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 27 OCTOBRE 2025 (#116)

RETROUVER SENS DANS UNE FRANCE SANS ÂME

Au cœur du XXIe siècle, une révolution silencieuse bouleverse l’Europe : l’effacement du religieux. Les cathédrales se muent en musées…

Au cœur du XXIe siècle, une révolution silencieuse bouleverse l’Europe : l’effacement du religieux. Les cathédrales se muent en musées, les cloches se taisent, et 51 % des Français avouent ne plus croire en « aucune forme de Dieu ». Cette désacralisation massive pose une question vertigineuse : que devient une nation quand s’évanouit son ciel commun ?

Car la religion ne se contentait pas de promettre l’au-delà. Elle tissait le quotidien, rythmait l’année, fondait la morale, nourrissait l’espoir collectif. Sans elle, qu’est-ce qui fait encore tenir ensemble des millions d’individus ? La République ? L’État ? Les droits de l’Homme ? Face à la montée des replis identitaires, à l’effondrement du sentiment national et à la crise du vivre-ensemble, la nation post-religieuse est-elle viable ou simplement en sursis ?

SYNTHÈSE DES FAITS La France traverse une mutation anthropologique sans précédent. Première fille de l’Église pendant quinze siècles…
SYNTHÈSE DES FAITS La France traverse une mutation anthropologique sans précédent. Première fille de l’Église pendant quinze siècles, puis République laïque conquérante, elle expérimente aujourd’hui l’existence post-chrétienne. Les chiffres sont implacables : les églises se vident, les baptêmes s’effondrent, la foi se privatise. Plus troublant encore, cette déchristianisation s’accompagne d’un effritement du socle républicain. Les repères moraux communs s’estompent, l’appartenance nationale faiblit, le sentiment du « nous » se délite. Cette évolution contraste avec le reste du monde. Les États-Unis maintiennent leur identité chrétienne culturelle. Israël soude sa nation autour du judaïsme. L’Inde hindoue, la Russie orthodoxe, la Chine confucéenne : partout, les grandes puissances articulent leur cohésion autour d’un substrat spirituel ou philosophique fort. Même les pays scandinaves, pourtant très sécularisés, ont sacralisé leur modèle social-démocrate en nouvelle religion civique. La France fait donc figure d’exception : ni religion traditionnelle, ni substitut idéologique puissant, ni mythe national mobilisateur. Cette singularité révèle un défi existentiel. Car aucune nation n’a jamais durablement survécu sans transcendance partagée, sans récit commun, sans horizon qui dépasse les intérêts individuels. La fragmentation actuelle de la société française pourrait bien être le symptôme d’une crise plus profonde : celle d’un peuple qui a perdu son âme collective sans en retrouver une nouvelle.
LE DÉBAT MAINSTREAM. La France peut-elle encore “faire national” sans religion ou court-elle à sa dissolution ?
FLIP. La sécularisation n’est pas une menace…

LE DÉBAT MAINSTREAM. La France peut-elle encore “faire national” sans religion ou court-elle à sa dissolution ?

FLIP. La sécularisation n’est pas une menace mais une chance historique de refonder le lien national sur des bases rationnelles et inclusives. L’époque où une seule religion dictait sa loi à tous est révolue. La République du XXIe siècle doit inventer de nouveaux rituels civiques, moderniser ses symboles, digitaliser sa transmission mémorielle. Il faut créer une « religion 2.0 » : participative, connectée, personnalisable.

Les jeunes ne croient plus aux vieilles histoires, mais ils adhèrent aux valeurs d’égalité, de tolérance, d’innovation. L’école doit devenir le temple de cette nouvelle spiritualité laïque, enseigner l’histoire par des parcours interactifs, célébrer la diversité française par des applications immersives, créer du lien social par des plateformes citoyennes numériques. La transcendance de demain sera technologique et participative. Cessons de pleurer le passé et construisons l’avenir : une nation augmentée, inclusive, connectée au monde. La République n’a pas besoin de Dieu pour vibrer, elle a besoin d’innovation pour se réinventer.

FLAP. Une nation sans transcendance devient un supermarché géant où chacun fait son shopping identitaire. Le vide spirituel laissé par l’effacement du christianisme n’a pas été comblé par la République, mais par l’individualisme consumériste et le relativisme moral. Il faut restaurer la verticalité, réhabiliter les grands récits fondateurs, redonner du sens au sacrifice pour la communauté nationale.

Cela ne signifie pas revenir à la théocratie, mais assumer que toute société a besoin de valeurs cardinales non négociables. Les Anglo-Saxons l’ont compris : ils maintiennent leurs références bibliques tout en étant modernes. Les Japonais cultivent leurs traditions shintoïstes tout en innovant. La France doit réconcilier héritage chrétien et laïcité républicaine dans une synthèse créatrice. Il faut enseigner l’histoire de France sans complexe, célébrer nos héros, transmettre notre culture, exiger l’assimilation de ceux qui nous rejoignent. Une nation qui ne croit plus en elle-même finit par disparaître. L’urgence est existentielle : retrouver notre fierté ou accepter notre dissolution.

FLOP. Ils ont tué notre âme et nous demandent de sourire ! Pendant quinze siècles, nos ancêtres ont bâti la France chrétienne : cathédrales, monastères, universités, hôpitaux, art, philosophie. Tout ce qui fait notre génie vient de là. Et en cinquante ans, les élites déchristianisées ont tout balayé au nom du « progrès » et de la « modernité ». Résultat : nos enfants ne savent plus qui ils sont, d’où ils viennent, pourquoi se battre.

Pendant qu’on nous sermonne sur la laïcité, l’islam conquiert nos banlieues et impose ses lois.

FAITS FRANCE
51 % des Français déclarent ne croire en « aucune forme de Dieu » (Ifop, Baromètre de la laïcité, 2024)…

FAITS FRANCE

51 % des Français déclarent ne croire en « aucune forme de Dieu » (Ifop, Baromètre de la laïcité, 2024).

62 % des jeunes de moins de 25 ans se déclarent « sans religion » (Insee, 2023).

6 % des Français assistent régulièrement à un office religieux, toutes confessions confondues (Ifop, 2022).

48 % estiment que la France « n’a plus de repères moraux communs » (Cevipof, enquête 2023).

Le nombre de baptêmes catholiques est passé de 500 000 par an en 1980 à 175 000 en 2023 (Conférence des évêques).

64 % des Français estiment que « la laïcité est mal comprise et mal appliquée aujourd’hui » (Ifop, 2024).

Dans 60 % des écoles publiques, la minute de silence pour Samuel Paty a été perturbée (Ministère Éducation nationale, 2023).

Le sentiment d’appartenance nationale diminue fortement chez les jeunes : 32 % se disent « fiers d’être Français » (Ipsos, 2024).

71 % des Français pensent que « les communautés vivent séparées les unes des autres » (Fondation Jean-Jaurès, 2023).

85 % des communes françaises n’ont plus de prêtre résident (Conférence des évêques, 2023).

FAITS MONDE En Inde, malgré la laïcité constitutionnelle, 80 % de la population hindoue imprègne les choix politiques…
FAITS MONDE

En Inde, malgré la laïcité constitutionnelle, 80 % de la population hindoue imprègne les choix politiques (Pew Research, 2023).

Les États-Unis restent 64 % « chrétien identitaire » malgré une baisse de pratique (Pew, 2023).

Israël fonde son identité nationale sur la religion juive, même pour les non-pratiquants (Haaretz, 2024).

La Turquie, jadis laïque, voit un retour en force du religieux dans l’espace public (Brookings, 2023).

La Chine promeut un « confucianisme patriote » d’État comme socle moral (China Daily, 2023).

L’Islande a vu le pourcentage de croyants chuter à 24 %, mais conserve un fort sentiment national (Eurobaromètre, 2024).

Les pays scandinaves restent parmi les plus athées du monde, mais fondent leur cohésion sur l’État-providence et l’égalité (OECD, 2023).

En Russie, l’Église orthodoxe est redevenue un pilier identitaire et géopolitique (Le Monde, 2023).

Le Rwanda post-génocide mise sur une « religion civique » de réconciliation et de mémoire (UNDP, 2023).

L’Algérie, malgré une jeunesse en rupture, interdit toute séparation entre identité nationale et religion (France 24, 2024).

« Quand le sacré collectif meurt, une nation se disperse en tribus » Ernest Renan

POUR ALLER PLUS LOIN… La France traverse sa plus grave crise spirituelle depuis quinze siècles. Derrière l’effacement du religieux se cache une offensive de l’individualisme radical contre toute transcendance collective..
POUR ALLER PLUS LOIN…

La France traverse sa plus grave crise spirituelle depuis quinze siècles. Derrière l’effacement du religieux se cache une offensive de l’individualisme radical contre toute transcendance collective. Le résultat : effacement de la mémoire, atomisation sociale, perte du sens du sacrifice.

Les exemples étrangers sont instructifs. Pendant ses 123 ans de disparition (1795-1918), l’Église catholique a maintenu l’identité polonaise face aux occupants. Sous le communisme, elle est devenue la seule force d’opposition. Mais instrumentalisée politiquement après 1989, elle a perdu la confiance des jeunes : seuls 9% d’image positive en 2020. La leçon est double : la dimension spirituelle peut souder une nation dans l’adversité, mais elle ne doit jamais être capturée par un parti.

Lors de la Restauration Meiji, le Japon a utilisé le shintoïsme pour moderniser le pays tout en renforçant l’identité nationale. Après 1945, cette spiritualité s’est réinventée sans statut d’État. Le message est clair : les traditions spirituelles peuvent évoluer sans perdre leur essence. La modernité n’exige pas l’abolition du sacré.

Face à une population multi-ethnique explosive, Singapour a construit une cohésion nationale via des valeurs partagées, un serment quotidien à l’école, des rituels civiques réguliers. Le dispositif fonctionne parce qu’il repose sur l’éducation et la répétition.

Ces exemples ne se décrètent pas. Ils naissent dans la durée, l’unité culturelle, et la fierté partagée. Singapour l’a bâti en cinquante ans, la Pologne l’a forgé dans la douleur, le Japon le cultive par la mémoire. La France hésite. L’échec retentissant du Service National Universel le prouve : même douze jours volontaires n’ont attiré qu’une poignée de jeunes, pour un coût projeté de cinq milliards. On ne reconstruit pas une nation par embrigadement.

Avant de parler de service national, il faut rebâtir les fondations : une école qui enseigne le sens du bien commun, une mémoire assumée, un projet collectif désirable. Le service national ne peut être qu’un couronnement, jamais un départ.

UNE ÉCOLE QUI ENSEIGNE

L’école est le creuset de la nation. C’est là que se transmet l’héritage, que se forge l’identité commune, que naît le sentiment d’appartenance. Mais l’école française doit retrouver sa mission civilisationnelle : faire des Français.

Enseigner notre histoire religieuse. Comment comprendre Racine, Victor Hugo, l’architecture gothique ou la Déclaration des Droits de l’Homme sans connaître le socle judéo-chrétien qui a façonné notre civilisation pendant mille ans ? Nos cathédrales, nos fêtes, notre art, notre philosophie, notre droit : tout cela forme un patrimoine spirituel inaliénable qu’il faut assumer sans complexe.

La transmission passe aussi par le rituel. Chaque semaine, dans chaque école, le lever des couleurs doit redevenir un moment solennel. Les élèves se rassemblent, observent le silence, chantent la Marseillaise, écoutent la lecture d’un texte fondateur : un article de la Déclaration de 1789, un discours de Jaurès, une page de Hugo ou de Saint-Exupéry. Ce geste simple, répété des milliers de fois de la maternelle au lycée, ancre dans les corps et dans les cœurs le sentiment d’appartenir à quelque chose qui nous dépasse. Singapour le fait quotidiennement avec son National Pledge. Nous devons retrouver cette sagesse.

L’école doit enfin organiser la rencontre physique avec notre mémoire. Avant dix-huit ans, chaque élève aura visité trois hauts-lieux de l’histoire nationale : une cathédrale pour comprendre d’où nous venons, un champ de bataille ou un site de Résistance pour mesurer ce qui fut sacrifié, un lieu d’innovation scientifique pour voir vers où nous allons. Ces parcours obligatoires créent une géographie mentale commune, un réseau de lieux sacrés partagés par tous les Français quelle que soit leur origine.

UNE MÉMOIRE QUI ASSUME

Aucun peuple ne survit sans récit de lui-même. La mémoire collective est une boussole identitaire. Elle dit d’où nous venons, ce qui nous a coûté, ce que nous avons bâti.

La France doit réapprendre à célébrer ses morts, ses héros, son héritage. Chaque mois, dans chaque commune, une cérémonie civique devrait rassembler la communauté : commémoration d’un héros local, accueil solennel des nouveaux citoyens, présentation des projets collectifs. Ces moments créent du lien, donnent de la solennité au quotidien, rappellent que nous appartenons à une histoire qui nous précède et nous survivra.

Nos fêtes populaires doivent retrouver leur dimension spirituelle perdue. La Saint-Jean redevient fête du solstice d’été, célébration de la lumière et du renouveau. Noël se réapproprie comme fête de la lumière dans les ténèbres, du partage et de la fraternité, au-delà des croyances de chacun. Le 14 juillet devient une véritable liturgie républicaine où, après le défilé, les Français renouvellent collectivement leur serment d’allégeance à la République.

En restaurant nos églises, nos abbayes, nos calvaires, en expliquant leur sens spirituel, en y organisant des parcours pédagogiques, nous honorons notre patrimoine et le transmettons aux générations futures.

Assumer la mémoire, c’est aussi sacraliser la nation comme communauté de destin transcendant les intérêts particuliers. À dix-huit ans, chaque jeune Français doit prêter serment devant sa communauté, s’engager publiquement envers la République, ses valeurs, son avenir. Ce moment solennel marque le passage à l’âge adulte et inscrit symboliquement chacun dans le pacte national.

UN PROJET COLLECTIF DÉSIRABLE

La mémoire ne suffit pas. Pour que les jeunes adhèrent à la nation, il faut qu’elle leur promette quelque chose de grand, quelque chose qui vaille la peine de vivre et de se battre. Or la France contemporaine ne propose plus rien : ni rêve économique, ni ambition géopolitique, ni vision civilisationnelle. Elle se contente de gérer son déclin en technocrate.

LA SOBRIÉTÉ COMME SPIRITUALITÉ NATIONALE

Dans le monde nouveau qui se profile (désillusions de la globalisation, économie de la finitude, épuisement des ressources comme du libre-échange, réindustrialisation et protectionnisme..) la puissance ne se mesure plus à la taille mais à la résilience. Et si la France inventait le modèle de demain plutôt que de courir vainement après celui d’hier ?

La SOBRIÉTÉ est une spiritualité retrouvée, un rapport sacré au monde et aux ressources qui nous sont confiées. Pendant des siècles, notre pays a cette sagesse : cultiver sans épuiser, bâtir pour durer, vivre dignement sans gaspiller. Saint Benoît prescrivait la mesure en toute chose. Cette tradition attend d’être réinventée pour notre temps.

La jeunesse le sent. Une génération entière porte l’angoisse climatique comme un fardeau spirituel. Elle cherche un sens, une mission. La France peut transformer cette anxiété en énergie créatrice : non pas le pays qui consomme le plus, mais celui qui vit le mieux avec le moins. Par excellence, pas par punition. Par innovation, pas par régression.

Faire de la France le champion de l’IA sobre : des algorithmes qui optimisent les réseaux électriques, réduisent les gaspillages, transforment nos villes en organismes intelligents. Relocaliser notre industrie en privilégiant circuits courts et matériaux biosourcés. Redevenir la nation des petites voitures durables, de l’artisanat de qualité, de l’économie circulaire. Restaurer nos savoir-faire : le compagnonnage, la pierre de taille, toutes ces disciplines qui allient excellence et respect de la matière.

Cette sobriété commence par le sommet. L’État doit montrer l’exemple, devenir sobre dans sa communication, dans son fonctionnement, dans ses budgets. Le palais présidentiel ferme ses salles dorées. Les ministres voyagent en classe économique. Les voitures de fonction disparaissent. Les dîners officiels se tiennent dans la simplicité républicaine. Les frais de représentation sont publiés à l’euro près et plafonnés drastiquement.

La sobriété devient ainsi une dignité partagée, une fierté collective, pas une idée abstraite, pas une punition de classe. Les économies réalisées financent des chantiers concrets : rénovation thermique, fermes urbaines, ateliers de réparation.

A nouveau, la France montre la voie au monde. La sobriété offre ce que la société de consommation ne peut donner : une appartenance à quelque chose de plus grand que soi, la participation à une œuvre collective qui nous survivra.

UNE COMMUNAUTÉ EXIGEANTE

Ce projet ne peut réussir que si tous ceux qui rejoignent la France y adhèrent pleinement. Tout arrivant doit signer une Charte des valeurs s’engageant à respecter la laïcité, l’égalité homme-femme, la liberté d’expression, le patrimoine culturel français. Une période probatoire de cinq ans précède toute naturalisation, incluant des cours obligatoires d’histoire et de civilisation française, ainsi qu’une participation à des travaux d’intérêt collectif. L’examen de naturalisation devient approfondi, exigeant une vraie connaissance de notre héritage spirituel, de notre histoire, de nos valeurs. La naturalisation peut être révoquée en cas d’atteinte grave à ces fondamentaux. Les quotas d’immigration sont définis démocratiquement chaque année, selon notre capacité d’intégration réelle. Une société qui ne défend pas son identité se condamne à disparaître.

En conclusion, il est possible de reconstruire une identité collective forte en puisant dans ses racines pour penser l’avenir. Pour la France, cette voie passe par la réconciliation de ces trois héritages : chrétien, républicain, humaniste. Une école qui enseigne nos réussites sans nier la complexité. Une mémoire qui assume notre patrimoine sans l’enfermer. Un projet de sobriété qui propose un avenir désirable. Une exemplarité qui commence par le sommet. Une spiritualité laïque qui réconcilie le respect du sacré et l’exigence républicaine.

La France n’a pas à choisir entre tradition et modernité, identité et ouverture, spiritualité et raison. Elle doit les conjuguer dans une synthèse inédite qui fera d’elle, encore une fois, la lumière du monde.

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