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22 JUILLET 2025 (#47)

ARCTIQUE ET GROENLAND : LE NOUVEAU FAR WEST DU FAR NORTH ?

Quand la glace fond, les ambitions surgissent… Imaginez un territoire grand comme quatre-vingts Belgique, peuplé de seulement 57 000 âmes…
Le Groenland : Quand la glace fond, les ambitions surgissent Imaginez un territoire grand comme quatre-vingts Belgique, peuplé de seulement 57 000 âmes, posé comme une énigme blanche entre trois continents. Le Groenland était hier une terre oubliée, un bout du monde glacé où les cartes s’arrêtaient. Aujourd’hui ? C’est peut-être l’échiquier le plus convoité de la planète. Car sous la banquise qui recule se cachent les enjeux du siècle : terres rares indispensables à nos smartphones, routes maritimes qui raccourcissent le monde, bases militaires qui redéfinissent les équilibres. Washington rêve de l’acheter, Pékin tente d’y investir, Moscou surveille de près. Et l’Europe ? Elle observe, entre fascination et perplexité. Bienvenue dans le nouveau Far West du Far North. Un territoire où se télescopent les ambitions des superpuissances, les rêves d’indépendance des Inuits et les défis climatiques planétaires. Entre Donald Trump qui propose 50 milliards de dollars et les écologistes qui plaident pour un sanctuaire arctique, entre les promesses minières et la fragilité des glaciers, le Groenland cristallise tous nos dilemmes. Alors, que faire de cette île-continent ? En faire le Singapour de l’Arctique ? Un laboratoire écologique mondial ? Ou la laisser dans son splendide isolement ? Trois visions s’affrontent. Trois avenirs possibles. Une seule certitude : le Groenland ne sera plus jamais ce qu’il était.
FAITS & CHIFFRES Le Groenland, c’est une énigme blanche posée entre trois continents. Un désert de glace…
Le Groenland, c’est une énigme blanche posée entre trois continents. Un désert de glace grand comme quatre-vingt fois la Belgique, où vivent à peine 57 000 habitants, dont 90 % d’Inuits. Une île qui n’est pas un pays, mais qui n’est pas une colonie. Le Groenland appartient au royaume du Danemark… mais se rêve en nation à part entière. Tout commence avec les Vikings. Vers l’an 985, Erik le Rouge, banni d’Islande, fonde une colonie sur cette terre étrange. La Norvège prend la main, puis le Danemark récupère le territoire au fil des unions et des traités. Après des siècles de domination discrète, le XXe siècle apporte deux secousses : la Seconde Guerre mondiale, où les Américains installent une base à Thulé, et les années 1970, où naît un sentiment national groenlandais. En 1979, le Groenland obtient l’autonomie. En 2009, il franchit une étape : il peut désormais gérer tout, sauf la défense, la politique étrangère et la monnaie. Il quitte la CEE en 1985, et regarde désormais vers l’Arctique, vers Washington, vers Pékin – parfois plus que vers Copenhague. Car la glace fond. Et sous la glace, il y a des ressources : pas seulement du froid et du silence, mais des trésors géologiques qui attirent les convoitises. Le sud du Groenland abrite l’un des plus grands gisements de terres rares hors de Chine, notamment à Kvanefjeld, où l’on trouve néodyme, praséodyme, et même uranium. Selon des estimations danoises, jusqu’à 10 % des réserves mondiales de certains éléments critiques pourraient y dormir. Des minerais essentiels pour la transition énergétique… et pour les militaires. Les Américains s’y intéressent, les Chinois aussi. Mais l’exploitation fait débat : en 2021, un gouvernement groenlandais pro-environnement a stoppé les projets d’extraction d’uranium, illustrant la tension entre indépendance économique et souveraineté écologique. Selon l’US Geological Survey, l’Arctique recèlerait aussi 13 % du pétrole mondial non découvert et 30 % du gaz naturel, une part non négligeable pouvant se situer dans les eaux groenlandaises. Encore faut-il que la glace fonde, que les forages deviennent viables, et que les autorisations suivent. Pour l’instant, l’or noir reste surtout un fantasme. En revanche, la pêche est bien réelle : 90 % des exportations groenlandaises sont liées aux produits de la mer. Mais là encore, la fonte des glaces déplace les espèces, attire des flottes étrangères, et complique la régulation. Et tout autour, l’Arctique. Ce n’est plus un no man’s land gelé, mais un carrefour géopolitique. Cinq États se partagent ses rivages : Canada, Russie, États-Unis, Norvège, Danemark. Tous revendiquent des zones, testent des routes maritimes, et installent des bases, des câbles, des radars. Le Groenland, avec sa position centrale, est l’échiquier idéal d’une nouvelle guerre froide… tempérée. Pourtant, l’indépendance reste un pari risqué. L’île dépend encore à 25 % du Danemark pour ses finances. Ses infrastructures sont fragiles. Et sa population, si fière de sa culture inuit, reste divisée sur le grand saut. Une seule chose est sûre : le Groenland demeure un carrefour stratégique (minéral, maritime et symbolique..). Entre l’Europe, l’Amérique et l’Asie. Entre autonomie et souveraineté. Entre rêve et réalité.
LE GROENLAND RESTERA UN TERRITOIRE MARGINAL MALGRÉ TOUS LES FANTASMES

Le Groenland fascine, intrigue, attire les fantasmes géopolitiques comme les projections climatiques…
FLOP – LE GROENLAND RESTERA UN TERRITOIRE MARGINAL MALGRÉ TOUS LES FANTASMES Le Groenland fascine, intrigue, attire les fantasmes géopolitiques comme les projections climatiques. Mais dans les faits, il restera un territoire périphérique, sous-peuplé et dépendant. L’idée d’un Groenland pivot stratégique mondial ou Eldorado minier ne résiste pas à l’examen. Première illusion : les ressources. On parle de minerais, de terres rares, de pétrole. Mais presque rien n’est extrait à ce jour. Les projets miniers piétinent, les infrastructures sont rudimentaires, les distances colossales, le climat hostile. La plupart des compagnies se sont retirées, faute de rentabilité. Les hydrocarbures offshore ? Fantasme des années 2000. Aujourd’hui, même les géants du pétrole regardent ailleurs. Deuxième illusion : le poids stratégique. Oui, le Groenland est bien situé. Mais c’est une île de 57 000 habitants, sans armée, sans port en eau profonde, sans réseau ferroviaire, sans capacité industrielle. La base de Thulé ? Symbolique. Aucun État ne ferait basculer sa stratégie arctique en misant sur le Groenland. Les vraies puissances polaires sont la Russie (avec sa flotte de brise-glace nucléaire) et les États-Unis (via l’Alaska). Le Danemark ? Une puissance polaire administrative, pas militaire. Troisième illusion : l’indépendance. Elle est régulièrement évoquée, mais reste un chantage politique rhétorique. L’économie groenlandaise est sous perfusion : 25 % du budget vient de Copenhague. Couper le cordon, c’est couper les soins, l’éducation, les services publics. Et pour financer quoi ? L’export de poissons et d’illusions minières ? Le Groenland attire l’attention parce que la glace fond, et que les cartes se redessinent. Mais cela ne suffit pas à en faire un acteur majeur. Il restera ce qu’il est depuis longtemps : un territoire périphérique, stratégique par intermittence, et surtout utile pour projeter les récits des autres. Le Groenland mérite mieux que des fantasmes géostratégiques. Il mérite qu’on le laisse tranquille.
LE GROENLAND EST UN POINT STRATÉGIQUE MAJEUR, IL DOIT SORTIR DE L’OMBRE

Le Groenland est la pièce centrale d’un nouvel échiquier mondial : celui de l’Arctique…
FLIP – LE GROENLAND EST UN POINT STRATÉGIQUE MAJEUR, IL DOIT SORTIR DE L’OMBRE Le Groenland est la pièce centrale d’un nouvel échiquier mondial : celui de l’Arctique, où se joue l’avenir des ressources critiques, des routes maritimes du XXIe siècle et des rapports de force entre blocs. Continuer à le considérer comme un territoire périphérique du Danemark relève de la cécité stratégique. Il est temps de reconnaître sa valeur réelle et de l’intégrer dans une politique arctique ambitieuse, fondée sur souveraineté, coopération, et exploitation raisonnée des ressources. D’abord, le Groenland est une base avancée dans la compétition géopolitique. Situé au cœur du cercle arctique, il fait face à l’Amérique du Nord, flanque la Russie à distance, surveille les routes du Nord et relie l’Europe à l’espace transatlantique. Ce n’est pas un hasard si les États-Unis y maintiennent leur base de Thulé, ni si Donald Trump a proposé de l’acheter. Washington l’a compris : le Groenland est un point d’appui militaire, climatique, technologique. L’OTAN y voit un pilier de sa stratégie arctique. Ensuite, le Groenland concentre des ressources vitales pour la transition énergétique. Les terres rares de Kvanefjeld, les métaux critiques, le potentiel gazier sous-marin : tout indique que le sous-sol arctique jouera un rôle majeur à mesure que la demande mondiale pour ces ressources explose. Laisser ce potentiel inexploité au nom d’une prudence écologique absolue revient à se tirer une balle dans le pied. Il faut sécuriser, cartographier, encadrer… mais aussi investir, former, exploiter. Le Groenland peut devenir un leader des ressources propres à condition d’une stratégie claire. La situation actuelle est intenable. Le Danemark verse chaque année plus de 500 millions d’euros au Groenland, sans contrepartie stratégique à long terme. Le Groenland veut l’indépendance, mais sans perdre la manne danoise. Ce modèle hybride est bancal. Il faut repenser l’architecture politique entre Copenhague, Nuuk et Bruxelles : plus d’autonomie, oui, mais aussi plus de responsabilité. Et plus de coopération européenne, qui pour l’instant reste absente. L’Union européenne doit cesser d’être spectatrice dans l’Arctique. Elle doit, avec le Danemark, proposer au Groenland une intégration économique renforcée, en échange d’une gestion conjointe des ressources et d’un appui logistique, scientifique, militaire. Sans cela, le vide sera rempli par d’autres : Chine, Russie, États-Unis. Le Groenland n’est pas un caillou gelé, ni un sanctuaire hors du temps. C’est un territoire riche, stratégique, connecté. Il peut devenir un acteur majeur du XXIe siècle si l’on s’en donne les moyens. C’est maintenant que cela se joue.
L’ARCTIQUE DOIT RESTER UN ESPACE PROTÉGÉ : PAS DE FAR WEST GÉOPOLITIQUE AU PÔLE

Transformer le Groenland en plateforme géostratégique et minière serait une erreur…
FLAP – L’ARCTIQUE DOIT RESTER UN ESPACE PROTÉGÉ : PAS DE FAR WEST GÉOPOLITIQUE AU PÔLE Transformer le Groenland en plateforme géostratégique et minière serait une erreur historique. L’Arctique doit rester une zone de paix, de coopération scientifique et de régulation environnementale. Ce n’est pas un Eldorado géopolitique ou un entrepôt à ciel ouvert, mais un écosystème fragile, où chaque intervention humaine peut avoir des effets en cascade à l’échelle planétaire. La ruée vers les terres rares, les hydrocarbures et les routes maritimes polaires ne doit pas reproduire les erreurs du XXe siècle : pillage, pollution, tensions armées. Ce n’est pas parce que les glaces reculent qu’il faut y précipiter les bulldozers. Le Groenland, avec ses glaciers, ses zones protégées et ses traditions inuit, devrait au contraire incarner un modèle alternatif de développement, fondé sur la sobriété, l’autonomie alimentaire, l’économie bleue et la recherche scientifique. L’argument stratégique ne tient pas. Certes, le Groenland est bien placé. Mais faut-il pour autant le militariser ? Renforcer la base américaine de Thulé ? Installer des radars, des câbles, des drones ? Cela reviendrait à injecter les logiques de confrontation dans une zone qui, jusqu’ici, a été préservée de l’escalade. L’Arctique était l’un des rares espaces à avoir échappé à la guerre froide. Veut-on vraiment y importer le conflit sino-américain ? Et sur les ressources ? Les promesses sont surestimées. Le pétrole reste hypothétique, les gisements sont complexes, et le coût d’exploitation dans un environnement polaire, instable et peu équipé, est gigantesque. Quant aux terres rares, leur extraction engendre des déchets radioactifs et des pollutions massives. Est-ce vraiment ce que l’on souhaite pour un territoire déjà fragilisé par le dérèglement climatique ? Le Groenland n’a pas besoin d’une ruée vers l’or minier. Il a besoin d’infrastructures, d’éducation, de transports adaptés, de souveraineté alimentaire, de soins. Son autonomie ne se construira pas sur l’exportation de minerais, mais sur la résilience locale. L’Europe doit accompagner cette transition, non pas en y plantant des drapeaux, mais en y envoyant des chercheurs, des professeurs, des architectes. Faire du Groenland un centre de production stratégique pour l’Occident serait l’erreur écologique et géopolitique du siècle. Il faut le défendre non pas parce qu’il est utile… mais parce qu’il est irremplaçable.

« Le Groenland ne veut pas d’histoire, ni d’histoires. Il veut un avenir » Raymond Aron

POUR ALLER PLUS LOIN ?
Et si le Groenland devenait le miroir du XXIe siècle ? Un territoire longtemps ignoré, aujourd’hui au centre des convoitises…

POUR ALLER PLUS LOIN ?

Et si le Groenland devenait le miroir du XXIe siècle ? Un territoire longtemps ignoré, aujourd’hui au centre des convoitises ; un désert blanc qui se réchauffe, révélant non seulement des minerais… mais nos contradictions. Ce que dit le Groenland, ce n’est pas seulement une affaire d’indépendance ou de minerais critiques. C’est une bascule : celle d’un monde qui redéfinit ses équilibres, ses frontières, ses priorités.

Trois perspectives se dessinent :

1. Le Groenland comme “Singapour arctique” ?

C’est le scénario ambitieux. Le Groenland devient un acteur géopolitique à part entière, négociant avec les États-Unis, la Chine et l’Europe, tout en assumant son autonomie renforcée. Il exploite ses ressources dans un cadre écologique exigeant, attire des investissements responsables, développe une économie bleue et verte. Il devient un laboratoire politique, entre souveraineté inuit et diplomatie climatique. Un petit pays, mais avec une grande carte à jouer.

2. Le Groenland sanctuarisé, gardien de l’Arctique ?

Scénario écologique. Le Groenland refuse la ruée vers les ressources. Il développe une économie de subsistance durable, centrée sur la pêche, la culture, le tourisme lent et la science polaire. Il devient le symbole d’un monde qui renonce à l’exploitation intensive au nom d’un équilibre global. L’Europe soutient ce modèle, en échange d’un rôle accru dans la gouvernance arctique. C’est moins spectaculaire… mais plus soutenable.

3. Le Groenland figé, sous tutelle permanente ?

Scénario d’inertie. Pas d’indépendance, pas d’exploitation, pas de bascule. L’île reste sous perfusion danoise, entre fantasmes de puissance et réalités logistiques. Les grandes puissances s’en détournent, faute de conditions favorables. Le Groenland survit, mais ne décide de rien. Il devient un territoire en attente perpétuelle, dépendant, peu peuplé, surveillé à distance.

Alors, quelle trajectoire ? Cela dépend de la capacité du Groenland à se projeter comme sujet politique, de la volonté des puissances à ne pas confisquer son avenir et de la lucidité de l’Europe à penser l’Arctique avec une vraie stratégie.

La bascule a déjà commencé. En août 2019, Donald Trump crée la stupeur en proposant tout simplement d’acheter le Groenland au Danemark. Une offre que Copenhague rejette avec un sourire glacé. La Première ministre danoise parle d’une « proposition absurde ». Trump, vexé, annule une visite officielle. Geste fantasque ? Peut-être. Mais révélateur : pour les États-Unis, le Groenland n’est plus un désert polaire lointain. C’est une pièce stratégique.

Et les autres puissances ne restent pas inactives. La Chine, dès 2018, tente d’investir dans trois aéroports groenlandais, dans le cadre de sa politique de la « route polaire » — un axe maritime stratégique rendu possible par la fonte des glaces. Copenhague, alarmée, bloque l’opération avec l’appui discret de Washington. Depuis, la Chine surveille de loin, mais reste en embuscade, en quête d’alliés arctiques et de ressources critiques.

La Russie, elle, ne cache rien. Depuis 2007, elle revendique une vaste portion du fond arctique et multiplie les bases militaires et les patrouilles navales dans la région. Pour Moscou, l’Arctique est un prolongement naturel de sa puissance, un champ d’expansion, un réservoir énergétique. Le Groenland, en face, devient un poste d’observation… ou un maillon faible, selon le point de vue.

Et l’Europe ? Silencieuse, timide, en retrait. L’Union européenne a bien adopté une stratégie arctique en 2021, mais elle ne dispose ni d’un siège à l’Arctic Council, ni d’un levier direct sur le Groenland, territoire associé mais non membre. Face aux Américains qui s’installent, aux Russes qui avancent et aux Chinois qui prospectent, l’Europe hésite, observe, espère. Elle n’a ni stratégie claire, ni représentation forte dans cette partie du monde en recomposition.

La proposition de Trump d’acheter le Groenland est peut-être moins absurde qu’il ne paraît. Face à une Chine qui investit massivement dans l’Arctique et à une Russie qui militarise la région, l’offre américaine a le mérite de la clarté : reconnaître ouvertement la valeur stratégique du territoire.

Pour le Groenland, coincé entre ses rêves d’indépendance et ses contraintes financières, la protection américaine pourrait s’avérer plus respectueuse de son autonomie qu’une tutelle danoise dépassée par les événements. L’offre de Trump vient secouer l’immobilisme européen qui laisse le champ libre aux autres puissances.

Sujet de la veille :

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