances cognitives égales ou supérieures à celles des humains. Dès la création de l’entreprise en 2015, il assume cette visée, tout en affirmant que l’AGI doit être « bénéfique pour toute l’humanité » (Wikipedia, Sam Altman, consulté 2025).

En 2025, Altman déclare avoir « une confiance raisonnable » dans la capacité d’OpenAI à concrétiser cette promesse. Pour lui, l’AGI pourrait transformer la médecine, l’éducation, la productivité, et même la lutte contre le changement climatique (Time, Sam Altman: We’re Confident AGI Is Coming, 2025).

Mais Altman ne se berce pas d’illusions. Il est conscient des risques que pose une telle technologie. C’est pourquoi il plaide pour la création d’un organisme international indépendant — un équivalent de l’AIEA, mais pour l’intelligence artificielle — afin de superviser les projets les plus sensibles (Wikipedia, Sam Altman, consulté 2025). Il a d’ailleurs signé plusieurs appels à une régulation globale de l’IA.

Sur le plan social, Altman imagine un monde où l’IA réorganise profondément le travail. Certains métiers disparaîtront, mais d’autres apparaîtront. Il évoque une société où le travail est davantage choisi, où les individus se consacrent à des tâches plus créatives, plus humaines (Wikipedia, Sam Altman, consulté 2025).

Cette vision s’accompagne de projets concrets. Stargate, par exemple, est un programme d’investissement massif dans l’infrastructure IA aux États-Unis, piloté par Altman pour sécuriser la souveraineté technologique du pays (Wikipedia, Stargate LLC, 2025). Il travaille aussi avec Jony Ive, l’ex-designer d’Apple, sur des objets d’IA personnels, sobres, puissants, intuitifs (The Guardian, OpenAI and Ive promise AI device revolution, 2025).

Sam Altman est un stratège méthodique. Il croit au progrès, mais veut en baliser le chemin. Il joue un jeu à long terme, celui d’un architecte qui sait que l’AGI, une fois bâtie, devra être bien gardée.

Arthur Mensch, cofondateur et PDG de Mistral AI, incarne une vision singulière de l’intelligence artificielle, à la fois pragmatique, souveraine et profondément ancrée dans une philosophie open source. À rebours des discours dominants sur l’IA générale (AGI), il défend une approche plus concrète, centrée sur l’utilité immédiate des modèles et leur accessibilité.

Contrairement à des figures comme Elon Musk ou Sam Altman, qui anticipent l’émergence d’une superintelligence surpassant l’humain, Mensch rejette cette perspective, qu’il qualifie de quasi-religieuse. Il déclare ainsi : « Toute cette rhétorique autour de l’AGI, c’est vouloir créer Dieu. Je ne crois pas en Dieu. Je suis un athée convaincu. Donc je ne crois pas en l’AGI » (Business Insider, 2024). Pour lui, l’obsession pour une IA omnisciente détourne des véritables enjeux : construire des outils utiles, transparents et maîtrisables.

C’est dans cet esprit qu’il a cofondé Mistral AI en 2023, avec pour ambition de proposer des modèles de langage puissants, mais ouverts et modulaires. Il plaide pour une IA « distribuée », où les modèles peuvent être exécutés localement, sans dépendance aux infrastructures des géants américains. Cette stratégie vise à préserver la souveraineté technologique de l’Europe et à éviter une hégémonie culturelle et économique de l’IA venue d’ailleurs (McKinsey, 2024).

Mensch insiste sur l’importance de l’open source comme levier d’innovation collective. Selon lui, les progrès rapides de l’IA entre 2010 et 2020 ont été rendus possibles par le partage des avancées entre laboratoires. Il regrette que cette dynamique ait été freinée par la fermeture des modèles comme ceux d’OpenAI, et milite pour relancer cette « boucle vertueuse » de contributions croisées (PYMNTS, 2025).

Sur le plan économique, Mensch anticipe un impact majeur de l’IA sur le PIB mondial, comparable à celui de l’électricité au XXe siècle. Il avertit que les pays qui ne développeront pas leur propre infrastructure d’IA risquent de devenir dépendants technologiquement et culturellement. Il appelle donc à une mobilisation européenne pour investir massivement dans les capacités de calcul et la formation (Wall Street Journal, 2025).

Enfin, Mensch défend une régulation adaptée, qui ne freine pas l’innovation. Il estime que les contraintes réglementaires excessives favorisent les grandes entreprises établies, au détriment des start-up européennes. Il prône un équilibre entre sécurité, transparence et agilité, pour permettre à l’Europe de rester compétitive dans la course mondiale à l’IA (El País, 2025).

Arthur Mensch centre sa vision de l’IA sur l’humain, la souveraineté et la collaboration. Il incarne une alternative européenne aux modèles dominants, en misant sur l’ouverture, l’efficacité et la responsabilité collective.

MARK & JEFF. Mark Zuckerberg, fondateur et PDG de Meta (anciennement Facebook), considère l’intelligence artificielle comme une révolution…

MARK ET JEFF. Mark Zuckerberg, fondateur et PDG de Meta (anciennement Facebook), considère l’intelligence artificielle comme une révolution technologique majeure et la place désormais au cœur de la stratégie de son groupe. Après avoir longtemps misé sur le métavers, il a recentré ses priorités sur l’IA à partir de 2023, en intégrant cette technologie à tous les niveaux des produits Meta (Instagram, Facebook, WhatsApp, Messenger), mais aussi dans de nouveaux dispositifs physiques comme les lunettes connectées Ray-Ban Meta (Wikipedia, Meta AI, consulté 2025).

Zuckerberg exprime une vision ambitieuse et ouverte de l’IA. Il affirme vouloir développer une intelligence générale accessible à tous, fondée sur une logique open source. « Notre vision à long terme est de construire une intelligence générale ouverte », a-t-il déclaré en janvier 2024 (Instagram, @zuck reel, 2024). À travers le développement des modèles LLaMA (Large Language Model Meta AI), il entend offrir une alternative à des systèmes fermés comme ceux d’OpenAI ou Google.

Pour Zuckerberg, l’IA ne doit pas seulement améliorer la productivité ou l’expérience utilisateur ; elle peut aussi pallier certains manques sociaux. Il note que beaucoup d’utilisateurs n’ont que très peu de relations proches, et que des assistants conversationnels dotés d’intelligence artificielle pourraient jouer un rôle de soutien émotionnel ou cognitif. Il est même allé jusqu’à affirmer : « Je pense que tout le monde devrait probablement avoir un thérapeute, et pour ceux qui n’en ont pas, une IA pourrait remplir ce rôle » (Clubic, Zuckerberg sur les IA et les thérapeutes, 2024).

L’IA, pour Meta, représente aussi une transformation du modèle économique. Zuckerberg mise sur l’automatisation de la publicité via l’IA : les entreprises pourraient interagir directement avec des agents intelligents pour créer, cibler et diffuser leurs campagnes publicitaires, réduisant ainsi les coûts et augmentant l’efficacité (Le Figaro, Zuckerberg et le futur de la publicité avec l’IA, 2025).

Cependant, cette stratégie soulève des inquiétudes. En mai 2025, Meta a été visée par une mise en demeure de plusieurs autorités européennes après avoir annoncé vouloir utiliser les données personnelles de ses utilisateurs pour entraîner ses modèles d’IA. Cela a ravivé les critiques sur le respect de la vie privée et le consentement des utilisateurs (RTBF, Meta va utiliser vos données personnelles pour entraîner son IA, 2025).

Zuckerberg incarne donc une vision expansive et pragmatique de l’IA : une technologie omniprésente, utile, personnalisée, mais aussi profondément intégrée dans les logiques commerciales et sociales de son entreprise. Il y voit un prolongement naturel de la mission de Meta : connecter les individus — mais désormais, avec ou sans humains dans la boucle.

Jeff Bezos, fondateur d’Amazon et président exécutif de son conseil d’administration, voit dans l’intelligence artificielle une rupture technologique majeure, équivalente à l’électricité dans sa capacité à transformer l’ensemble des secteurs économiques. En 2024, il déclarait consacrer 95 % de son temps chez Amazon à l’IA, soulignant que l’entreprise développait alors un millier d’applications internes fondées sur cette technologie (Business Insider, Jeff Bezos: 95% of my time at Amazon is now focused on AI, 2024).

Loin d’adopter une posture alarmiste, Bezos affiche une vision résolument optimiste. Il considère que, malgré les risques, l’IA est « bien plus susceptible de nous sauver que de nous détruire » (Yahoo Finance, Jeff Bezos says AI more likely to save humanity than destroy it, 2024). Il compare les modèles de langage à des découvertes scientifiques plutôt qu’à de simples inventions techniques, insistant sur leur potentiel évolutif et parfois imprévisible (GeekWire, Jeff Bezos on AI: Large language models are discoveries, 2023).

Cette vision de l’IA comme moteur de progrès ne se limite pas au cadre strictement commercial. À travers son Bezos Earth Fund, il a lancé en 2024 un programme de 100 millions de dollars dédié au financement de projets utilisant l’IA pour lutter contre le changement climatique, améliorer les systèmes agricoles ou protéger la biodiversité (Axios, Bezos Earth Fund unveils AI climate grants, 2025).

Bezos insiste également sur la capacité de l’IA à améliorer radicalement la productivité, à condition de l’intégrer intelligemment dans les processus existants. Il soutient le développement d’une IA utile, distribuée à grande échelle, mais dont le contrôle reste entre les mains des humains. Contrairement à certaines figures de la Silicon Valley qui évoquent l’émergence d’une superintelligence potentiellement incontrôlable, il choisit une approche davantage orientée vers les bénéfices concrets à court et moyen terme.

Jeff Bezos a confiance dans le potentiel de l’IA. Il y voit un outil essentiel à la fois pour améliorer les performances économiques d’Amazon et pour relever des défis planétaires tels que le climat ou la sécurité alimentaire. Sa posture est celle d’un entrepreneur pragmatique, convaincu que l’IA, bien employée, peut devenir un allié puissant de l’humanité.

« L’intelligence artificielle est une excellente idée. Dommage qu’elle soit confiée à des humains » Oscar Wilde

DARIO & EMAD. Dario Amodei, PDG d’Anthropic, se distingue dans le paysage de l’intelligence artificielle par son obsession pour la sécurité…
DARIO ET EMAD. Dario Amodei, PDG d’Anthropic, se distingue dans le paysage de l’intelligence artificielle par son obsession pour la sécurité. Ancien directeur de la recherche chez OpenAI, il a quitté l’entreprise en 2021 pour cofonder Anthropic avec sa sœur Daniela, dans le but de concevoir des IA puissantes, mais surtout prévisibles, alignées, et robustes. Il est à l’origine du concept d’« IA constitutionnelle », où les modèles sont entraînés à respecter des principes explicites sans intervention humaine directe (Anthropic, Constitutional AI: Harmlessness from AI Feedback, 2023).

Amodei défend une position lucide : les IA vont devenir extrêmement puissantes, et très vite. En 2025, il déclare que d’ici un an, certains modèles pourraient « dépasser collectivement l’intelligence humaine sur la plupart des tâches intellectuelles » (The Times, Anthropic CEO: « AI Could Be Smarter Than All Humans Next Year », 2025). Mais pour lui, la puissance n’est rien sans contrôle. Il exige des règles du jeu claires, des garde-fous et des tests de robustesse continus.

Il soutient une régulation technique de l’IA, centrée sur les capacités réelles des modèles. À la différence d’autres acteurs qui s’en remettent aux États, Amodei réclame des audits scientifiques permanents, et même la création d’une autorité globale de supervision (Council on Foreign Relations, CEO Speaker Series with Dario Amodei, 2024).

Lui aussi reste prudent sur les capacités réelles des IA. Il reconnaît que les modèles hallucinent encore, mais affirme que « les humains hallucinent aussi, simplement d’une autre manière » (TechCrunch, Anthropic CEO says AI models hallucinate less than humans, 2025). Pour lui, l’IA ne doit pas chercher à être parfaite, mais explicable, alignée, et prévisible.

Emad Mostaque, fondateur de Stability AI, représente une voix radicalement différente dans l’écosystème de l’IA. À l’inverse de ceux qui concentrent les modèles dans des infrastructures géantes et fermées, lui défend une IA open source, distribués, accessible. Avec le lancement de Stable Diffusion en 2022, il a permis au grand public de générer des images par IA sans passer par les serveurs d’OpenAI ou Google — une révolution technique mais aussi idéologique (The Sequence, Emad Mostaque: Unleashing AI, 2023).

Pour Mostaque, l’enjeu est politique : l’IA ne doit pas être contrôlée par une poignée de géants américains. Il prône une réappropriation collective des outils, une transparence du code, et une capacité pour chacun de participer à la révolution en cours. Il évoque même l’IA comme un droit universel, comme l’accès à Internet ou à l’électricité. Selon lui, « l’open source est la seule manière d’éviter une tyrannie technologique mondiale » (Stability AI, Public AI Manifesto, 2023).

Son parcours n’est pas exempt de zones d’ombre. Des journalistes ont révélé des exagérations dans ses déclarations financières et des tensions internes au sein de Stability AI (Forbes, How Stability AI’s CEO Tanked His Billion-Dollar Startup, 2024). En mai 2024, il a quitté la direction de l’entreprise qu’il avait fondée, après une série de controverses (Wikipedia, Emad Mostaque, consulté 2025).

Malgré tout, il reste un symbole d’une certaine vision de l’IA : décentralisée, libre, brute. Il s’oppose à la fascination pour l’AGI ou pour des systèmes omniscients. Son combat n’est pas contre les géants, mais pour une IA qui ne serait pas un pouvoir, mais un outil entre les mains du plus grand nombre.

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