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19 JUIN 2025

HAUT-COMMISSARIAT AU PLAN: LE COMITÉ THÉODULE DE TROP ?

Réactivé en 2020 dans l’ombre des cabinets ministériels, doté d’un budget minuscule, confié à François Bayrou en personne… Est-il l’œil discret de l’État stratège ou un gadget pour placer les copains ?…

Réactivé en 2020 dans l’ombre des cabinets ministériels, doté d’un budget minuscule, confié à François Bayrou en personne… Est-il l’œil discret de l’État stratège, un gadget technocratique de plus ou un contre-pouvoir intellectuel en embuscade ?

Faut-il imaginer un autre système pour penser le long terme et l’inscrire dans les arbitrages de nos dirigeants ?

FAITS & CHIFFRES Le Haut-Commissariat au Plan (HCP) a été créé en 2020 pour piloter la planification stratégique et la réflexion prospective de l’État.
FAITS & CHIFFRES

Le Haut-Commissariat au Plan (HCP) a été créé en 2020 pour piloter la planification stratégique et la réflexion prospective de l’État. (Légifrance, Décret n° 2020-1101 du 1er septembre 2020)

Son budget annuel s’élevait à 1,9 million d’euros en 2023 et 2024, avec une équipe de seulement 14 équivalents temps plein. (Sénat, Rapport général PLF 2024 – Tome III – Annexe 23)

Entre 2020 et 2023, le HCP a produit 18 notes thématiques sur l’énergie, la démographie, la dette ou la réindustrialisation. (Wikipédia, Haut-commissaire au Plan)

Un rapport sénatorial de 2024 dénonçait sa faible visibilité et l’absence de cap, évoquant une “navigation sans boussole”. (Sénat, Communiqué de presse du 20 septembre 2024)

Le 22 janvier 2025, le Sénat a voté la suppression des crédits du HCP dans le cadre du budget 2025. (Public Sénat, Le Sénat vote la suppression du Haut-Commissariat au Plan, 23 janvier 2025)

Le gouvernement a annoncé en janvier 2025 la fusion du HCP avec France Stratégie, dans une optique de rationalisation. (Europe 1, La fusion de France Stratégie et du Haut-Commissariat au Plan passera par des économies, 19 janvier 2025)

Créé en 2013, France Stratégie est un organe d’analyse prospective et d’évaluation des politiques publiques, souvent présenté comme concurrent du HCP. (Wikipédia, France Stratégie)

Le Haut-Commissariat au Plan du Maroc, fondé en 2003, combine fonctions statistiques, planification et prospective économique. (HCP Maroc, Présentation du Haut-Commissariat au Plan)

Aux États-Unis, le Congressional Budget Office (CBO), créé en 1974, fournit au Congrès des projections économiques indépendantes. (CBO, About the CBO)

Des institutions similaires existent en Europe : le Bureau fédéral du Plan en Belgique, le Centraal Planbureau aux Pays-Bas, ou encore le VATT en Finlande. (OCDE, Strategic Foresight Institutions Inventory, 2023)
FLOP. Le débat sur le Haut-Commissariat au Plan (HCP) est sans intérêt. Que cet organisme existe ou non importe peu…
FLOP. Le débat sur le Haut-Commissariat au Plan (HCP) est sans intérêt. Que cet organisme existe ou non importe peu.

La vraie question, c’est pourquoi la planification a été abandonnée pendant quarante ans, et pourquoi on tente de la ressusciter sans remettre en cause les causes profondes de sa disparition. Le HCP n’est qu’un symptôme, pas une réponse.

La France a cessé de planifier dans les années 1980 parce qu’elle a choisi l’économie de marché, la flexibilité et la dérégulation, les services plutôt que l’industrie, la consommation et les accords de libre-échange au travers de l’ Europe. Revenir à la planification aujourd’hui suppose un changement de logiciel complet : repenser les finalités de l’action publique, redéfinir les priorités collectives, accepter des arbitrages forts entre générations, secteurs, régions.

Aucun de ces débats n’est mené. On se contente de petites phrases, de remettre un mot à la mode, sans assumer les ruptures qu’il implique.

Le HCP est un leurre commode. Il donne l’illusion d’un État stratège sans en avoir les moyens. Il propose des notes alors qu’il faudrait des lois. Il incarne une planification de papier dans une société de flux. Il apaise les consciences, mais ne change rien. Le gouvernement peut dire : « Regardez, on réfléchit », pendant qu’il continue à gérer le pays à la petite semaine.

Ce qui manque à la France, ce n’est pas un planificateur de plus, mais un véritable horizon politique. Qui sommes-nous ? Que voulons-nous transmettre ? Que voulons-nous produire, cultiver, protéger ? Ces questions ne relèvent ni du HCP, ni de France Stratégie, ni d’un quelconque rapport. Elles relèvent d’un débat démocratique, d’un vision pour le pays, d’un “projet de société”… qui aille bien au-delà de celui d’une Europe Fédérale.

La construction d’un ‘projet de société’ est un exercice complexe. Si une Europe fédérale représente un modèle potentiellement avantageux d’organisation politique et économique, elle ne saurait suffire ni se substituer à la nécessité d’un “projet de société” spécifiquement français.

Ce dernier doit s’enraciner dans l’histoire, la culture, les enjeux propres à la nation, et être l’expression d’un débat démocratique au sein du cadre national pour répondre aux aspirations du peuple français. L’Europe fédérale est un cadre de coopération pertinent dans lequel le “projet de société” de chaque pays, lié à son identité et sa souveraineté, doit s’insérer.

À défaut de cela, tous les hauts-commissariats du monde ne seront que des cache-misère.
FLIP. Le Haut-Commissariat au Plan (HCP) est l’instrument discret mais nécessaire du retour d’un État stratège dans un monde devenu incertain…
FLIP. Le Haut-Commissariat au Plan (HCP) est l’instrument discret mais nécessaire du retour d’un État stratège dans un monde devenu incertain. Sa mission ? Penser le long terme à l’heure où la politique est prise dans le court-termisme, la communication permanente et l’improvisation budgétaire. Il ne s’agit pas d’un gadget technocratique mais d’un levier de réarmement intellectuel et stratégique, pour replacer l’intérêt général au cœur de l’action publique.

Derrière son budget modeste – à peine deux millions d’euros – se cache une fonction décisive : celle d’articuler les grands enjeux du pays sur plusieurs décennies. Vieillissement, souveraineté industrielle, transition énergétique, dette nationale, démographie, agriculture.. : tous ces défis nécessitent des arbitrages lucides, fondés sur l’analyse, la réflexion, la prospective pas sur les émotions, l’actualité ou les prises de parole.

Le HCP joue le rôle d’un aiguillon, sans prétention opérationnelle, mais avec un rôle d’alerte et de cadrage systémique.

Confier cette tâche à une personnalité politique expérimentée comme François Bayrou, c’est assurer un lien direct avec les cercles de décision tout en gardant une distance critique.

Le HCP n’a pas vocation à publier un rapport tous les mois, ni à concurrencer France Stratégie. Il est complémentaire : plus libre, moins dépendant des cabinets, capable d’initiatives inattendues. C’est cette imprévisibilité même qui en fait un organe utile.

Ceux qui dénoncent son inutilité confondent visibilité et pertinence. L’intérêt du HCP n’est pas de faire du bruit médiatique mais d’ancrer dans la durée une pensée publique, de documenter des tendances lourdes, de signaler des impasses.

Dans une démocratie qui doute d’elle-même, où les choix stratégiques sont souvent reportés, c’est un luxe qu’il faut se permettre.

La suppression votée par le Sénat en janvier 2025 est une erreur de jugement. Ce n’est pas parce qu’un organe est silencieux qu’il est inutile. Ce n’est pas parce qu’il ne gère aucun programme qu’il n’est pas politique.

L’avenir du pays mérite mieux qu’une gouvernance au thermomètre. Le HCP doit donc être consolidé, pas effacé.
FLAP. Le Haut-Commissariat au Plan (HCP) est une coquille vide. Il a été conçu comme un hochet pour Bayrou…
FLAP. Le Haut-Commissariat au Plan (HCP) est une coquille vide. Il a été conçu comme un hochet politique pour François Bayrou, destiné à récompenser sa fidélité, sans aucune cohérence avec les institutions existantes. Ce n’est ni un organe de planification, ni un vrai producteur de politiques publiques. C’est un poste honorifique, doublon de France Stratégie, qui n’a jamais su justifier son existence autrement que par le symbole. En trois ans, le HCP a publié moins de vingt notes. Aucune n’a influencé la moindre loi, la moindre réforme, la moindre orientation stratégique de l’État. Ni le président de la République, ni le gouvernement, ni le Parlement ne s’en sont saisis. Les ministères n’en tiennent pas compte. La Cour des comptes n’y fait pas référence. Les journalistes eux-mêmes en ignorent souvent l’existence. Le budget est faible ? C’est vrai. Mais ce n’est pas une excuse : même modeste, une institution publique doit rendre des comptes, être utile, produire quelque chose. Or, en l’espèce, on a assisté à un empilement d’analyses convenues, sans ligne claire, sans méthode, sans force de frappe. Le rapport sur la démographie ? Peu lu. Celui sur la réindustrialisation ? Redondant avec des dizaines d’autres. La dette ? Tout le monde en parle déjà. Le Sénat a eu raison de couper les crédits du HCP. Il est temps d’assumer une rationalisation des structures de prospective, de renforcer France Stratégie plutôt que d’entretenir des doublons politiques. L’époque demande de la clarté, pas des institutions fantômes. On ne planifie pas le futur avec des symboles, mais avec des outils puissants, crédibles, transparents. Le Haut-Commissariat est tout sauf cela.

« Le long terme, c’est ce que la raison voit, que le pouvoir nie. » Spinoza

BILLET. Le Haut-Commissariat au Plan (HCP) est un échec retentissant. Pour le récompenser, son premier haut commissaire devient Premier Ministre…
BILLET. Le Haut-Commissariat au Plan (HCP) est un échec retentissant. Pour le récompenser, son premier haut commissaire devient Premier Ministre… Loin de convaincre, le HCP a conforté les sceptiques, laissé les indifférents dans leur torpeur et, pire encore, a enterré l’idée même qu’un pays ne se gouverne pas à l’aveugle.

Dans une démocratie moderne fragmentée, accélérée, submergée par des crises systémiques, la planification ne se décrète pas depuis un bureau et ne saurait être l’apanage d’un seul homme, aussi génial soit-il. Elle exige une véritable ingénierie décisionnelle, une culture du long terme profondément ancrée, et des espaces où les visions s’affrontent, où les choix collectifs sont mis à l’épreuve. Ce n’est pas un problème d’organigramme ou de personnalité, c’est un problème de système.

Le 22 janvier 2025, lors de l’examen du budget 2025, le Sénat a voté la suppression du HCP. Les sénateurs, unanimes, ont jugé l’apport de cette instance, pilotée par François Bayrou depuis sa création en septembre 2020, « très mitigé » et symptomatique d’une « navigation à vue ». Un rapport sénatorial de septembre 2024 avait déjà mis en lumière des attributions du HCP qui faisaient doublon avec d’autres organismes, notamment France Stratégie.

Ironie du sort, lors de la commission mixte paritaire sur le budget, la suppression pure et simple a été évitée de justesse, au profit d’une réduction de seulement 5% de la dotation du HCP. Mais le sursis fut de courte durée. En octobre 2024, le Premier ministre Michel Barnier annonçait la fusion imminente du HCP et de France Stratégie, effective fin avril 2025 sous la houlette du nouveau Haut-Commissaire au Plan, Clément Beaune, nommé le 6 mars 2025.

France Stratégie, créée en 2013 pour succéder au Commissariat Général du Plan, est une institution autonome rattachée au Premier ministre, qui contribue à l’action publique par ses analyses et propositions. Elle coordonne un vaste réseau d’organismes : la Plateforme RSE, le Conseil national de productivité (CNP), le Réseau Emplois Compétences (REC), le Haut Conseil des rémunérations, de l’emploi et de la productivité (HCREP), la Commission nationale d’évaluation des politiques d’innovation (CNEPI) et le Conseil d’orientation pour l’emploi (COE), le Conseil d’analyse économique (CAE), le Centre d’études prospectives et d’informations internationales (CEPII), le Conseil d’orientation des retraites (COR), le Haut Conseil pour l’avenir de l’assurance maladie (HCAAM), le Haut Conseil de la famille, de l’enfance et de l’âge (HCFEA), le Haut Conseil du financement de la protection sociale (HCFiPS), le Haut Conseil pour le climat (HCC) et, enfin, elle publie les rapports du Groupe d’experts SMIC…

Tout cela est expliqué en détail sur le site web de France Stratégie. Ce n’est pas une blague…

France Stratégie compte près de 40 experts permanents (économistes, juristes, ingénieurs, sociologues, politistes…), une dizaine de conseillers scientifiques répartis en quatre départements sectoriels, une quinzaine d’agents dans les fonctions support dont près de 10 seraient affectés au service édition, communication, événements.

Derrière cette façade d’expertise se cache une technocratie désincarnée, plus préoccupée de produire des rapports que d’influencer réellement les politiques publiques. Malgré son rattachement au Premier ministre, son impact sur les décisions reste marginal : ses analyses, souvent consensuelles et peu audacieuses, se perdent dans le flot des publications administratives.

En se plaçant au-dessus de la mêlée, France Stratégie cultive l’illusion d’une neutralité rationnelle, alors que l’urgence exigerait des choix clairs et courageux. France Stratégie entretient le mythe d’un État stratège, alors que la réalité est celle d’un État qui se désagrège.

Pour en finir avec ce type de structure, et d’une manière générale tous ces « comités Théodule » (commissions, conseils, observatoires et hauts comités consultatifs redondants, coûteux ou inefficaces), plusieurs pistes se dessinent.

Fusionner et rationaliser. Réduire les doublons, clarifier les missions, mutualiser les moyens (par exemple, fusionner les conseils économiques, sociaux et environnementaux régionaux (CESER) avec d’autres instances territoriales).

Donner la main au Congrès (Parlement et Sénat). Ne pas intégrer la planification aux administrations existantes, ne pas rapatrier certaines missions dans les ministères, ne pas créer de guichet unique de prospective publique, ne pas regrouper toutes les études, rapports, évaluations dans une “haute administration” qui surplomberait les autres…

Imaginer un service de recherche et de prospective au service de nos parlementaires. A l’instar du Congressional Research Service, créé en 1914, le service de recherche non partisan du Congrès américain qui fournit des analyses, des rapports, des mémorandums et des briefings aux membres du Congrès pour les aider à légiférer de manière éclairée.

Concernant la stratégie à long terme des États-Unis, le CRS produit régulièrement des documents touchant aux grands axes géostratégiques, économiques, militaires et sociétaux.

Le rapport « U.S.-China Strategic Competition » (R43838) analyse la rivalité stratégique entre les États-Unis et la Chine, dans les domaines militaires, technologiques et économiques. Le rapport « Supply Chain Resilience » (R47010) examine les vulnérabilités dans les chaînes d’approvisionnement critiques américaines: semi-conducteurs et produits pharmaceutiques. Le rapport « Energy Policy: Overview and Outlook » (R46429) présente une analyse des politiques énergétiques américaines axées sur la réduction de la dépendance aux énergies fossiles et la promotion des énergies renouvelables et examine les trajectoires possibles de transition énergétique. Trois exemples pour des rapports CRS qui se caractérisent par leur rigueur analytique, leur approche non partisane et leur orientation vers l’aide à la décision. Les membres du Congrès américain peuvent ainsi remplir pleinement leur mission et exercer un véritable contre-pouvoir par rapport à l’exécutif.

Systématiser l’appel à des experts indépendants via des appels à projets, pour externaliser les études vers des chercheurs, des labs, des think tanks et des start-up publiques, ce qui permettrait d’alléger les structures permanentes et de gagner en agilité.

Renforcer l’usage de l’intelligence artificielle pour la veille et l’analyse, afin de compiler, résumer, comparer et visualiser des données issues de multiples sources, automatisant ainsi les tâches de veille et optimisant l’exploitation des données existantes.

Créer une « Cour publique de la simplification », instance temporaire composée de citoyens, de juristes et d’experts, chargée d’auditer tous les comités et de proposer des suppressions, à l’image de la Commission Attali ou des missions RGPP (Révision générale des politiques publiques), pour une légitimité démocratique et une approche transversale.

Imposer une clause de “disparition programmée” à toute nouvelle structure consultative, avec une durée de vie limitée par défaut (3 ans) pour forcer la réévaluation périodique de son utilité.

Organiser une séance annuelle en Congrès (Parlement plus Sénat), inscrite au calendrier républicain, au même titre que le débat budgétaire ou le discours de politique générale, et consacrée exclusivement à notre avenir commun : démographie, climat, souveraineté énergétique, technologies critiques, dette.

Établir un droit d’alerte stratégique, contraignant pour le pouvoir exécutif. Dès lors qu’un écart majeur est constaté entre la trajectoire projetée et les décisions prises, l’exécutif pourrait être saisi par 60 parlementaires ou 100 000 citoyens, pour éviter que la prospective ne se réduise à des rapports oubliés.

Penser le long terme, c’est obliger l’État à justifier ses choix devant la société, à rendre des comptes. Ce système doit aussi concerner les collectivités territoriales, où trop de décisions locales (urbanisme, mobilité, climat ou santé..) sont encore prises à l’aveugle, sous la contrainte financière du court terme et sans vision à long terme.

Enfin, nos hauts fonctionnaires, nos ingénieurs, nos administrateurs doivent apprendre à naviguer dans l’incertitude, à marier modélisation et imagination, à concilier contraintes et vision. La prospective n’est pas une compétence annexe, elle doit être au cœur des écoles de service public, des cycles de formation continue et des cabinets ministériels.

Face à la tentation permanente de l’improvisation, du court-termisme et de la communication superficielle, le pays a besoin d’une boussole partagée. Nos parlementaires peuvent-ils jouer ce rôle, incarner ce lieu où l’on réfléchit à notre politique du long terme.

Le besoin est criant pour ne plus sauter d’une nomination à l’autre, d’une structure à l’autre, d’une crise à l’autre. Encore faut-il de la lucidité, du courage et du travail pour réparer ce qui ne fonctionne plus.

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