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25 JUIN 2025

CINQ PASTICHES DE NOS MEILLEURS ECRIVAINS …

Que se passerait-il si Victor Hugo décrivait un bobo parisien avec la même passion épique qu’il mettait à peindre Jean Valjean… ?
Que se passerait-il si Victor Hugo décrivait un bobo parisien avec la même passion épique qu’il mettait à peindre Jean Valjean ? Si Corneille transformait un entretien d’embauche en tragédie héroïque ? Si Baudelaire chantait nos addictions numériques comme il célébrait ses paradis artificiels ?…

Voici cinq pastiches qui ne se contentent pas d’imiter nos grands auteurs : ils révèlent avec malice combien leurs obsessions éternelles résonnent dans nos vies contemporaines.

Entre hommage et satire, ces textes nous rappellent que le génie littéraire, c’est cette capacité à transformer n’importe quelle époque en émotion.
Victor Hugo (1802-1885) – « Les Méprisables » –
Hugo était le maître de l’épopée sociale et du réalisme romantique…
Victor Hugo (1802-1885) « Les Méprisables » Victor Hugo était le maître de l’épopée sociale et du réalisme romantique. Son style se caractérise par des descriptions fleuves, des digressions philosophiques interminables, et une tendance à transformer chaque personnage en symbole universel. Dans Les Misérables, il consacre cinquante pages à décrire l’âme tourmentée de Jean Valjean ou l’histoire des égouts de Paris. Sa prose est majestueuse, emphatique, ponctuée d’apostrophes lyriques et de métaphores grandioses. Notre parodie « Les Méprisables » capture cette grandiloquence hugolienne appliquée au bobo parisien contemporain. On retrouve les longues descriptions sociologiques, les définitions quasi-scientifiques du personnage, et cette façon hugolienne de présenter un individu comme le représentant de toute une époque… Il s’appelait Timothée. Il n’était ni pauvre, ni riche. Il n’était ni noble, ni roturier. Il n’était pas ouvrier, pas paysan, pas marchand, pas seigneur. Il était… autre chose. Une chose nouvelle, inconnue, difficile à définir : il était ce que le siècle nomme, faute de mieux, un bobo. Plus précisément encore, un bobo écolo parisien, spécimen en expansion. Timothée vivait au quatrième étage d’un immeuble ancien, sans ascenseur, car l’ascenseur « c’est pour les capitalistes pressés ». Il montait donc à pied, lentement, portant sa fatigue comme une vertu et son tote bag comme une armure. Il habitait dans le XIe arrondissement, car Montreuil était devenu trop commun, et le Marais trop compromis. Là, au milieu d’un quartier qui avait connu des ouvriers, puis des artistes, puis des agents immobiliers, il menait une vie faite de renoncements affichés et de conforts dissimulés. Il se levait tard, ce qui lui permettait de dire qu’il respectait ses rythmes biologiques. Il buvait des infusions de plantes oubliées, découvrait chaque semaine un nouveau mot tibétain, et parlait souvent de “l’alignement intérieur”, bien que ses comptes bancaires le fussent rarement, alignés.
Son appartement était décoré de choses simples mais coûteuses. Un tapis berbère “trouvé par hasard” (mais commandé sur Internet), un tableau abstrait signé d’un ami très connu, et une bibliothèque remplie de livres non lus, mais lourds et épais. Il parlait de décroissance avec des mots élégants, mais commandait ses légumes bio en ligne. Il défendait les territoires, mais ne supportait pas les gens qui y vivaient vraiment. Il pleurait sur la planète, mais prenait l’avion « une fois par an, pour l’Inde, c’est spirituel ». Et quand, le soir venu, il s’asseyait sur sa chaise en bois recyclé, face à sa compagne Clémence qui travaillait dans « l’éthique culturelle des transitions », il disait, pensif, devant une soupe miso : « Le monde court à sa perte, Clémence. Heureusement, on a arrêté de chauffer le salon » Et Clémence hochait la tête. Car dans leur monde à eux, l’ironie n’était pas un péché. C’était un mode de survie.
Albert Camus (1913-1960)
– « L’Influenceur » –
Camus a développé un style d’une simplicité trompeuse, fait de phrases courtes…

Albert Camus (1913-1960) – « L’Influenceur »

Camus a développé un style d’une simplicité trompeuse, fait de phrases courtes, au présent, de vérités générales, d’une neutralité apparente qui cache une profondeur philosophique immense. L’incipit de L’Étranger : « Aujourd’hui, maman est morte » est devenu emblématique de cette écriture blanche, dépouillée, qui exprime l’absurdité de la condition humaine par sa fausse évidence.

Notre parodie “L’Influenceur” reproduit avec une précision saisissante cette écriture camusienne : les phrases courtes et sèches, l’apparent détachement du narrateur, la chronologie factuelle qui masque un vide existentiel. L’influenceur moderne devient un parfait héros de l’absurde, condamné à poster sans comprendre pourquoi, jugé par un tribunal numérique aussi arbitraire que celui qui condamne Meursault.

Aujourd’hui, maman a liké. Ou peut-être hier. Je ne sais plus. J’ai vu passer la notification ce matin, pendant que je scrollais dans le lit. Elle a liké une photo que j’ai postée il y a trois jours. Celle où je suis face à la mer, les bras ouverts, avec la citation : « Ce n’est pas l’horizon qui m’appelle, c’est le vide qu’il cache. »

J’ai mis ça parce que ça faisait profond. En vérité, j’avais juste froid. Il y avait du vent. Mais le ciel était beau, et la lumière douce. Ça plaisait bien aux gens.

Je me suis levé tard. J’ai bu un café froid. J’ai ouvert Instagram. Trois nouveaux commentaires. Deux « incroyable » et un emoji flamme. J’ai répondu « merci » sans émotion.

Ensuite j’ai fait une story. C’était une photo de mes pieds, sur le parquet. J’ai écrit : « Ralentir. Ressentir. Revenir. » J’ai ajouté un filtre noir et blanc. Je ne ressentais rien. Mais je me suis dit que ça passerait bien.

Vers midi, Sylvie est passée. Elle m’a apporté une soupe miso et m’a demandé si j’allais poster sur le projet de loi. J’ai haussé les épaules. Je lui ai dit que je ne savais pas encore. Que je devais sentir si ça matchait avec ma ligne éditoriale.

Elle m’a regardé bizarrement. Puis elle est partie. J’ai posté une citation de Pessoa. L’après-midi, j’ai regardé une vidéo d’un coach qui expliquait comment monétiser son authenticité. Il disait qu’il fallait “être vulnérable, mais contrôlé”. J’ai pris des notes. Il faisait chaud. J’ai transpiré sans raison. Le monde me paraissait flou, comme mal cadré.

Le lendemain, mon compte a été suspendu. On m’a signalé pour “comportement ambigu”, “absence de position claire”, et “désengagement passif-agressif sur des sujets urgents”.

J’ai reçu une notification : “Votre profil a enfreint les standards de la communauté.” Je ne comprenais pas bien. J’avais juste posté ce que je ressentais. Ou plutôt, ce que je pensais qu’il fallait ressentir. Mais peut-être que ça ne suffisait plus.

On m’a assigné un médiateur de crise. Il s’appelait Jonathan. Il portait une chemise blanche et souriait avec les dents. Il m’a demandé si j’avais conscience du vide que je laissais derrière moi. Je lui ai répondu que je n’avais pas d’avis. Que ça dépendait de l’algorithme.

Ensuite, ils ont tout rejoué : les stories, les reels, les messages. Une sorte de tribunal mou, fait de pixels et de phrases copiées-collées. On m’a reproché d’avoir souri sur une photo, trois jours après une actualité tragique. On m’a dit que j’aurais dû épingler un lien.

J’ai dit que je n’y avais pas pensé. Que j’étais à la plage. Un modérateur a demandé si je regrettais. J’ai répondu : “non”. Pas par défi. Simplement parce que je ne ressentais rien de spécial. Tout cela me paraissait logique.

Sylvie a témoigné. Elle a dit que j’étais devenu flou. Que je ne vibrais plus. Elle a dit : “il like par réflexe, il vit sans enjeu, il commente sans se mouiller.” Je l’ai trouvée un peu dure, mais je ne l’ai pas contredite.

Le soir, on a prononcé la sentence. Mon compte serait définitivement supprimé. Je ne pourrais plus revenir, ni sous pseudonyme, ni via un nouveau mail.

J’ai passé ma dernière nuit sur l’appli. J’ai relu mes propres citations. Certaines étaient belles. D’autres n’étaient que des phrases. Mais dans le silence de l’écran noir, tout semblait égal.

Ce matin, le soleil est revenu. J’ai ouvert les volets. Je n’ai rien filmé. Il faisait chaud, et j’avais la tête légère. Je me suis dit qu’il fallait bien mourir à quelque chose. À l’indifférence, au silence, ou à la perte d’un mot de passe. J’ai fermé les yeux.

Pierre Corneille (1606-1684) – « Le CV » – Corneille a révolutionné le théâtre français avec ses vers alexandrins ciselés…
Pierre Corneille (1606-1684) – « Le CV » Corneille a révolutionné le théâtre français avec ses vers alexandrins ciselés et ses héros déchirés entre devoir et passion. Son style est noble, rhétorique, construit sur des antithèses saisissantes et des formules lapidaires qui sont devenues célèbres « À vaincre sans péril, on triomphe sans gloire ». Ses personnages parlent avec une solennité aristocratique, même dans les moments les plus intimes. Chaque dilemme devient un débat moral universel. Notre parodie “Le CV” reprend fidèlement la structure dramatique cornélienne avec ses scènes numérotées, ses personnages typés, et surtout cette façon de transformer un entretien d’embauche en combat épique. Les alexandrins détournés (« Ô Destin, me voici, tremblant sous le néon ») conservent la noblesse du ton original tout en décrivant les réalités triviales du monde du travail. L’honneur cornélien devient ici l’employabilité. Le sacrifice héroïque se mue en acceptation d’un CDD.

Don Ricardo, jeune ambitieux, armé d’un master et d’un PowerPoint. Le Recruteur, homme d’âge mûr, RH impitoyable mais juste. Chimène HR, chargée de mission junior au regard pénétrant. Le DRH, figure lointaine et redoutée.

DON RICARDO : Ô Destin, me voici, tremblant sous le néon, Vêtu de mon plus beau costume Décathlon. J’ai lu Sun Tzu ce matin, bu deux cafés serrés, Et je viens défendre ma cause sans tarder.
LE RECRUTEUR : Je vois ton CV court, deux pages sans fioritures. Tu dis “dynamique”, “mobile”, “aimant les aventures”… Tu parles six langues, mais sans immersion. Que fais-tu donc, jeune homme, de ta prétention ?
DON RICARDO : J’ai fait Dauphine, monsieur, j’ai couru les stages, Sans salaire ni ticket, mais plein de courage. J’ai PowerPointé fort, j’ai Excelé sans bruit, J’ai networké des jours, j’ai ghosté mes ennuis.
CHIMÈNE HR : Il est vert, mais sincère ; il est jeune, mais fier. Il croit encore que l’effort mène à la lumière. Laissez-lui sa chance, monsieur, un CDD, Ou même un stage long : c’est la même durée.
LE DRH Qu’on l’envoie en test logique, puis entretien visio. S’il ne flanche pas, qu’il soit intégré à l’open-space niveau zéro.
Baudelaire (1821-1867) – « Les Épines du Bien » – Baudelaire a créé la poésie de la modernité urbaine avec ses Fleurs du Mal…
Charles Baudelaire (1821-1867) – « Les Épines du Bien » Baudelaire a créé la poésie de la modernité urbaine avec ses Fleurs du Mal. Son style mêle le raffinement classique à une mélancolie profonde, transformant la laideur du monde moderne en beauté poétique. Il excelle dans l’oxymore « luxe, calme et volupté », les correspondances sensorielles, et cette façon unique de trouver l’idéal dans le spleen. Notre parodie « Les Épines du Bien » transpose l’univers baudelairien dans notre époque numérique. Le spleen devient mal de dos, l’ennui métaphysique se mue en addiction aux réseaux sociaux, mais la structure poétique demeure : les quatrains classiques, les rimes embrassées, et surtout cette capacité à transformer la trivialité moderne en matière poétique noble. L’ironie du titre pastiche Les Fleurs du Mal et suggére que nos « bonnes » habitudes modernes sont nos nouvelles épines.

L’Homme Assis Je suis l’homme assis — morne, devant l’écran, Mon dos en croix s’étire et ma nuque s’effondre, Prisonnier du visio, du slack et du temps, J’ai mal à l’âme… mais surtout à la lombre. Mes vertèbres gémissent dans le soupir du jour, Chaque mail est un cri, chaque tâche un supplice, Je clique et je reclique avec un vague amour, Tandis que mon sciatique compose un artifice. Ô chaise ergonomique, es-tu donc un mensonge ? Tes promesses de confort m’ont jeté dans l’oubli. Comme l’amant trahi d’un vieux fauteuil qui ronge, Je rêve d’un tapis… et d’un kiné ravi.

La Nausée Numérique J’ai vu passer des reels, des tweets, des révélations, Des filles qui font du gainage sur fond de dépression. J’ai scrollé, j’ai liké, j’ai perdu la raison, Baudelaire avait l’opium, moi… j’ai la connexion.

Spleen #28 — Le Syndrome de la Notification Quand la bulle rouge s’allume, je tremble, je frissonne, Un mail, un message ? Un rappel ? Une icône ? J’ouvre, je lis : “-10 % sur ton shampoing bio.” Et je m’enfonce plus bas que mon moral au rabio.

« J’ai lu ces cinq pastiches. Je n’ai rien appris mais j’ai tout reconnu » Voltaire

Jean de La Fontaine (1621-1695) – « Le Mac et le Mulot » – La Fontaine a révolutionné la fable en mêlant morale antique et esprit français
Jean de La Fontaine (1621-1695) – « Le Mac et le Mulot » La Fontaine a révolutionné la fable en mêlant morale antique et esprit français, naïveté apparente et finesse psychologique. Ses vers libres, ses dialogues vivants et ses morales tantôt évidentes, tantôt subversives, cachent une critique sociale redoutable sous l’apparente simplicité du récit animalier. Son génie réside dans sa capacité à faire parler les animaux comme des humains, révélant ainsi nos travers les plus profonds. Notre parodie « Le Mac et le Mulot » respecte le moule de La Fontaine : mise en scène d’un conflit entre deux caractères opposés, dialogue révélateur des personnalités, et morale finale qui dépasse le simple cadre technologique pour interroger notre rapport au temps et à la profondeur. L’alexandrin classique côtoie l’octosyllabe dans la pure tradition et la leçon finale aurait pu figurer dans les Fables originales, tant elle épouse parfaitement l’esprit du maître. Dans un salon feutré, tout de verre et de bruit, Vivait un Mac dernier cri, très sûr de son débit. Lisse, lumineux, prompt à briller sans peine, Il passait pour génie chez les âmes modernes.
Vint à lui, par un soir, un vieux mulot sans fil, Fatigué, ricanant, lent comme un mois d’avril. « Bonjour, dit le Mac, tu cliques de travers. On dirait que ton temps est resté à hier. »
Le mulot répondit, d’un ton un peu moqueur : « Mon cher, tu scintilles, mais où donc est ton cœur ? Tu ouvres cent applis, tu défiles sans trêve, Tu connais tous les sons, mais ignores le rêve. »
Le Mac se mit à rire, un rire de clavier : « Je danse, je fais rire, j’inspire les lycéens ! Je suis TikTok, Insta, la gloire sans détour. Le monde me regarde… pendant au moins un jour. »
Mais le mulot, lucide, lui fit cette morale : « Ton éclat est rapide, mais ton vide est brutal. Tu distractes les foules, mais ne les élèves guère. Quand tout devient viral, qui donc devient sincère ? »
MORALE : Qui vit dans l’instant fuit souvent la pensée. Et plus l’on scrolle bas, plus le haut nous est ôté.

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