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9 JUILLET 2025 (#38)
COLLECTIVITÉS TERRITORIALES : UN MILLEFEUILLE À 250 MILLIARDS.
Le paradoxe français frappe par son ampleur : pendant que le Danemark divise par trois ses structures territoriales et que l’Allemagne gère 83 millions d’habitants avec seulement 8 000 communes, l’Hexagone s’arc-boute sur un système qui multiplie les intervenants, dilue les responsabilités et paralyse l’action publique. Douze tentatives de réforme ont échoué depuis 2000. Combien faudra-t-il encore d’échecs pour admettre que ce modèle territorial n’est ni démocratique ni efficace, mais simplement une rente organisée ?
La France campe sur ses positions territoriales avec l’obstination d’un général…
SYNTHÈSE DES FAITS
La France campe sur ses positions territoriales avec l’obstination d’un général qui refuse de voir que la bataille est perdue. Pendant que l’Europe entière rationalise ses structures administratives, l’Hexagone cultive son exception millefeuille comme un art de vivre dispendieux. Le résultat ? Un coût par habitant deux à trois fois supérieur aux pays nordiques pour un niveau de service équivalent.
Cette résistance française révèle une pathologie politique profonde. Chaque strate territoriale s’est muée en forteresse électorale, chaque mandat local en rente viagère, chaque réforme en menace existentielle. Les élus locaux défendent leurs prébendes, l’administration centrale évite les conflits, et les citoyens paient la note sans comprendre qui fait quoi. L’argument de la proximité démocratique masque mal cette réalité : le millefeuille éloigne plus qu’il ne rapproche.
À l’international, les réformes territoriales ambitieuses se multiplient et réussissent. Le Danemark a tranché dans le vif, l’Italie fusionne dès que possible, l’Espagne décentralise massivement. Ces pays prouvent qu’on peut simplifier sans sacrifier l’efficacité démocratique. Mieux : ils gagnent en lisibilité, en rapidité de décision et en maîtrise budgétaire. La France préfère s’enfermer dans son exceptionnalisme coûteux, transformant la décentralisation en usine à gaz ingérable. Jusqu’à quand cette fuite en avant sera-t-elle tenable ?
Trois opinions contrastées sur le débat du jour…
FLIP. La révolution numérique peut transformer notre millefeuille en atout démocratique. Créons une plateforme unique de services publics territoriaux, développons l’intelligence artificielle pour optimiser les compétences croisées, et lançons un grand plan de mutualisation digitale. Les citoyens pourront accéder à tous les services via une application unique, les élus collaboreront en temps réel sur des projets partagés, et l’État pilotera l’ensemble grâce à des tableaux de bord intelligents.
Il faut moderniser, pas détruire. Investissons massivement dans la GovTech territoriale : blockchain pour la transparence budgétaire, big data pour anticiper les besoins locaux, réalité virtuelle pour la concertation citoyenne. La complexité française devient alors un laboratoire d’innovation démocratique. Les startups de la GovTech peuvent transformer nos 35 000 communes en réseau collaboratif du futur.
FLAP. Ce millefeuille territorial ronge nos finances publiques et paralyse l’action publique. Il faut une thérapie de choc à l’anglo-saxonne : suppression pure et simple des départements, fusion forcée des communes de moins de 10 000 habitants, régionalisation massive des compétences. L’efficacité prime sur la tradition, la performance sur le sentimentalisme territorial.
Créons un “marché” de la gouvernance locale où les collectivités les plus performantes absorbent les moins efficaces. Instaurons une concurrence entre territoires avec des indicateurs de résultats publics, des benchmarks internationaux et des sanctions budgétaires pour les mauvais élèves. Les citoyens, mieux informés, voteront en s’installant dans les territoires les mieux gérés. Cette émulation vertueuse éliminera naturellement les structures parasitaires. Le contribuable français mérite un service public territorial aussi efficace que celui des pays nordiques, pas cette rente électorale déguisée sous faux prétexte de proximité démocratique.
FLOP. Au nom de l’efficacité, ils veulent liquider nos maires, nos conseillers départementaux, nos élus de proximité… Mais ce millefeuille, c’est notre patrimoine, notre démocratie de terrain, celle qui résiste encore aux appétits des technocrates parisiens et des multinationales. Chaque commune supprimée, c’est un bout de France rurale qui meurt, chaque fusion forcée, c’est Bercy qui gagne contre le peuple.
Les pays qui ont « simplifié » ont probablement perdu une partie de leur âme territoriale. Nos 35 000 communes, c’est notre richesse, notre diversité, notre résistance à l’uniformisation mondialiste. Les vrais gaspillages sont ailleurs : dans les cabinets de conseil, les comités Théodule, les voyages en jets privés, les salaires des hauts fonctionnaires européens… Avant de s’attaquer à nos élus locaux, tellement dévoués et qui travaillent gratuitement, récupèrons les milliards détournés par l’oligarchie financière !
Les dépenses des collectivités atteignent 256 milliards d’euros par an, soit 10 % du PIB (DGCL, Bilan 2023).
Les collectivités gèrent 70 % de l’investissement public civil (Cour des comptes, 2022).
65 % des citoyens se disent « perdus » dans les compétences entre régions, départements et intercommunalités (IFOP, 2023).
Les dépenses de personnel des collectivités atteignent 71,5 milliards d’euros (DGFiP, 2023).
Depuis 2000, plus de 12 tentatives de clarification des compétences ont été engagées, sans rationalisation majeure (Sénat, rapport 2022).
Le millefeuille coûte 2 à 3 fois plus par habitant que dans les pays nordiques, à niveau de service équivalent (France Stratégie, 2021).
La mutualisation des services entre communes reste marginale (moins de 10 % des effectifs partagés) (INSEE, 2022).
La loi NOTRe (2015) a déplacé des compétences sans simplifier la structure globale (Assemblée nationale, bilan 2020).
Le statut des élus locaux et leurs indemnités constituent un verrou politique à toute réforme (Libération, enquête 2023).
L’Allemagne gère 83 millions d’habitants avec seulement 8 000 communes et 16 Länder dotés de pouvoirs forts (Bundesrat, 2022).
L’Espagne a transféré massivement les compétences aux communautés autonomes, supprimant la strate intermédiaire dans plusieurs régions (El País, 2021).
L’Italie a fusionné 2 000 communes en dix ans (La Repubblica, 2022).
La Suède a 290 communes pour 10 millions d’habitants, avec une forte autonomie locale (OECD, 2022).
Le Portugal a supprimé 20 % de ses freguesias (communes) en 2013 (Ministère des Finances portugais, 2014).
Le Royaume-Uni a supprimé les conseils de comté dans plusieurs régions au profit d’unitary authorities (Gov.uk, 2021).
Les Pays-Bas ont réduit leur nombre de communes de 600 à 344 en vingt ans (CBS, 2023).
La Finlande a regroupé ses municipalités autour de bassins de vie fonctionnels (Statistics Finland, 2022).
Le Japon, pays très localiste, a fusionné 3 200 municipalités en 1 700 en dix ans (Ministry of Internal Affairs, 2021).
« Pour prendre une décision courageuse en France, il faut deux ministres, une haute autorité, quelques secrétaires d’Etat, trois commissions, un comité de pilotage interministériel, des consultants... et un miracle » Clémenceau
Le millefeuille territorial français n’est pas un accident historique. C’est le produit d’une idéologie…
Le millefeuille territorial français n’est pas un accident historique. C’est le produit d’une idéologie de la décentralisation qui a perverti nos élites depuis quarante ans : la recherche de la solution facile, du consensus mou et de la fuite devant les choix structurels. Cette “pensée unique” territoriale a transformé chaque réforme en ajout de couches, chaque simplification en complexification, chaque rationalisation en multiplication des structures.
L’hégémonie décentralisatrice repose sur un mensonge : celui de la proximité démocratique. En réalité, cette proximité est devenue opacité. Les citoyens ne savent plus qui décide, qui finance, qui contrôle. Les responsabilités se diluent dans un brouillard institutionnel où chacun peut rejeter la faute sur l’autre. Cette confusion organisée sert admirablement les intérêts des élites territoriales qui prospèrent dans l’ombre de cette complexité.
Le système a endommagé l’efficacité publique : multiplier les échelons, c’est démultiplier les lenteurs, les doublons, les conflits de compétences. Détruit la responsabilité démocratique : quand tout le monde décide, personne ne répond de rien. Affaiblit la solidarité nationale : chaque territoire défend son pré carré au détriment de l’intérêt général.
Les politiques actuelles naviguent à vue dans le chaos qu’elles ont créé. À droite, on propose des réformettes cosmétiques pour ne pas froisser les notables locaux. À gauche, on sacralise le millefeuille au nom de la démocratie participative. Au centre, on multiplie les commissions et les concertations pour éviter de trancher. Tous évitent la question centrale : cette organisation territoriale sert-elle encore à quelque chose ou n’est-elle qu’une gigantesque machine à redistribuer des prébendes ?
La solution existe pourtant. Il faut instaurer un système à deux niveaux : des régions-États dotées de vrais pouvoirs et de vrais budgets, et des communes-métropoles organisées autour des bassins de vie réels. Entre les deux, rien. Plus de départements anachroniques, plus d’intercommunalités artificielles, plus de syndicats mixtes fantômes. Une architecture simple, lisible, responsable.
Cette révolution s’affranchit de trois mythes français. Celui de la commune éternelle : nos 35 000 communes ne sont pas un patrimoine démocratique mais un obstacle à l’efficacité publique. Celui du département historique : ces circonscriptions napoléoniennes n’ont plus aucune pertinence dans la France du XXIe siècle. Celui de l’élu de proximité irremplaçable : la plupart de nos élus locaux gèrent des budgets dérisoires et des compétences fantômes.
Pendant que nous ergotons sur nos subtilités territoriales, nos concurrents européens gagnent en efficacité, en transparence, en agilité. Chaque année de retard creuse notre handicap compétitif. Il faut choisir : continuer à subventionner cette machine à rentes ou construire enfin une République territoriale moderne et efficace.
Les contraintes budgétaires, européennes, écologiques finiront par imposer ce que nous n’aurons pas le courage de décider. La France territoriale doit choisir son avenir avant qu’il ne lui soit imposé.
Sujet de la veille :
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