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27 JUIN 2025

NATO, TRUMP, MACRON : QUEL AVENIR POUR LA DÉFENSE EUROPÉENNE APRÈS LE SOMMET DE LA HAYE ?

Le sommet de La Haye, en juin 2025, marque un tournant : les pays européens de l’OTAN s’engagent à consacrer 5 % de leur PIB à la défense. Mais, derrière ce chiffre…
Le sommet de La Haye, en juin 2025, marque un tournant : les pays européens de l’OTAN s’engagent à consacrer 5 % de leur PIB à la défense. Mais derrière ce chiffre se joue un débat stratégique de fond.

Donald Trump impose sa logique : payer plus pour rester sous protection américaine. A l’inverse, Emmanuel Macron pousse pour une autonomie stratégique européenne. Entre les deux, une voie médiane cherche à européaniser l’OTAN sans la briser.

L’enjeu est clair : transformer ces moyens nouveaux en puissance réelle. Mais comment y parvenir dans une Europe encore divisée, désarmée sur le plan industriel, hésitante sur le plan politique ? Peut-on construire une défense commune sans renoncer à l’Alliance ? Jusqu’où aller dans l’émancipation sans fracturer l’équilibre transatlantique ?
FAITS & CHIFFRES. En 2023, seuls 11 des 32 pays membres de l’OTAN respectaient l’objectif des 2 % du PIB consacrés à la défense, fixé en 2014 au sommet de Newport…
FAITS & CHIFFRES

En 2023, seuls 11 des 32 pays membres de l’OTAN respectaient l’objectif des 2 % du PIB consacrés à la défense, fixé en 2014 au sommet de Newport. La France est à 1,9 %, l’Allemagne à 1,6 %, tandis que les États-Unis restent largement en tête à plus de 3,5 %. (Source : OTAN, rapport annuel 2023)

Les États-Unis assurent à eux seuls 68 % de l’ensemble des dépenses militaires des pays de l’Alliance, contre 4,5 % pour l’Allemagne, 2,5 % pour la France, et moins de 1 % pour plusieurs pays d’Europe de l’Est. (Source : SIPRI, World Military Expenditure 2023)

Donald Trump a déclaré en février 2024 qu’il encouragerait la Russie à « faire ce qu’elle veut » à un pays membre de l’OTAN qui ne paierait pas sa part pour sa propre défense. Cette déclaration a relancé la controverse sur la garantie réelle de l’article 5. (Source : CNN, 10 février 2024)

Emmanuel Macron, en juin 2023 à Bratislava, a plaidé pour une « autonomie stratégique européenne » permettant à l’Europe de ne plus dépendre des États-Unis pour sa sécurité et de « choisir ses partenaires, pas de s’en remettre à eux par défaut ». (Source : Discours à Globsec, présidence de la République française)

L’Union européenne dispose de 27 armées nationales, avec 178 systèmes d’armement différents (contre 30 aux États-Unis), très peu interopérables, et peu d’achats groupés. Cette fragmentation limite drastiquement l’efficacité d’une défense européenne intégrée. (Source : European Defence Agency, rapport CARD 2022)

80 % des achats d’équipements militaires par les États européens ont été réalisés hors d’Europe en 2022, majoritairement aux États-Unis, ce qui révèle la dépendance structurelle des armées européennes aux industriels non-européens. (Source : European Defence Agency, données 2023)

Selon la RAND Corporation, un retrait total des États-Unis de l’OTAN impliquerait pour l’Europe une augmentation de ses dépenses militaires annuelles d’au moins 300 à 400 milliards d’euros pour maintenir un niveau comparable de protection. (Source : RAND Corporation, rapport 2020)

Les opinions publiques restent majoritairement favorables à l’OTAN en Europe, avec 65 % d’opinions positives en moyenne, mais des disparités fortes : 82 % en Pologne, seulement 45 % en France. (Source : Pew Research Center, mars 2023)

71 % des citoyens européens se déclarent favorables à une armée européenne commune, mais aucun gouvernement ne veut céder le contrôle national de ses troupes ou de ses chaînes de commandement. (Source : Eurobaromètre spécial 2022)

L’OTAN maintient à ce jour 30 000 soldats en alerte immédiate, 40 000 en rotation dans l’Est de l’Europe, et conserve l’essentiel de ses capacités de commandement centralisées à Bruxelles, mais largement sous direction américaine. (Source : OTAN, Force Structure Overview 2023)
UN TOURNANT HISTORIQUE
Réunis à La Haye les 24 – 25 juin 2025, les 32 pays membres de l’Alliance Atlantique ont adopté une déclaration commune…
SOMMET DE LA HAYE: UN TOURNANT HISTORIQUE. Réunis à La Haye les 24 et 25 juin 2025, les 32 pays membres de l’Alliance Atlantique ont adopté une déclaration commune ambitieuse : consacrer 5 % de leur PIB aux dépenses de défense et de sécurité d’ici 2035. Un tournant historique, salué avec emphase par Donald Trump, qui a qualifié ce sommet de « succès monumental » pour les États-Unis. Selon lui, ce nouvel engagement corrige une injustice : « Les États-Unis dépensaient bien plus que leur juste part. »

Dans cette logique, le sommet a été l’occasion de réaffirmer le principe de solidarité défensive inscrit dans l’article 5 du Traité de Washington : une attaque contre l’un est une attaque contre tous. Les investissements annoncés comprennent 3,5 % du PIB pour les capacités militaires de base, et jusqu’à 1,5 % pour la protection des infrastructures critiques.

La majorité des dirigeants européens se sont montrés enthousiastes, soulignant la souplesse du cadre retenu. La Première ministre italienne Giorgia Meloni a salué des objectifs « flexibles et atteignables », assurant que l’Italie n’aurait pas à sacrifier d’autres priorités budgétaires. Le Canada, par la voix de Mark Carney, s’est engagé à suivre l’effort, tout comme la Finlande, la Pologne, et même l’Espagne — malgré les critiques virulentes de Donald Trump à l’égard de Pedro Sanchez, jugé trop timide en matière de réarmement. Trump a menacé Madrid de représailles commerciales, affirmant que « l’économie de l’Espagne pourrait être complètement détruite » si elle ne s’alignait pas sur les 5 %.

Dans ce concert martial, la voix d’Emmanuel Macron a tranché nettement. Le président français a salué l’engagement collectif, mais dénoncé une incohérence stratégique fondamentale : « On ne peut pas demander aux Européens de réarmer massivement tout en déclenchant une guerre commerciale contre eux. » Il a appelé à une désescalade tarifaire entre alliés et à une « véritable paix économique », visant directement les taxes douanières américaines sur les produits européens. Macron a également réitéré son attachement à l’autonomie stratégique de l’Europe, insistant sur le renforcement de la base industrielle de défense du continent, ainsi que sur la nécessité d’un dialogue avec les puissances nucléaires régionales, comme l’Iran.

En marge des discussions officielles, Donald Trump a multiplié les gestes politiques : rencontre chaleureuse avec Volodymyr Zelensky (dont il dit qu’elle « n’aurait pas pu mieux se passer »), entretien amical avec Geert Wilders sur l’immigration, et déclarations provocantes sur le conflit Iran-Israël, comparé à « une bagarre de cour d’école » où « Papa doit parfois hausser le ton ».

Dans cette séquence, Emmanuel Macron apparaît relativement isolé. Tandis que la plupart des dirigeants ont préféré s’aligner sur la feuille de route américaine, quitte à minimiser les tensions commerciales ou les divergences stratégiques, le président français a cherché à défendre une ligne plus autonome, plus européenne, mais sans relais forts à ses côtés. Dans le nouvel équilibre de l’Alliance, il semble isolé, voire à contre-courant.
TRUMP NEGOCIE.
Le sommet de La Haye marque la victoire de la ligne Trump. Après des années de tergiversations, l’Europe accepte enfin de payer le prix de sa sécurité…
TRUMP A RAISON. Le sommet de La Haye marque la victoire de la ligne Trump. Après des années de tergiversations, l’Europe accepte enfin de payer le prix de sa sécurité. L’objectif de 5% du PIB n’est pas une fantaisie : c’est le retour à la réalité géopolitique. Ce que Trump exprime brutalement, d’autres dirigeants américains l’ont murmuré depuis des décennies. De Robert Gates à Barack Obama, tous ont dénoncé l’asymétrie croissante de l’Alliance. La vérité crue : l’OTAN ressemble de plus en plus à un protectorat déguisé qu’à une alliance d’égaux. Prenons l’exemple de l’Allemagne. Première puissance économique européenne, elle consacre moins à sa défense que la Corée du Sud (2,8% du PIB), pays techniquement en guerre depuis 70 ans. Quand Berlin refuse d’envoyer des Taurus en Ukraine par « principe pacifiste » tout en sous-traitant sa sécurité à Washington, où est la cohérence ? La paix allemande se construit sur les missiles américains. L’asymétrie va bien au-delà des chiffres. Lors de l’intervention en Libye (2011), les Européens ont épuisé leurs stocks de munitions en trois semaines, contraignant les États-Unis à prendre le relais. Au Mali, l’opération Serval française n’a pu être menée qu’avec le soutien logistique américain. En Ukraine, l’Europe produit 300 000 obus par an quand la Russie en tire 5 millions. Cette dépendance génère un chantage permanent. Trump menace ? L’Europe tremble. Biden exige des sanctions contre la Chine ? L’Europe hésite mais s’aligne. Car sans autonomie militaire, pas de souveraineté politique. L’Allemagne l’a appris à ses dépens avec le gaz russe : qui dépend stratégiquement d’un tiers abdique sa liberté de décision. Le modèle asiatique prouve qu’une autre voie existe. Le Japon consacre officiellement 1% de son PIB à sa défense, mais investit massivement dans les technologies duales. La Corée du Sud développe une industrie d’armement exportatrice. Singapour maintient un service militaire obligatoire et des réserves considérables. Ces pays assument leur sécurité sans renoncer à l’alliance américaine. L’Europe, elle, a choisi l’infantilisation. Elle revendique le multilatéralisme mais refuse d’en payer le prix. Elle critique l’unilatéralisme américain mais n’offre aucune alternative crédible. Elle rêve de puissance normative tout en déléguant la puissance militaire. Trump révèle cette contradiction en la poussant à l’extrême. Il ne veut pas détruire l’OTAN mais la rééquilibrer. Faire des Européens des partenaires, non des protégés. Sa méthode est discutable, mais son diagnostic est correct. Le succès du sommet de La Haye lui donne raison : quand Washington hausse le ton, l’Europe s’aligne. Même l’Espagne de Sanchez, pourtant réticente, a cédé face aux menaces de guerre commerciale. La leçon est claire : le rapport de force prime sur la diplomatie de salon.
MACRON INSPIRE. L’autonomie stratégique européenne n’est pas un caprice gaullien mais une nécessité face au pivot américain vers …

MACRON A RAISON. L’autonomie stratégique européenne n’est pas un caprice gaullien. C’est une nécessité géopolitique face au pivot américain vers l’Asie. Washington l’a dit clairement : la Chine est la priorité, l’Europe un théâtre secondaire.

Dans cette logique, l’OTAN devient un instrument de projection américaine, non de défense européenne. Le sommet de La Haye en est l’illustration parfaite : les Européens s’engagent à dépenser 5% de leur PIB, mais sans garantie sur l’utilisation de ces fonds. Achèteront-ils européen ou américain ? Développeront-ils leur industrie ou resteront-ils dépendants ?

La position de Macron, bien qu’isolée à La Haye, révèle cette contradiction fondamentale : comment réarmer l’Europe tout en subissant une guerre commerciale américaine ? Comment parler de souveraineté tout en important massivement du matériel militaire américain ? L’incohérence dénoncée par le président français n’est pas que rhétorique : elle est stratégique

L’exemple ukrainien est révélateur. Les États-Unis fixent les règles d’engagement, contrôlent les livraisons d’armes, décident des escalades. L’Europe paie et s’aligne. Résultat : 200 milliards d’euros d’aide sans stratégie de sortie, des économies européennes affaiblies par les sanctions, une dépendance énergétique accrue. Qui a perdu le plus dans cette guerre ? Certainement pas les États-Unis.

Cette logique se retrouve partout. Sur la tech, l’Europe applique les sanctions américaines contre Huawei tout en perdant son marché chinois. Sur l’énergie, elle renonce au gaz russe bon marché pour importer du GNL américain trois fois plus cher. Sur l’industrie, elle achète américain au nom de l’interopérabilité OTAN.

Pourtant, d’autres modèles existent. Israël développe ses propres systèmes (Iron Dome, Trophy) tout en bénéficiant de l’aide américaine. La Turquie produit ses drones (Bayraktar) malgré les embargos occidentaux. L’Inde refuse de choisir entre Washington et Moscou, développe sa base industrielle, exporte ses armes.

La France a montré la voie. Avec ses interventions au Sahel, elle a prouvé qu’une puissance européenne peut agir de manière autonome. Le Rafale s’exporte sans demander l’autorisation à Washington. La dissuasion nucléaire française protège l’Europe sans tutelle américaine. L’industrie de défense française (Dassault, Thales, Naval Group) rivalise avec les géants américains.

Mais la France seule ne peut pas faire l’Europe de la défense. Il faut un écosystème industriel, des marchés intégrés, une doctrine commune. C’est le sens des projets franco-allemands : SCAF pour l’aviation de combat, MGCS pour les chars du futur. Lents, complexes, mais indispensables pour réduire la dépendance.

L’argument du coût ne tient pas. La Corée du Sud a développé en 20 ans une industrie d’armement exportatrice en partant de rien. Ses chars K2 rivalisent avec les Leopard allemands, ses frégates s’exportent, ses missiles balistiques inquiètent Pyongyang. Tout cela avec un PIB inférieur à celui de l’Italie.

L’autonomie européenne n’est pas l’autarcie. C’est la capacité de choisir ses partenaires sans subir leurs choix. De coopérer sans abdiquer. D’être allié sans être assujetti. Mais cette autonomie suppose du courage politique : accepter l’isolement temporaire plutôt que l’alignement permanent. À La Haye, Macron était seul contre tous. Peut-être avait-il tort tactiquement. Mais il avait raison stratégiquement.

« L'Europe Bisounours préfère externaliser ses guerres pour ne surtout pas avoir à y envoyer ses soldats » Clemenceau

NATO  S’ EUROPEANISE ? Le sommet de La Haye révèle un paradoxe : l’Europe accepte de se réarmer massivement, mais sans vision stratégique propre…
EUROPÉANISER L’OTAN. Le sommet de La Haye révèle un paradoxe : l’Europe accepte de se réarmer massivement, mais sans vision stratégique propre. L’engagement de 5% du PIB est historique, mais à quoi servira-t-il ? À acheter américain sous contrainte tarifaire ? À développer 178 systèmes d’armement incompatibles ? À financer des projets décidés à Washington ? Faux débat que d’opposer l’OTAN à l’Europe de la défense. La vraie question : comment transformer une alliance asymétrique en partenariat équilibré ? Comment faire de l’Europe un pilier, non un supplétif ? L’accord de La Haye offre une opportunité unique, à condition de l’utiliser intelligemment. L’OTAN reste irremplaçable pour trois raisons. D’abord, l’intégration : 75 ans de coopération militaire ont créé des standards, des procédures, une interopérabilité unique au monde. Aucune autre alliance n’atteint ce niveau d’intégration. Ensuite, la dissuasion : le parapluie nucléaire américain couvre l’Europe face à la Russie et à d’éventuelles menaces futures. Enfin, l’expérience : l’OTAN a géré tous les défis sécuritaires européens depuis 1949, des missiles de Cuba à la guerre du Kosovo. Mais cette OTAN doit évoluer. Devenir plus européenne dans sa gouvernance, plus équilibrée dans ses contributions, plus adaptée aux défis du 21e siècle. Cela suppose plusieurs réformes structurelles. Premièrement, créer un pilier européen autonome au sein de l’OTAN. Sur le modèle du commandement nucléaire français, indépendant mais intégré. Les Européens prendraient en charge leur défense territoriale, les États-Unis se concentrant sur la projection globale. Division du travail, non subordination. Deuxièmement, européaniser l’industrie de défense OTAN. Imposer des quotas d’achats européens dans les budgets nationaux. Créer un « Buy European Defense Act » sur le modèle du « Buy American Act ». Développer des champions européens capables de concurrencer Lockheed Martin ou Raytheon. Troisièmement, régionaliser les responsabilités. La France dirigerait le flanc sud (Sahel, Méditerranée), l’Allemagne et la Pologne l’flanc est (Russie, Baltique), le Royaume-Uni et la Norvège le flanc nord (Arctique). Chacun dans sa zone d’expertise géographique. Des modèles existent. L’ANZUS associe l’Australie, la Nouvelle-Zélande et les États-Unis sans hiérarchie rigide. L’Alliance du Pacifique (Colombie, Chili, Pérou, Mexique) fonctionne par coalitions variables. L’ASEAN maintient sa cohésion malgré la diversité de ses membres. Le Japon montre comment moderniser une alliance avec les États-Unis. Tokyo a développé ses capacités de contre-attaque, assume sa défense anti-missile, coproduit des systèmes d’armes avec Washington. Partenariat, non vassalité. L’Europe peut faire de même. Condition : accepter de payer le prix de l’autonomie. L’engagement de 5% du PIB d’ici 2035 en donne les moyens, reste à définir la stratégie. Doubler les budgets de défense, créer des champions industriels, former des élites stratégiques. Arrêter de rêver d’un monde sans conflits quand les autres se préparent à la guerre. La géopolitique du 21e siècle sera multipolaire. L’Europe doit choisir : subir cette évolution ou la façonner. Rester un protectorat américain ou devenir un partenaire respecté. L’OTAN peut être l’instrument de cette transformation, à condition de la réformer de l’intérieur. Le sommet de La Haye en a posé les bases financières. Reste à construire les bases politiques.

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