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26 SEPTEMBRE 2025 (#95)
SEULE ISSUE POSSIBLE : RÉINVENTER LE CONTRAT SOCIAL FRANÇAIS
La France vit aujourd’hui un paradoxe budgétaire qui défie l’entendement. Jamais un pays n’a prélevé autant d’impôts et de cotisations, et jamais il n’a présenté un tel déséquilibre de ses comptes publics.
En 2024, l’État et l’ensemble des administrations publiques ont collecté l’équivalent de 42,8 % du PIB en prélèvements obligatoires, soit parmi les niveaux les plus élevés du monde développé. Dans le même temps, le déficit atteignait 169,6 milliards d’euros, soit 5,8 % de la richesse nationale, et la dette publique culminait à 3 305 milliards, représentant 113 % du PIB.
C’est là le cœur de l’énigme : comment un pays qui prélève autant peut-il rester si massivement déficitaire ?
En version agrégée et sans double compte sur les retraites, une décomposition cohérente de cet “ordre de grandeur 2024” inclut : l’enseignement scolaire (86 Md€), la défense hors pensions (47 Md€), la charge de la dette de l’État (49 Md€), les retraites du secteur public (CAS “Pensions” 68 Md€) et toutes les autres missions de l’État (sécurité, justice, écologie, cohésion, culture, agriculture, travail-emploi, action extérieure, soutiens, etc.)… Résultat : un trou de 109 milliards rien que pour l’État, auquel s’ajoutent les déséquilibres des collectivités et des hôpitaux publics. Le déficit consolidé des administrations atteint alors les fameux 170 milliards. C’est donc moins le « bloc social » qui dérape que le budget régalien de l’État, incapable depuis quarante ans d’équilibrer ses comptes.
Le pays est ainsi pris dans un piège : il ne peut plus lever d’impôts sans étouffer son économie, mais sa croissance, limitée à 1,2 % en 2024, ne suffit pas à redresser spontanément ses recettes. L’endettement s’accumule mécaniquement. Si rien n’est fait, la dette pourrait approcher les 4 000 milliards d’euros en 2029, soit entre 125 et 135 % du PIB. Les marchés n’attendront pas ce seuil pour réagir. Déjà, l’écart de taux avec l’Allemagne s’est élargi à près de 0,8 point, et Fitch a abaissé la note de la France à A+ en septembre 2025. Les avertissements sont clairs : sans réforme, la perte de confiance peut survenir brutalement, comme en Grèce, au Portugal ou en Espagne au début des années 2010.
En 2029, si rien n’est fait, la dette atteindrait entre 3 950 et 4 250 milliards d’euros. Rapportée au PIB, elle se situerait dans une fourchette de 125 à 135 %. C’est la zone de danger où se sont engouffrés la Grèce, le Portugal, l’Espagne ou l’Irlande au début des années 2010. Leurs marchés obligataires se sont effondrés, les taux se sont envolés, et les pays ont perdu leur souveraineté budgétaire au profit de la troïka internationale. La France, avec sa profondeur de marché et l’appui implicite de la BCE, dispose d’un coussin de sécurité supérieur. Mais la prime de risque augmente déjà : l’écart de taux avec l’Allemagne est passé de 0,3 à près de 0,8 point en deux ans, et Fitch a rétrogradé la note souveraine en 2025. Le statu quo mène donc à une lente dérive vers la crise, jusqu’au jour où la défiance se matérialisera brutalement.
Cela ne change pas la donne macroéconomique. Le déficit public, au lieu de rester à 5,8 % du PIB, pourrait se réduire vers 4,5 % ou 4 %. La dette en 2029 atteindrait encore près de 4 100 milliards d’euros, soit environ 130 % du PIB. La dérive est ralentie, mais pas inversée. En clair, moderniser l’État est nécessaire pour regagner en efficacité et restaurer la confiance des citoyens et des marchés, mais ce n’est pas suffisant pour éviter la crise budgétaire. La masse du bloc social – près de 900 milliards – écrase toute tentative de redressement périphérique.
« Les Français aiment tant l’égalité qu’ils préfèrent être égaux dans la dette et la faillite plutôt qu’inégaux dans l’effort et la prospérité » Voltaire
Le troisième scénario prend acte de cette réalité : aucune trajectoire soutenable n’est possible sans une refondation du modèle social…
Le troisième scénario prend acte de cette réalité : aucune trajectoire soutenable n’est possible sans une refondation du modèle social. L’idée n’est pas de le démanteler mais de le réorganiser autour de trois piliers clairs.
Le premier pilier est un socle public universel, garantissant à tous les citoyens une couverture intégrale contre les grands risques : maladies graves, chômage de longue durée, dépendance, pauvreté extrême. Ce socle est financé collectivement et demeure le cœur de la solidarité nationale.
Le deuxième pilier est constitué de complémentaires privées régulées. Celles-ci prendraient en charge les prestations non essentielles ou de confort : remboursement intégral de certains soins courants, durée accrue d’indemnisation chômage, sur-compléments de retraite. Elles seraient strictement encadrées : interdiction de sélectionner les risques, plafonnement des frais de gestion, standardisation des contrats pour éviter les abus.
Le troisième pilier est la restitution immédiate d’une partie des économies aux ménages sous forme de baisse des cotisations sociales. L’objectif est double : accroître le pouvoir d’achat et réduire le coût du travail. Un salarié médian verrait son revenu net augmenter d’environ cent euros par mois, tandis que les entreprises bénéficieraient d’un allègement de charges améliorant leur compétitivité internationale.
Dans ce scénario, les économies réalistes atteindraient entre 25 et 45 milliards d’euros par an en régime de croisière. Elles proviendraient de l’alignement progressif de l’âge de départ à la retraite sur l’espérance de vie, du plafonnement des pensions les plus élevées, du recentrage de la prise en charge publique de la santé sur les affections lourdes, de la modulation des franchises selon les revenus, de la dégressivité accrue de l’assurance chômage, et d’un meilleur ciblage des prestations sociales.
La moitié des économies serait restituée sous forme de baisses de charges, ce qui stimulerait la demande intérieure et l’investissement. L’effet multiplicateur attendu ferait remonter la croissance française autour de 2 % par an. Cette dynamique générerait mécaniquement 6 à 12 milliards de recettes supplémentaires. Combinée aux économies nettes, elle permettrait de réduire le déficit public de 40 à 50 milliards d’euros par an. En 2029, le déficit pourrait ainsi se rapprocher de 3 % du PIB, avec une dette stabilisée autour de 115 % du PIB, au lieu de s’envoler vers 130 % et plus.
Rien de tout cela ne sera possible sans un cadre strict. Les complémentaires privées devront être régulées comme un service public : transparence des tarifs, standardisation des contrats, mutualisation pour les petites entreprises. La solidarité devra être garantie pour les plus modestes : pension minimale d’au moins 1 200 euros, couverture santé intégrale pour les affections de longue durée, chèque santé public pour les 30 % de ménages les plus fragiles. La transition nécessitera aussi un accompagnement massif : formation professionnelle systématisée, aides à la création d’entreprise pour les chômeurs de longue durée, épargne retraite avantageusement défiscalisée.
Mais le défi le plus grand est politique. Les bénéficiaires actuels du statu quo défendront leurs acquis avec vigueur. Surmonter ces résistances suppose de bâtir une coalition large entre les classes moyennes actives, les jeunes générations et les entrepreneurs, qui ont un intérêt objectif à la refondation.
En définitive, la France n’a pas le choix entre trois options équivalentes.
Le statu quo conduit à la crise, la modernisation de l’État en retarde l’échéance, et seul un New Deal social permet d’éviter le mur.
Ce n’est pas un choix idéologique, mais un calcul arithmétique. La question n’est pas de savoir si le modèle social doit être réformé, mais comment et à quel rythme. La fenêtre pour agir existe encore. Mais elle se referme rapidement.
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