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 23 OCTOBRE 2025 (#114)

ÉOLIENNES EN MER : UNE FAUSSE BONNE IDÉE ?

Promues comme fer de lance de la transition énergétique,
les éoliennes offshore se multiplient au large des côtes européennes….
Promues comme fer de lance de la transition énergétique, les éoliennes offshore se multiplient au large des côtes européennes. En 2024, près de 8 gigawatts de nouvelles capacités ont été connectées dans le monde, avec un doublement attendu en 2025. Pourtant, leur coût réel, leur efficacité énergétique, leurs impacts écologiques et les résistances citoyennes posent question. Entre promesse technologique et réalités de terrain, entre ambitions climatiques et contraintes économiques, l’éolien en mer cristallise nos contradictions collectives. S’agit-il d’un pari audacieux, d’une impasse technologique, d’une illusion idéologique ou d’un mirage politique ?
FAITS & CHIFFRES En 2024, la production d’électricité éolienne en mer s’élève à 4 TWh sur l’année complète, dont 2,7 TWh sur les neuf premiers mois…
FAITS & CHIFFRES

En 2024, la production d’électricité éolienne en mer s’élève à 4 TWh sur l’année complète, dont 2,7 TWh sur les neuf premiers mois (Ministère de la Transition écologique – Tableau de bord T3 2024)

Le coût d’investissement initial pour l’éolien offshore est estimé entre 3,2 et 4,2 millions d’euros par MW installé (CRE – Délibération AO6, février 2024)

Les derniers appels d’offres ont été attribués en 2023 autour de 40-50 €/MWh pour l’éolien posé, et en 2024 autour de 80-90 €/MWh pour l’éolien flottant (données issues des appels d’offres français récents)

La filière emploie actuellement environ 7 500 personnes en France et vise 20 000 emplois directs et indirects d’ici 2035 (France Renouvelables – Panorama 2023)

L’objectif national est fixé à 18 GW en 2035 et 40 GW en 2050, l’éolien offshore pourrait couvrir 20 % de la demande électrique française (Programmation Pluriannuelle de l’Énergie)

100 milliards d’euros seraient nécessaires pour adapter le réseau électrique (Le Monde – 28 mars 2024)

Pour les premiers projets français attribués dans les années 2010, l’électricité devait être achetée à un prix garanti proche de 140-150 €/MWh pendant 17 à 18 ans (données historiques des premiers appels d’offres)

L’Allemagne dispose de plus de 9 GW fin 2024 et reste au 1er rang de l’Union européenne pour le parc éolien en mer, devant les Pays-Bas (environ 4,7 GW) et le Danemark (environ 2,6 GW) (Énergie éolienne en Europe – Wikipédia, mai 2025)

Environ 1,7 GW ont été installés en Europe en 2024, après un niveau record de près de 3,8 GW en 2023 (Énergie éolienne en Europe – Wikipédia)

D’ici 2030, l’industrie éolienne européenne devrait employer plus de 900 000 personnes et contribuer à hauteur de plus de 100 milliards d’euros à l’économie de l’UE (estimations sectorielles)

L’Union européenne a généré environ 488 TWh d’électricité avec l’énergie éolienne en 2024 (Touteleurope.eu – juillet 2025)

La Chine a installé plus de 4 GW offshore en 2024, soit davantage que toute l’Europe (données sectorielles 2024)

Aux États-Unis, environ 40 MW sont en service, tandis que plus de 4 GW sont en construction (Connaissance des Énergies – novembre 2024)

Le coût actualisé moyen de l’électricité offshore (LCOE) dans le monde est estimé autour de 80-90 $/MWh selon les régions (IRENA – Rapport 2024)

L’éolien offshore américain pourrait générer jusqu’à 77 000 emplois d’ici 2030 (US Department of Energy – EERE)

L’Inde a lancé environ 7 GW d’appels d’offres pour des projets offshore en 2024-2025 (IRENA – Rapport flottant, juillet 2024)

Les pollutions sonores sur la vie marine font partie des préoccupations documentées, notamment lors de la phase de construction avec le battage des pieux, pouvant atteindre 190 décibels sous l’eau (études d’impact environnemental)

Il existe des risques de collisions d’oiseaux avec les pales, notamment pour les espèces volant à basse altitude, ou de dérangement pour les oiseaux migrateurs (LPO – Ligue pour la Protection des Oiseaux, communiqués 2024)

Les fondations en béton des éoliennes marines exercent un effet récif qui attire une faune riche et variée, composée de moules, étoiles de mer, crabes et diverses espèces de poissons (études écologiques marines)

Des effets sur la faune marine sont documentés : perturbations sonores, déplacements d’espèces (GAO – Government Accountability Office, rapport mars 2025)
FLOP Et si tout cela n’était qu’un faux débat ? Ni miracle énergétique, ni scandale écologique, l’éolien en mer révèle avant tout une société en proie à ses contradictions…
FLOP Et si tout cela n’était qu’un faux débat ? Ni miracle énergétique, ni scandale écologique, l’éolien en mer révèle avant tout une société en proie à ses contradictions. Sur ces pales géantes tournant au large se projettent nos angoisses contemporaines : industrialisation de la nature, impuissance politique, vertige technologique, illusion d’une croissance “verte” qui permettrait de ne rien changer.

Aucune technologie ne nous dispensera de repenser nos modes de vie. Croire qu’on peut continuer à voyager, consommer, climatiser et produire toujours plus en changeant seulement la source d’énergie relève du déni. On repeint le système en vert sans toucher à sa logique extractiviste ni à son culte de la croissance infinie.

L’éolien offshore incarne cette écologie hors-sol : industrielle, financiarisée, centralisée. Derrière les parcs de 80 turbines et les hubs continentaux, on trouve des consortiums boursiers plus que des projets citoyens. Une démonstration de puissance technologique, pas une véritable transition écologique.

L’Allemagne affiche 9,2 GW installés, la France tente de suivre. Mais la vraie question reste ailleurs : quelle société voulons-nous ? Quelle énergie pour quels usages ? Qui décide et comment ?

Refuser l’éolien au nom d’une pureté écologique est aussi illusoire que l’adorer. Aucune source d’énergie n’est neutre : le nucléaire laisse ses déchets millénaires, l’hydraulique détruit les fleuves, le solaire exploite les mines, et la sobriété a un coût social — celui du renoncement.

Que voulons-nous préserver, et à quel prix ? Le climat ou la biodiversité ? Nos modes de vie ou ceux des générations futures ? Notre confort ou notre cohésion sociale ?

Les comparaisons comptables — 45 €/MWh contre 37 €/MWh — relèvent de l’illusion technocratique. La valeur d’un mégawattheure se mesure à sa cohérence systémique : disponibilité, utilité, acceptabilité démocratique.

On promet 900 000 emplois européens dans l’éolien d’ici 2030 — mais pour quoi faire ? Alimenter des data centers gloutons au service d’une économie numérique insoutenable ? Produire plus pour consommer autant ?

Tant que nos sociétés n’auront pas tranché entre croissance verte et décroissance organisée, innovation débridée et relocalisation frugale, abondance et sobriété, les éoliennes en mer resteront des totems ambigus de nos contradictions : adorées par les technophiles, honnis par les écologistes, symbole d’une transition indécise.
FLIP L’éolien offshore constitue une priorité stratégique pour la France. À la fois source d’énergie bas-carbone, moteur industriel, levier de souveraineté…
FLIP L’éolien offshore constitue une priorité stratégique pour la France. À la fois source d’énergie bas-carbone, moteur industriel, levier de souveraineté et accélérateur de transition, cette filière coche toutes les cases d’une politique énergétique ambitieuse. Le changement d’échelle apparaît désormais incontournable, sous peine de rater définitivement le train de la transition.

Techniquement, les performances se révèlent probantes. Un parc offshore fonctionne en moyenne 40 à 45 % du temps (facteur de charge), contre environ 25 % pour les éoliennes terrestres. La constance du vent en mer et l’absence d’obstacles garantissent un rendement supérieur. Les technologies progressent rapidement : les éoliennes de nouvelle génération atteignent 15 MW unitaires, avec des pales de plus de 100 mètres. L’éolien flottant, technologie d’avenir pour les eaux profondes, ouvre des perspectives considérables, notamment en Méditerranée et en Bretagne Sud.

Les éoliennes en mer ne mobilisent aucun foncier terrestre et génèrent moins de conflits d’usage. Leur implantation à 15 ou 20 km des côtes limite considérablement leur impact visuel et améliore l’acceptabilité sociale, contrairement aux projets terrestres souvent bloqués par des recours contentieux.

Sur le plan industriel, la France accuse un retard considérable. L’Allemagne dispose déjà de plus de 9 GW installés, le Danemark et les Pays-Bas ont développé un écosystème industriel mature, tandis que la Chine domine désormais la production mondiale. Ce retard ne constitue pas une fatalité : la France dispose de tous les atouts pour rattraper son retard. Sa façade maritime de 3 500 km, son savoir-faire naval historique, ses entreprises innovantes (Technip Energies, EDF Renouvelables, Naval Group, Chantiers de l’Atlantique) et son gisement éolien offshore exceptionnel constituent des avantages compétitifs majeurs.

Le secteur se révèle créateur d’emplois qualifiés, locaux et non délocalisables. La filière française vise 20 000 emplois directs et indirects d’ici 2035, dans des métiers variés : ingénierie, fabrication de composants, installation en mer, maintenance, raccordement électrique. Ces emplois se concentrent dans des régions côtières souvent en reconversion économique, comme la Normandie ou les Hauts-de-France.

Économiquement, les coûts connaissent une baisse rapide. Les derniers appels d’offres français ont été attribués autour de 40-50 €/MWh pour l’éolien posé, un prix qui rivalise désormais avec les nouvelles installations nucléaires. Le coût moyen du mégawattheure offshore a chuté de 60 % en dix ans grâce aux économies d’échelle, à l’optimisation des chaînes logistiques et aux progrès technologiques. Même l’éolien flottant, autour de 80-90 €/MWh, devient progressivement compétitif alors que cette technologie demeure dans ses premières phases de développement.

Certains comparent ces prix aux 35-40 €/MWh annoncés pour l’EPR d’Hinkley Point C au Royaume-Uni. Ces comparaisons se révèlent discutables car elles ne tiennent pas compte de tous les coûts systémiques, mais la tendance demeure claire : l’éolien offshore gagne en compétitivité et peut contribuer significativement à diversifier le mix électrique.

L’absence d’investissement massif dans l’éolien en mer hypothèquerait l’avenir énergétique. Cette option reviendrait à rester prisonnier des fossiles ou à dépendre uniquement du nucléaire, avec ses délais de construction incompressibles et ses incertitudes techniques. Elle conduirait à manquer la fenêtre d’opportunité de la transition, à perdre l’autonomie énergétique au profit d’importations d’équipements chinois ou de dépendance au gaz fossile. Elle exposerait le pays à des tensions géopolitiques croissantes et à des pénuries futures dans un monde où la demande électrique connaît une expansion considérable.

L’éolien en mer apparaît donc comme un impératif de souveraineté industrielle et énergétique. Avec 40 GW en 2050, cette filière pourrait couvrir 20 % de la consommation électrique nationale. La production locale de l’énergie consommée localement s’inscrit dans une logique de réindustrialisation verte et de création de valeur sur le territoire national.

Les réticences méritent d’être écoutées, les études d’impact renforcées, la concertation approfondie. Mais ces précautions ne doivent pas paralyser un mouvement vital. Dans dix ans, le coût réel ne sera pas celui d’avoir construit des éoliennes, mais celui d’avoir attendu pendant que les voisins européens construisaient leur avance technologique et industrielle.
FLAP L’éolien offshore représente une illusion coûteuse, inefficace et écologiquement discutable, présentée comme une panacée alors qu’il s’agit d’un choix technocratique…
FLAP L’éolien offshore représente une illusion coûteuse, inefficace et écologiquement discutable, présentée comme une panacée alors qu’il s’agit d’un choix technocratique, dogmatique et aveugle aux réalités physiques, économiques et environnementales.

Les coûts réels demeurent astronomiques. Les prix affichés de 40-50 €/MWh pour l’éolien posé masquent l’essentiel. Ils ne comprennent ni le raccordement au réseau (plusieurs milliards par parc), ni le renforcement des infrastructures électriques (100 milliards d’euros nécessaires selon diverses estimations), ni les systèmes de stockage indispensables pour compenser l’intermittence, ni les centrales à gaz qui fonctionnent en permanence en back-up. Lorsque ces coûts systémiques réels sont intégrés, le mégawattheure éolien offshore dépasse largement 80-100 €/MWh, soit plus du double du nucléaire historique français (autour de 40 €/MWh).

Pour les premiers projets français, l’électricité devait être achetée à un prix garanti proche de 140-150 €/MWh pendant 17 à 18 ans. Voilà la réalité économique des projets pionniers. Chaque mégawatt installé en mer coûte jusqu’à deux fois plus qu’à terre. Et l’éolien flottant, présenté comme l’avenir, se situe autour de 80-90 €/MWh alors qu’il demeure dans ses balbutiements technologiques.

À ces investissements s’ajoutent les surcoûts cachés : maintenance complexe en milieu marin hostile, accès difficile par mer agitée, vieillissement accéléré dû au sel et aux tempêtes, remplacement des composants usés. Des milliards d’argent public s’engouffrent dans des installations dont le rendement reste fondamentalement aléatoire et la durée de vie incertaine (25 ans espérés, mais quelle réalité après 15 ans en mer ?).

L’impact environnemental se révèle loin d’être neutre. La construction des parcs offshore mobilise des quantités gigantesques de matériaux : béton pour les fondations (jusqu’à 1 000 tonnes par éolienne), acier, cuivre, terres rares, composites pour les pales. Les nuisances sonores lors du battage des pieux perturbent durablement les cétacés et la faune marine, avec des niveaux sonores pouvant atteindre 190 décibels sous l’eau, équivalents à un décollage d’avion.

Les risques de collision pour les oiseaux migrateurs et les espèces volant à basse altitude existent. Les câbles immergés génèrent des champs électromagnétiques dont les effets à long terme restent mal connus. Les fonds marins subissent des perturbations sur des dizaines d’hectares par parc. Et le démantèlement en fin de vie ? Un angle mort industriel total. Qui financera le retrait de ces milliers de tonnes de béton dans 25 ans ? Avec quelle technologie ? À quel coût environnemental ?

L’effet récif des fondations qui attirent moules et crabes est souvent mis en avant. Mais artificialiser les fonds marins ne constitue pas une restauration des écosystèmes. Cette artificialisation crée des habitats qui bouleversent les équilibres naturels existants.

Sur le plan énergétique, la faille s’avère structurelle : l’intermittence. Pas de vent, pas d’électricité. Trop de vent, arrêt de sécurité. Un parc offshore fonctionne 40 % du temps environ, certes mieux que l’éolien terrestre, mais cela signifie surtout qu’il est arrêté 60 % du temps. Et surtout, cette production se trouve totalement décorrélée de la demande. Les surplus de production en pleine nuit font plonger les prix de gros en territoire négatif : l’économie paye littéralement pour se débarrasser de l’électricité. À l’inverse, lors des anticyclones hivernaux sans vent, la production s’effondre précisément quand la demande atteint des sommets.

Le résultat : une compensation par du gaz fossile, parfois du charbon importé, tout en affichant des prétentions écologiques. La vérité demeure qu’aucune technologie de stockage massif n’existe à l’échelle requise. Les batteries ? Hors de prix et inadaptées pour stocker des térawattheures. L’hydrogène ? Des pertes énergétiques de 70 % au cycle complet. Les STEP (stations de pompage) ? Saturées et limitées géographiquement.

Un problème démocratique profond émerge également. Ces projets pharaoniques sont décidés à Paris ou Bruxelles, imposés depuis les hauteurs technocratiques, sans réelle concertation avec les populations concernées. Les pêcheurs voient leurs zones de pêche amputées. Les élus locaux découvrent les projets dans la presse. Les habitants ne sont consultés que pour la forme. Et les appels d’offres ? Remportés par des consortiums internationaux : Iberdrola (Espagne), Ørsted (Danemark), Engie (partiellement belge). La souveraineté tant vantée se trouve aux abonnés absents. L’acceptabilité sociale pose question. L’intérêt général s’évapore quand les bénéfices partent à l’étranger.

La transition énergétique mérite infiniment mieux que ce mirage technocratique. Plutôt que de coloniser la mer avec des mâts de 250 mètres visibles à 30 km, l’investissement massif devrait se concentrer sur la sobriété énergétique : isolation des bâtiments (7 millions de passoires thermiques en France), efficacité des appareils, réduction du gaspillage. Le solaire photovoltaïque en toiture, qui ne monopolise aucun espace naturel, mériterait un développement prioritaire. La biomasse locale et renouvelable offre des perspectives. L’optimisation du parc nucléaire existant, le plus décarboné d’Europe, constitue un levier majeur.

L’éolien offshore représente une fuite en avant industrielle au nom d’une demande énergétique qu’aucun effort ne cherche à maîtriser. Une croissance infinie dans un monde fini. Un déni de la réalité physique : les ressources matérielles manquent pour électrifier intégralement les sociétés tout en maintenant les modes de vie actuels. Le moment est venu d’appuyer sur pause et de réfléchir sérieusement à ce qui mérite d’être préservé.

« Le vent tourne parfois. Les éoliennes souvent. L’opinion toujours » Montaigne

QUELLES PRIORITÉS INDIVIDUELLES ?
La sobriété heureuse n’est ni morale ni punitive : c’est un apprentissage du discernement.
QUELLES PRIORITÉS INDIVIDUELLES ?

La sobriété heureuse n’est ni morale ni punitive : c’est un apprentissage du discernement. Il ne s’agit pas de “faire des efforts”, mais de comprendre où l’énergie se perd, et d’agir là où nos gestes ont le plus d’impact réel.

Première priorité : la mobilité. C’est le poste le plus énergivore et le plus émetteur. Chaque Français consomme environ 1 000 litres de carburant par an, soit 9 000 kWh et 2,5 tonnes de CO₂. La réduction passe moins par la technologie que par le rythme : rouler moins, plus lentement, plus léger, privilégier le train ou le vélo. La marche et le covoiturage génèrent des gains immédiats, sans perte de confort. La sobriété, ici, consiste à retrouver la bonne vitesse : celle qui respecte à la fois le temps et l’énergie.

Deuxième priorité : le chauffage. Il représente près de 60 % de la dépense énergétique d’un logement. Les gains les plus importants proviennent de gestes peu spectaculaires : isoler, calfeutrer, réguler. Remplacer une chaudière fioul par une pompe à chaleur ou un poêle moderne peut diviser la consommation par deux ou trois. Un degré de moins au thermostat, c’est 7 % d’énergie économisée. La sobriété ne consiste pas à grelotter, mais à ne pas perdre la chaleur déjà acquise.

Troisième priorité : les usages du quotidien. Alimentation, numérique, objets : des secteurs moins visibles mais cumulativement décisifs. Manger un peu moins de viande rouge, éviter le gaspillage alimentaire, réparer plutôt que remplacer, limiter le streaming inutile — autant de gestes concrets, sobres mais puissants. Produire un objet neuf consomme souvent plus d’énergie que de le faire fonctionner.

À l’inverse, certaines actions, survalorisées symboliquement, pèsent peu dans le bilan global. Ne plus prendre l’avion une fois l’an, par exemple, reste marginal face aux trajets automobiles quotidiens. L’avion ne représente que 2 % des émissions mondiales de CO₂. De même, devenir végétalien strict n’est pas nécessaire pour réduire son empreinte : la modération suffit là où le dogme décourage.

La sobriété heureuse un art de la cohérence. Elle déplace le plaisir : de la consommation vers celui de la compréhension. Réduire sa consommation, c’est d’abord apprendre à la mesurer. Réduire son empreinte, c’est choisir ce qui compte vraiment. Ces deux démarches convergent vers un même horizon : celui d’une modernité réconciliée avec ses limites.

La sobriété heureuse repose sur trois verbes simples : comprendre, choisir, simplifier. Comprendre où va l’énergie. Choisir ce qui mérite d’en dépenser. Simplifier ce qui la gaspille.

La solution ne réside ni dans l’interdiction, ni dans la contrainte, ni dans la punition, ni dans mes menaces, ni dans les prophéties alarmistes. L’écologie moderne ne gagnera pas par la violence mais par l’intelligence. Le véritable levier, c’est la pédagogie : expliquer, montrer, donner à comprendre. Les citoyens sont des êtres responsables de raison et de discernement. Lorsqu’ils saisissent les ordres de grandeur et la réalité des problèmes, ils agissent.

La transition écologique ne se décrète pas : elle s’enseigne, elle se comprend, et surtout, elle se choisit.

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