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3 JUILLET 2025

INTELLIGENCE ARTIFICIELLE : LES ILLUSIONS DANGEREUSES

Elles répondent plus vite que nous, sans se fatiguer. Elles recherchent, écrivent, traduisent, résument. Les intelligences artificielles semblent tout pouvoir, mieux que nous…
Elles répondent plus vite que nous, sans se fatiguer. Elles recherchent, écrivent, traduisent, résument… Les intelligences artificielles semblent tout pouvoir, mieux que nous.

Mais derrière cette performance hypnotique, une autre réalité se dessine : celle des illusions.

Illusion d’intelligence, alors qu’il ne s’agit que de calculs.

Illusion de neutralité, quand les biais sont codés dans les données.

Illusion de performance, alors qu’on s’en remet à des modèles opaques pour gagner du temps sans penser, choisir ou décider.

Et si le plus grand danger de l’IA, ce n’était pas ce qu’elle fait… mais ce que nous cessons de faire parce qu’elle le fait à notre place ?
FAITS & CHIFFRES
La France vise le seuil des 1 000 start-ups spécialisées en intelligence artificielle d’ici fin 2025…
FAITS & CHIFFRES

La France vise le seuil des 1 000 start-ups spécialisées en intelligence artificielle d’ici fin 2025, dans le cadre d’un écosystème soutenu par l’État et labellisé « excellence technologique » par le ministère de l’Économie (Ministère de l’Économie, « Intelligence artificielle en France : un écosystème d’excellence », 2025).

Les effets de l’IA sur l’emploi s’annoncent complexes : substitution de tâches, évolution des compétences, redistribution des rôles humains, mais aussi incertitude sociale croissante dans de nombreux secteurs, selon une étude gouvernementale sur le dialogue social numérique (Société Numérique, « Impacts de l’intelligence artificielle sur le travail », 2025).

L’État français a amorcé une accélération des investissements publics dans l’intelligence artificielle, avec des annonces de financement massif dans le cadre de plans stratégiques et de collaborations public-privé (Wikipédia, « Sommet pour l’action sur l’intelligence artificielle », 2025).

Des biais algorithmiques préoccupants ont été relevés dans les services publics, notamment dans l’attribution d’aides sociales ou le contrôle automatisé, ce qui a conduit la Défenseure des droits à lancer un appel à la vigilance (Le Monde, « La Défenseure des droits appelle à la vigilance sur l’usage des algorithmes », 13 novembre 2024).

La stratégie nationale pour l’intelligence artificielle repose sur trois piliers : attractivité des talents, développement des usages et cadre éthique. Elle a été actualisée en 2023 pour renforcer la souveraineté technologique française (Ministère de l’Économie, « Stratégie nationale intelligence artificielle », 2023).

Sur le plan environnemental, l’IA pose déjà de nouvelles inquiétudes écologiques, notamment en matière de consommation énergétique et d’émissions indirectes, même si ses gains de productivité pourraient compenser ses externalités (Reuters, « AI economic gains likely outweigh emissions cost, says IMF », 22 avril 2025).

Aux États-Unis, un scepticisme croissant s’installe dans l’opinion publique face aux risques liés à l’IA, avec une montée des critiques sur l’automatisation, la vie privée, et la perte de contrôle démocratique (Pew Research Center, « How the US public and AI experts view artificial intelligence », 3 avril 2025).

L’adoption rapide de l’IA en Asie du Sud-Est stimule la croissance régionale, portée par des investissements massifs, une culture numérique agile et des politiques d’innovation volontaristes (World Economic Forum, « AI Report: Southeast Asia Economic Growth », 21 novembre 2024).

Des risques de censure automatisée par IA sont signalés aux États-Unis et en Chine, selon un rapport parlementaire américain évoquant la montée de systèmes de filtrage à grande échelle et la surveillance algorithmique de masse (New York Post, « Threat of mass AI-powered government censorship », 18 décembre 2024).

Le marché mondial de l’IA continue de croître à deux chiffres, tiré par l’adoption généralisée dans les entreprises, l’administration, la santé, la finance et l’éducation, avec des projections atteignant plusieurs milliers de milliards de dollars d’ici 2030 (National University, « AI statistics & trends », 2024).
ILLUSION DE PERFORMANCE
Fascinés par la vitesse, la précision statistique, la capacité de traitement massive des IA, nous nous laissons séduire…
ILLUSION DE PERFORMANCE. Fascinés par la vitesse, la précision statistique, la capacité de traitement massive des IA, nous nous laissons séduire par l’idée qu’elles feraient tout, mieux et plus vite que nous. Que ce soit pour diagnostiquer, décider, orienter, planifier, beaucoup pensent que l’IA finira par surpasser l’humain dans toutes ses compétences rationnelles. C’est une croyance dangereuse.

L’IA excelle dans la répétition et la prédiction sur des contextes connus. Mais dès que surgit l’imprévu, l’exception, la nuance, elle révèle son impuissance.

En médecine, des IA ont produit des erreurs fatales face à des symptômes inhabituels. Dans le recrutement, des algorithmes ont exclu systématiquement les profils atypiques, renforçant la standardisation au détriment de la diversité. Dans la finance, des modèles ont amplifié des risques qu’ils étaient censés prévenir.

Parce qu’un algorithme est perçu comme plus rapide, plus objectif, ses décisions tendent à être acceptées sans débat. L’esprit critique humain recule, l’habitude de questionner s’efface.

Cette illusion de performance nourrit une tentation politique. Pourquoi délibérer, hésiter, arbitrer, si des algorithmes peuvent optimiser l’éducation, la santé, les mobilités ? Cette logique conduit à une dépolitisation du réel, à une société administrée par la statistique, et non gouvernée par des choix éclairés.

L’IA est un outil puissant. Mais croire qu’elle remplacera notre discernement serait une abdication tragique. Le progrès ne consiste pas à déléguer nos responsabilités : il consiste à exercer notre intelligence avec d’autant plus de rigueur que ces outils gagneront en puissance.
ILLUSION D’INTELLIGENCE. Son nom même est trompeur. Parler « d’intelligence » pour désigner des systèmes statistiques avancés est déjà un piège sémantique.
ILLUSION D’INTELLIGENCE. Son nom même est trompeur. Parler « d’intelligence » pour désigner des systèmes statistiques avancés est déjà un piège sémantique.

Ce que nous appelons IA n’a ni conscience, ni compréhension, ni discernement. Ce sont des machines à corréler, pas des machines à penser.

L’intelligence artificielle fascine par sa capacité à écrire, répondre, calculer. Mais croire qu’elle pense est une illusion dangereuse. L’IA ne comprend pas ce qu’elle fait. Elle extrapole des résultats statistiques sur des données anciennes sans conscience, sans intention, sans discernement.

Derrière la fluidité des réponses, il n’y a pas de raisonnement : seulement la reproduction automatisée de ce qui a déjà été observé. En médecine, des erreurs de diagnostic par IA ont été documentées parce que les cas atypiques échappaient aux modèles. Dans le droit, des prédictions de récidive ont amplifié des discriminations historiques. Dans la finance, des exclusions injustes pour des prêts bancaires se sont multipliées pour ceux qui ne correspondaient pas aux profils standards.

Le vrai risque n’est pas dans l’erreur technique : il est dans notre tendance à faire confiance à la machine sans recul. Parce qu’elle est rapide et précise en apparence, nous sommes tentés de lui déléguer notre jugement, notre doute, notre responsabilité. Mais l’intelligence humaine n’est pas faite de vitesse ni de conformité : elle est faite de discernement, de prudence, de résistance au schéma automatique.

Si nous laissons l’illusion d’intelligence s’imposer, nous nous exposons à une érosion de nos capacités critiques, à une société où l’humain se contente de valider passivement des résultats produits par des outils qu’il ne maîtrise plus.

La machine ne pense pas. Et c’est pour cela que nous devons, plus que jamais, continuer à le faire.
ILLUSION DE NEUTRALITÉ. On voudrait croire qu’un algorithme, parce qu’il calcule, serait impartial ; qu’une machine, parce qu’elle ne pense pas, serait juste.
ILLUSION DE NEUTRALITÉ. On voudrait croire qu’un algorithme, parce qu’il calcule, serait impartial ; qu’une machine, parce qu’elle ne pense pas, serait juste. Rien n’est plus faux. Chaque IA est nourrie de données humaines, traversées d’inégalités et de biais historiques. Elle n’efface pas ces biais : elle les reproduit, souvent de manière plus systématique et plus opaque.

Les exemples sont nombreux. Dans la justice américaine, des algorithmes censés prédire la récidive ont aggravé les discriminations raciales. Dans le secteur public, des algorithmes d’attribution d’aides sociales ont exclu des populations vulnérables en validant des modèles statistiques injustes. Dans l’éducation, des outils automatiques d’orientation ont reconduit les inégalités sociales sous prétexte d’efficacité.

En croyant que l’IA est impartiale, nous rendons ses erreurs invisibles. Une décision humaine peut être contestée, discutée, corrigée. Une décision algorithmique devient une fatalité silencieuse, habillée du prestige de la technique.

Plus grave encore : la croyance dans la neutralité technologique légitime des choix politiques implicites. Derrière chaque algorithme, il y a pourtant des décisions : quelles données inclure, quels critères optimiser, quelles erreurs tolérer. Faire passer ces choix pour des nécessités techniques, c’est effacer le débat démocratique.

Si nous persistons à croire que l’IA est neutre, nous déposséderons progressivement les citoyens de leur pouvoir de contestation. Nous construirons des sociétés où les injustices seront générées automatiquement, sans responsables identifiables, sans recours possible.

L’IA est un outil. Mais croire à sa neutralité, c’est abdiquer notre exigence de justice, de transparence et de responsabilité.

« Douter libère ; croire asservit » Tocqueville

ILLUSION DE VIE
La fascination que suscite l’intelligence artificielle est un “symptôme” culturel. Nous sommes devenus si impatients de solutions…
ILLUSION DE VIE. La fascination que suscite l’intelligence artificielle est un “symptôme” culturel. Nous sommes devenus si impatients de solutions, si méfiants envers notre propre capacité à décider, que nous avons fini par espérer que des machines puissent mieux penser, mieux juger, mieux prévoir que nous. Cette attente déraisonnable devient ainsi un projet de société implicite.

Derrière l’illusion d’intelligence, l’illusion de neutralité, et l’illusion de performance, il y a une même tentation : celle d’une délégation totale.

La promesse de l’IA n’est pas seulement de nous aider. Elle est de nous épargner : nous épargner le doute, la contradiction, l’effort, la responsabilité. Là est le vrai danger : non pas ce que les IA font, mais ce qu’elles nous dispensent de faire.

À force de croire que l’IA va penser mieux que nous, choisir mieux que nous, agir mieux que nous, nous acceptons progressivement de nous retirer du processus critique lui-même. Nous reléguons l’effort de penser à la machine, comme on relègue à un GPS l’effort de s’orienter dans l’espace. Mais l’autonomie intellectuelle, comme l’orientation, est une compétence qui s’use quand on ne la pratique plus.

Et cette abdication n’est pas neutre : elle profite à ceux qui contrôlent les données, les modèles, les protocoles de décision automatisée. Derrière l’apparente rationalité des IA, il y a des intérêts économiques, des rapports de force politiques, des visions du monde codées dans les choix d’entraînement, dans les pondérations invisibles, dans les critères implicites. La machine ne pense pas, mais quelqu’un décide ce qu’elle va produire. Croire en l’objectivité de l’IA revient à naturaliser ces choix, à les rendre indiscutables.

Le débat sur l’intelligence artificielle ne doit donc pas porter uniquement sur la performance des modèles ou sur la régulation technique des biais. Il doit poser une question bien plus radicale : sommes-nous prêts à redevenir acteurs de nos choix, au lieu de devenir consommateurs de décisions algorithmiques ?

L’IA met en jeu notre capacité collective à délibérer, à douter, à construire du sens commun, à préférer la lenteur de la pensée au confort de l’automatisation. En confiant trop à la machine, nous risquons de perdre ce qui fait de nous des sujets politiques, des êtres capables de dire non, d’interroger le donné, de réinventer le possible.

Ce n’est pas un problème de fiabilité ou d’encadrement, de technologie ou de régulation. C’est juste un problème de courage. Dans quels domaines et pourquoi serions nous prêts à sous-traiter notre richesse et notre complexité humaine à une machine ?

Car, aucune IA, si brillante ou surveillée soit-elle, ne pourra jamais porter la part de risque, d’imprévu, d’engagement et de responsabilité qui fait la dignité humaine.

Sujet de la veille :

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