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17 SEPTEMBRE 2025 (#88)

OU SONT ALLÉS LES 1 000 MILLIARDS DE DETTE SUPPLÉMENTAIRE DEPUIS 2017 ?

Covid, retraites, renoncements politiques : avec Emmanuel Macron, la France a creusé plus de 1 000 milliards d’euros de dette publique supplémentaire…
Covid, retraites, renoncements politiques : avec Emmanuel Macron, la France a creusé plus de 1 000 milliards d’euros de dette publique supplémentaire depuis 2017. Mais qui est vraiment responsable de cette dérive : les crises extérieures, le modèle social, l’État lui-même ou nos dirigeants ?
FAITS & CHIFFRES Entre le troisième trimestre 2017 et le deuxième trimestre 2024, la dette publique française est passée de 2 226 à 3 228 milliards d’euros
FAITS & CHIFFRES)

Entre le troisième trimestre 2017 et le deuxième trimestre 2024, la dette publique française est passée de 2 226 à 3 228 milliards d’euros, soit une hausse nette de 1 002 milliards d’euros (Insee – “Dette publique au sens de Maastricht – Deuxième trimestre 2024”, 2024).

Le coût total du “quoi qu’il en coûte” entre 2020 et 2022 est estimé à 325 milliards d’euros (Cour des comptes – “Le ‘quoi qu’il en coûte’ – Évaluation 2020-2022”, mars 2023).

La part des retraites dans la hausse de la dette publique sur 2018–2023 atteint 438 milliards d’euros, incluant public et privé (Jean-Pascal Beaufret – “Les trois singes et les finances publiques”, Commentaire, automne 2024).

Sur cette somme, environ 350 milliards d’euros sont imputables aux retraites publiques subventionnées entre 2017 et 2024 (Institut économique Molinari – “Les retraites publiques : un déficit structurel sous-estimé”, octobre 2023).

En 2023, la France a perdu 62 milliards d’euros de recettes fiscales en raison de baisses d’impôts mises en place depuis 2017 (France Stratégie – “Bilan des politiques fiscales et budgétaires”, 2023).

Les dépenses publiques françaises représentent 57,2 % du PIB en 2024, un des niveaux les plus élevés parmi les pays développés (OCDE – “Dépenses publiques (% du PIB)”, 2024).

En 2023, le régime de retraite complémentaire du privé Agirc-Arrco a dégagé un excédent de 6 milliards d’euros (Agirc-Arrco – “Résultats 2023”, 21 mars 2024).

La charge de la dette devrait augmenter de 29 milliards d’euros, passant de 46 milliards en 2017 à 75 milliards en 2027 (Ministère de l’Économie et des Finances – “Projet de loi de finances pour 2024”, 2024).

La France n’a enregistré aucun excédent budgétaire depuis 1974, vivant ainsi en déficit structurel chronique (Sénat – “Les déficits publics : une maladie française ?”, rapport n°199, 2019).
FLOP Voilà une pièce de théâtre que l’on connaît trop bien : celle du bon gestionnaire contre le dépensier irresponsable.
FLOP

Voilà une pièce de théâtre que l’on connaît trop bien : celle du bon gestionnaire contre le dépensier irresponsable. Certains accusent nos élus d’avoir laissé filer les comptes ; d’autres leur reprochent de ne pas en avoir fait assez pour amortir les chocs. Et si tout le monde se trompait ? Et si le vrai problème n’était pas le niveau de la dette, mais le changement de paradigme qu’est en train de vivre l’économie mondiale ?

Derrière les querelles d’experts sur les milliards et les pourcentages de PIB, une évidence dérange : le modèle de croissance, de redistribution, de dette perpétuelle est en train de toucher ses limites. Non pas à cause d’un président ou d’une réforme ratée, mais parce que le monde de 2025 n’est plus celui de 1985. La machine est arrivée en bout de course.

L’économie française – comme toutes les économies industrialisées – repose depuis un demi-siècle sur une équation de plus en plus intenable : croissance artificiellement soutenue, consommation à crédit, services publics à bout de souffle, démographie déclinante, dépendance énergétique chronique. Dans ce cadre, la dette publique est un stabilisateur d’un système en déséquilibre permanent.

Depuis 2008, on a repoussé toutes les limites : taux d’intérêt zéro ou négatifs, création monétaire illimitée, assouplissement budgétaire généralisé. Le Covid a accéléré cette fuite en avant. Et l’après-Covid l’a institutionnalisée. Il n’y a plus d’équilibre à atteindre. Il n’y a plus de retour à la “normale”. Il n’y a qu’un système qui consomme son avenir pour maintenir une illusion de stabilité.

Parlons franchement : qui imagine sérieusement que la dette française sera un jour remboursée ? Qui croit que les promesses de retraite, de santé, de transition écologique peuvent être tenues dans ce cadre ? La réalité, c’est que nous avons organisé un transfert massif de responsabilités vers les générations futures, sous couvert de “solidarité”, en refusant de poser les vraies questions.

Faut-il continuer à parler de dette quand la planète se réchauffe, les sols s’épuisent, et les écosystèmes s’effondrent ? Faut-il raisonner en points de PIB alors que le PIB lui-même ne reflète plus ni le bien-être, ni la soutenabilité, ni la sécurité collective ? La croissance, censée tout résoudre, est devenue une fiction technique, gonflée à coups de dépenses publiques et d’endettement forcé.

Dans ce contexte, discuter du “bon” niveau de dette revient à débattre du réglage d’un moteur alors que la voiture file droit dans le mur. Il ne s’agit plus de gérer l’ancien monde avec plus ou moins de rigueur. Il s’agit de comprendre que le cadre est obsolète.

Nous avons besoin d’un autre langage, d’autres indicateurs, d’autres finalités. Une vraie redéfinition des priorités : sobriété, résilience, justice intergénérationnelle. Le reste – la dette, les déficits, la gestion comptable de l’impuissance – n’est qu’un bruit de fond.

Ce n’est pas l’État qui est en faillite. C’est la logique même qui structure nos politiques publiques. Tant que cela ne sera pas fait, endettement ou austérité, le choix restera truqué.
FLIP
Le chiffre est brut, implacable : 1002 milliards d’euros de dette publique en plus depuis l’arrivée d’Emmanuel Macron à l’Élysée.
FLIP

Le chiffre est brut, implacable : 1 002 milliards d’euros de dette publique en plus depuis l’arrivée d’Emmanuel Macron à l’Élysée.

Faut-il s’en étonner ? À force de retarder les réformes, d’acheter la paix sociale à crédit, et de financer par l’impôt des systèmes qui ne tiennent plus debout, la France a continué à creuser le même trou. Le Covid n’a fait qu’accélérer un processus déjà à l’œuvre.

1/3 pandémie, 2/3 lâcheté politique.

Premier tiers : oui, la crise sanitaire a coûté cher. Le « quoi qu’il en coûte » a mobilisé environ 325 milliards d’euros, selon la Cour des comptes. L’État a fait ce qu’il fallait pour éviter l’effondrement, de l’activité partielle aux aides aux entreprises. Mais cette période exceptionnelle n’a duré que deux ans. Depuis 2022, les dépenses d’urgence ont cessé. La dette, elle, a continué de grimper. Pourquoi ? Parce que l’État n’a rien changé à son train de vie.

Deuxième tiers : le cœur du problème, ce sont les retraites du secteur public et les régimes spéciaux, qui coûtent des dizaines de milliards d’euros chaque année. En 2023, 57 milliards d’euros ont été transférés depuis le budget de l’État pour équilibrer ces systèmes. Aucun alignement sur le privé, aucune réforme de fond. Entre 2017 et 2024, on estime à près de 350 milliards d’euros le cumul de ces transferts. C’est de la dette masquée, les impôts de demain pour payer les pensions d’hier.

Et pendant ce temps, l’Agirc-Arrco, qui gère les retraites complémentaires du privé, affiche un excédent de 6 milliards d’euros. Les salariés du privé cotisent pour des systèmes équilibrés. Les fonctionnaires, eux, sont financés par la dette publique. C’est une inégalité structurelle et un tabou politique qu’il convient de briser.

Troisième tiers : le reste de la dérive est une addition de renoncements. Pas de réduction des dépenses publiques (elles stagnent à 57 % du PIB, niveau record en Europe). Des baisses d’impôts non compensées (62 milliards de pertes fiscales en 2023). Aucune réforme de l’État, aucune simplification des structures, aucune remise à plat des aides inefficaces. Le millefeuille administratif continue d’empiler les agences, les doublons, les syndicats de communes, les plans sans pilote…

Au final, la dette gonfle alors que les taux d’intérêt remontent, la charge annuelle de la dette passe de 46 milliards en 2017 à 75 milliards prévus en 2027. Autant d’argent qu’on ne mettra pas dans la justice, la sécurité ou la transition écologique.

Rien ne serait de notre faute. Tout serait dû à des crises exogènes que nous aurions particulièrement bien gérées.

La vérité est bien plus simple : la France ne maîtrise plus sa dépense publique. Elle est incapable de se réformer. Chaque gouvernement s’acharne à repousser à plus tard ce que l’on aurait dû faire hier. Pas par fatalité, par lâcheté.
FLAP
Une dette exceptionnelle pour des temps exceptionnels. Oui, la dette publique française a augmenté de 1 000 milliards d’euros entre 2017 et 2024.
FLAP

Une dette exceptionnelle pour des temps exceptionnels. Oui, la dette publique française a augmenté de 1 000 milliards d’euros entre 2017 et 2024. Mais s’arrêter à ce chiffre brut, sans prendre en compte la succession de crises que la France – et le monde – a traversées, revient à juger un pompier sur le prix de l’eau utilisée, sans regarder l’ampleur de l’incendie.

Le Covid-19 a été un choc sans précédent. Pour la première fois depuis la Seconde Guerre mondiale, l’économie s’est brutalement arrêtée. Sans les 325 milliards d’euros de soutien apportés par l’État – selon la Cour des comptes –, des milliers d’entreprises auraient fait faillite, le chômage aurait explosé, et les inégalités se seraient creusées. C’était une stratégie de préservation du tissu social et économique. Grâce à cela, la France a rebondi rapidement en 2021, avec une croissance de 6,8 %.

Ensuite est venue la crise énergétique provoquée par l’invasion de l’Ukraine. Face à l’explosion des prix du gaz et de l’électricité, fallait-il rester les bras croisés ? Non. Le bouclier tarifaire, mis en place pour éviter que les ménages et les PME ne soient étranglés par leurs factures, a permis de contenir l’inflation bien en deçà de celle observée chez nos voisins. Là encore, l’État a joué son rôle de protecteur.

Ajoutons à cela la transition écologique, le vieillissement de la population, les besoins massifs d’investissement dans la santé, l’éducation, la justice. Peut-on vraiment réduire la dépense publique sans remettre en cause des services essentiels ? Ceux qui parlent de « lâcheté politique » oublient que couper dans les dépenses, c’est aussi renoncer à l’État-providence, aux services de proximité, aux salaires des soignants, des policiers, des enseignants…

Quant aux retraites des fonctionnaires et aux régimes spéciaux, il est bien facile de les désigner comme boucs émissaires. Mais ces dispositifs reflètent aussi des engagements historiques de l’État employeur, souvent en contrepartie de carrières moins rémunératrices. La transition vers un système unifié est souhaitable, mais elle ne peut se faire en brutalisant des millions de Français. Une réforme réussie est une réforme acceptée car juste.

Enfin, sur le fond, la dette est un outil macroéconomique standard, utilisé par tous les pays développés. La France emprunte encore à des taux soutenables. Elle reste notée AA par les agences internationales. Sa dette est majoritairement détenue en euros, à long terme. Le danger n’est pas tant le niveau de la dette que l’incapacité à investir intelligemment dans les transitions à venir.

Les États-Unis, le Japon ou même l’Allemagne, à leur manière, ont tous massivement utilisé la dépense publique pour répondre aux chocs des années 2020. A-t-on évité un effondrement social ? Oui. A-t-on maintenu des infrastructures essentielles ? Oui. A-t-on préparé l’avenir ? Pas assez, sans doute.

« 2017-2024 : L’État et les services publics prennent leur retraite anticipée. Les générations futures vont devoir la financer » Benjamin Franklin

BILLET L’augmentation nette de la dette publique n’est ni une abstraction comptable, ni un simple effet de contexte mais le reflet de choix politiques assumés….
BILLET

L’augmentation nette de 1 002 milliards d’euros n’est ni une abstraction comptable, ni un simple effet de contexte mais le reflet de choix politiques assumés….

Le « quoi qu’il en coûte » : un bouclier utile, mais mal calibré. La Cour des comptes a estimé à 325 milliards d’euros le coût total des mesures exceptionnelles liées au Covid entre 2020 et 2022. Ce soutien était nécessaire pour éviter une spirale de faillites. Mais il a été peu ciblé, parfois excessif, et a généré des effets d’aubaine massifs. Dans certains secteurs, notamment la restauration, des professionnels ont perçu des aides supérieures à leurs pertes réelles. Beaucoup en ont profité pour financer des travaux ou reconstituer leur trésorerie, sans obligation de remboursement ni de justification économique solide. Ce n’est pas le principe du soutien qui est en cause, mais l’absence de contrôle et de contrepartie.

Les retraites publiques : un déficit structurel masqué. Depuis des années, les retraites des fonctionnaires — civils, militaires, agents des collectivités locales et salariés des entreprises publiques (SNCF, RATP, etc.) — représentent un déséquilibre budgétaire massif et peu visible. Pourquoi ?

Parce qu’elles ne sont pas financées par des cotisations réelles, mais par le budget de l’État. Les cotisations “employeurs” sont des jeux d’écriture : l’État se paie à lui-même. En 2023, les pensions des fonctionnaires d’État ont coûté 60 milliards d’euros, dont seuls 13 milliards sont couverts par les cotisations effectives. Le reste est comblé par des transferts budgétaires.

Selon l’Institut économique Molinari, ces subventions d’équilibre ont représenté 943 milliards d’euros entre 2002 et 2023, dont 674 milliards pour la seule fonction publique d’État. Or ces transferts ne sont pas pris en compte dans les projections du COR, qui publie des soldes “conventionnels” ignorants du financement réel. Le déficit est ainsi dissimulé, année après année.

Et rien n’a changé sous Macron. Les régimes spéciaux n’ont pas été alignés, la réforme de 2023 a évité le sujet, et le traitement de faveur des fonctionnaires n’a pas été remis en question. Sur la période 2017–2024, on peut estimer à environ 350 milliards d’euros la contribution de ces régimes au creusement de la dette.

Un modèle atypique en Europe et dans le monde développé.

Cette situation est une spécificité française. Dans la plupart des pays comparables, les retraites du secteur public ont été réformées, unifiées ou partiellement capitalisées. En Allemagne, les pensions des fonctionnaires sont budgétaires mais strictement encadrées. Au Royaume-Uni, les agents publics sont rattachés à un régime contributif commun. Aux États-Unis, le système est mixte (public + capitalisation). En Suède, les règles sont les mêmes pour tous : un régime unique, contributif, transparent, avec ajustement automatique selon l’espérance de vie.

La France reste l’un des seuls pays à financer encore massivement les retraites publiques par la dette, sans règle d’équilibre ni convergence avec le privé. C’est l’un des moteurs silencieux de notre surendettement.

Une stratégie budgétaire déséquilibrée : baisse d’impôts sans baisse de dépenses. France Stratégie estime à 62 milliards d’euros les pertes de recettes fiscales liées aux mesures du premier quinquennat : suppression de l’ISF, baisse de la taxe d’habitation, réduction de l’impôt sur les sociétés. Mais ces baisses n’ont été compensées par aucune réduction de la dépense publique. Celle-ci est restée stable à 57 % du PIB, l’un des plus hauts niveaux de l’OCDE. La dette a donc absorbé l’écart.

Le coût de cette dette explose avec la remontée des taux. La charge annuelle passera de 46 milliards en 2017 à 75 milliards d’euros en 2027, selon Bercy. Autant de ressources en moins pour investir dans la transition écologique, la défense ou la justice.

Un pari européen qui se referme. Emmanuel Macron a longtemps fondé sa stratégie sur une hypothèse : que l’Europe fédérale finirait par mutualiser la dette. Mais avec le retour de Donald Trump et les tensions géopolitiques, les États européens doivent désormais financer leur propre sécurité. La solidarité budgétaire européenne ne paiera pas nos déséquilibres internes.

Cette dette n’est pas le produit d’un choc isolé. Elle est le fruit d’une triple logique politique : soutenir sans cibler, réformer sans affronter les corporatismes, baisser les impôts sans revoir les dépenses.

Elle traduit une impasse : celle d’un État qui a repoussé toutes les décisions difficiles en comptant sur un sauvetage extérieur. L’addition est là. Elle engage une responsabilité. Celle de ces deux quinquennats

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