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12 JUIN 2025
SPINOZA ET EINSTEIN : UNE MÊME IDÉE DE L’UNIVERS
LES DEUX THEORIES D’EINSTEIN (1905 ET 1915)… La théorie de la relativité d’Einstein se compose en réalité de deux théories distinctes mais complémentaires : la relativité restreinte (1905) et la relativité générale (1915).
Relativité restreinte. Cette première théorie révolutionne notre compréhension de l’espace et du temps. Elle repose sur deux postulats fondamentaux. 1) Les lois de la physique sont identiques dans tous les référentiels inertiels (qui ne subissent pas d’accélération) 2) La vitesse de la lumière dans le vide est constante pour tous les observateurs, quelle que soit leur vitesse.
Ces deux postulats mènent à des conséquences surprenantes. Le temps n’est plus absolu mais relatif à l’observateur : plus vous vous déplacez rapidement, plus le temps s’écoule lentement pour vous par rapport à un observateur immobile. De même, les longueurs se contractent dans le sens du mouvement. L’espace et le temps forment une entité unique appelée espace-temps.
La célèbre équation E=mc² découle de cette théorie, établissant l’équivalence entre masse et énergie.
Relativité générale. Dix ans plus tard, Einstein étend sa théorie pour inclure la gravitation. Il propose une vision révolutionnaire : la gravité n’est pas une force au sens traditionnel, mais une courbure de l’espace-temps causée par la présence de masse et d’énergie.
Imaginez une balle de bowling posée sur un trampoline tendu : elle crée une déformation. Si vous faites rouler une bille à proximité, elle suivra naturellement la courbure créée par la balle. C’est ainsi qu’Einstein décrit la gravitation : les objets massifs courbent l’espace-temps, et cette courbure guide le mouvement des autres objets.
Ces théories, d’abord considérées comme purement théoriques, ont été confirmées par de nombreuses expériences. Elles sont aujourd’hui essentielles au fonctionnement du GPS, à l’étude des trous noirs, et nous permettent de comprendre l’expansion de l’univers. Sans les corrections relativistes, votre GPS aurait une erreur de plusieurs kilomètres chaque jour !
La relativité d’Einstein a fondamentalement changé notre vision de l’univers, montrant que l’espace et le temps ne sont pas des décors fixes mais des acteurs dynamiques de la réalité physique
La relativité générale d’Einstein bouleverse notre compréhension de la gravité de façon radicale. Contrairement à Newton qui voyait la gravité comme une force mystérieuse agissant à distance, Einstein propose une vision géométrique : « La gravité n’est pas une force, mais la courbure de l’espace-temps causée par la masse et l’énergie »
Imaginez un trampoline tendu sur lequel vous posez une boule de bowling. Le tissu se déforme, créant une dépression. Si vous faites maintenant rouler une bille près de cette dépression, elle ne va pas en ligne droite mais suit naturellement la courbure créée par la boule. Elle tombe vers la boule non pas parce qu’une force l’attire, mais parce qu’elle suit le « chemin le plus court » dans un espace déformé.
C’est exactement ce qui se passe avec les planètes : elles ne « tombent » pas vers le Soleil à cause d’une force gravitationnelle, mais suivent les « géodésiques » – les chemins les plus courts – dans un espace-temps courbé par la masse du Soleil. Vous-même, en ce moment, vous ne restez pas au sol parce qu’une force vous tire vers le bas, mais parce que vous suivez votre chemin naturel dans un espace-temps courbé par la Terre.
L’intuition géniale : le principe d’équivalence. Cette révolution conceptuelle naît d’une intuition qu’Einstein appelait « la pensée la plus heureuse de sa vie » : le principe d’équivalence. Cette découverte révolutionnaire affirme qu’il est impossible de distinguer, par une expérience physique, entre être dans un champ gravitationnel et être en accélération.
Imaginez-vous dans un ascenseur sans fenêtre. Si vous êtes au repos sur Terre, vous ressentez votre poids normal et une pomme lâchée tombe vers le plancher. Si votre ascenseur est en chute libre, vous flottez sans poids et une pomme lâchée reste immobile par rapport à vous. Mais voici le point crucial : si votre ascenseur se trouve dans l’espace et accélère vers le haut, vous êtes plaqué contre le plancher avec exactement la même sensation de poids qu’au sol, et une pomme lâchée « tombe » vers le plancher exactement comme sur Terre.
Le principe d’équivalence affirme que ces deux dernières situations sont physiquement indiscernables. Aucune expérience menée à l’intérieur de l’ascenseur ne peut vous révéler si vous êtes dans un champ gravitationnel ou en accélération uniforme. Cette équivalence parfaite révèle que gravité et accélération ne sont pas deux phénomènes différents, mais un seul phénomène vu sous deux angles.
Cette découverte résout un mystère qui avait échappé à Newton : pourquoi tous les objets tombent-ils exactement à la même vitesse, indépendamment de leur masse ? Galilée l’avait observé empiriquement, mais n’avait pas saisi la portée révolutionnaire de cette observation. Einstein comprend que cette égalité parfaite entre la résistance à l’accélération et la sensibilité à la gravité ne peut pas être une coïncidence : elle révèle la nature même de la gravité.
Si gravité et accélération sont équivalentes, alors être « au repos » dans un champ gravitationnel, c’est en réalité accélérer constamment ! Quand vous êtes debout sur Terre, vous accélérez en permanence vers le haut, mais l’espace-temps courbé fait que cette accélération vous maintient à distance constante du centre terrestre.
Dans la vision classique de Newton, la gravité est une force que la Terre exerce pour vous tirer vers elle, tandis que le sol exerce une force opposée, appelée force normale, qui vous pousse vers le haut. Ces deux forces s’équilibrent, et c’est pourquoi vous restez immobile debout sur le sol.
Einstein, avec la relativité générale, change complètement cette perspective. Pour lui, il n’existe pas de force gravitationnelle au sens traditionnel. La Terre, en raison de sa masse, courbe l’espace-temps autour d’elle. Dans cet espace-temps courbé, la trajectoire naturelle d’un objet — celle qu’il suit sans aucune force — est la chute libre vers le centre de la Terre. Autrement dit, un objet qui tombe ne subit aucune force : il suit simplement la géométrie locale de l’espace-temps.
En revanche, lorsque vous êtes debout sur le sol, vous êtes empêché de suivre cette trajectoire naturelle. Le sol vous bloque et vous contraint à accélérer vers le haut, c’est-à-dire à vous éloigner de cette trajectoire naturelle. Cette accélération imposée par le sol est ce que vous ressentez comme votre poids.
Une analogie célèbre illustre cette idée : imaginez un ascenseur perdu dans l’espace, qui accélère vers le haut à 9,8 m/s². Vous seriez plaqué contre le plancher, exactement comme si vous étiez debout sur Terre. Pour Einstein, être debout sur Terre revient à être dans un tel ascenseur en accélération constante. En ce sens, la chute libre devient l’état naturel, sans force, tandis que rester immobile sur Terre nécessite une force — celle du sol qui vous pousse.
A contrario, sur terre, les objets en chute libre, eux, ne subissent aucune force : ils suivent simplement les lignes droites naturelles dans un espace-temps déformé par la masse de la Terre.
L’effondrement de l’édifice newtonien. Cette nouvelle vision devient nécessaire car la théorie de Newton, malgré ses succès éclatants, cache une incompatibilité fondamentale avec la relativité restreinte qui rend inévitable une révolution complète de notre compréhension de la gravité.
Le premier problème est celui de l’instantané. La loi de gravitation universelle de Newton implique que la force gravitationnelle agit instantanément à travers l’espace. Si le Soleil disparaissait soudainement, selon Newton, la Terre quitterait immédiatement son orbite. Mais la relativité restreinte établit catégoriquement que rien ne peut aller plus vite que la lumière. Comment l’information que « le Soleil a disparu » pourrait-elle atteindre la Terre instantanément ? Cette action magique à distance viole le principe le plus fondamental de la relativité.
Le deuxième problème concerne la nature même de l’espace et du temps. Newton supposait l’existence d’un temps absolu, identique pour tous les observateurs, permettant de définir une simultanéité universelle. Mais la relativité restreinte démontre que la simultanéité est relative : deux événements simultanés pour un observateur ne le sont pas nécessairement pour un autre en mouvement. Cette relativité de la simultanéité rend impossible la notion newtonienne d’une force gravitationnelle agissant « au même instant » sur des objets distants dans l’univers.
Le troisième problème touche à l’invariance des lois physiques. La relativité restreinte exige que les lois de la physique gardent la même forme dans tous les référentiels inertiels. Mais les équations de Newton, conçues pour des transformations simples entre référentiels, ne respectent pas cette exigence fondamentale quand on applique les transformations plus complexes découvertes par Einstein. Elles perdent leur validité universelle et donnent des résultats différents selon le référentiel choisi.
Enfin, la découverte de l’équivalence entre masse et énergie révèle que Newton traitait la masse comme une constante absolue, alors qu’elle varie avec la vitesse et que l’énergie elle-même possède une masse. Cette vision devient totalement caduque dans un univers où la lumière, pourtant sans masse, est déviée par la gravité et où la courbure de l’espace-temps dépend de la densité d’énergie autant que de la masse.
La nécessité logique de la courbure. Face à ces contradictions insurmontables, Einstein ne se contente pas de « corriger » Newton : il révèle que l’univers fonctionne selon des principes plus profonds et plus cohérents. L’espace-temps courbé n’est pas une métaphore commode, c’est la seule façon logiquement cohérente de rendre compte de tous ces phénomènes simultanément.
L’énigme de la chute libre trouve enfin sa solution : pourquoi tous les objets tombent-ils à la même vitesse, indépendamment de leur masse ? Parce qu’ils ne « tombent » pas vraiment – ils suivent les géodésiques naturelles dans un espace-temps courbé. Une plume et un marteau lâchés sur la Lune suivent exactement la même géométrie de l’espace-temps, d’où leur chute identique.
L’expérience de l’ascenseur révèle sa profondeur : cette équivalence parfaite entre gravité et accélération ne peut pas être une coïncidence. Elle indique qu’elles sont deux faces d’un même phénomène géométrique. Dans un ascenseur en chute libre, vous ne ressentez aucune gravité parce que vous suivez librement la courbure naturelle de l’espace-temps. Dans un ascenseur qui accélère dans l’espace, vous ressentez un poids parce que le plancher vous empêche de suivre votre trajectoire naturelle dans l’espace-temps plat.
L’impossibilité logique des forces à distance disparaît : la Terre ne « sait » pas instantanément que le Soleil a bougé parce qu’il n’y a pas de force à transmettre. La courbure de l’espace-temps se propage à la vitesse de la lumière sous forme d’ondes gravitationnelles, respectant ainsi les limites de la relativité restreinte.
La cohérence avec la relativité restreinte est restaurée : Einstein remplace l’action instantanée par la propagation d’ondes gravitationnelles à la vitesse de la lumière, la force mystérieuse par la courbure géométrique de l’espace-temps, le temps absolu par un espace-temps dynamique, et les masses constantes par une relation vivante entre masse, énergie et géométrie cosmique.
La vision spinoziste de l’espace-temps courbé. Spinoza aurait trouvé dans la relativité générale une confirmation extraordinaire de ses intuitions métaphysiques les plus profondes.
L’immanence radicale de Spinoza trouve son écho parfait dans la conception einsteinnienne : pour Spinoza, rien n’existe en dehors de la Nature, il n’y a pas de forces « extérieures » qui agiraient sur les choses depuis l’extérieur. De même, Einstein montre qu’il n’y a pas de force gravitationnelle « extérieure » : la gravité est immanente à la structure même de l’espace-temps. Les objets ne subissent pas la gravité, ils *sont* la gravité par leur simple présence qui courbe l’espace-temps.
La substance unique de Spinoza résonne avec la révélation d’Einstein que l’espace, le temps, la matière et l’énergie ne sont pas des entités séparées mais les manifestations d’une réalité unique : l’espace-temps. La fameuse équation E=mc² exprime cette unité fondamentale que Spinoza avait pressentie philosophiquement.
Le déterminisme géométrique spinoziste trouve sa confirmation physique : pour Spinoza, tout ce qui arrive découle nécessairement de la nature des choses selon des lois éternelles. Einstein montre que le mouvement des planètes n’est pas le résultat de forces extérieures mais découle nécessairement de la géométrie de l’espace-temps. Les objets suivent les géodésiques non par contrainte mais parce que c’est leur nature même dans un espace courbé.
La négation spinoziste du hasard trouve son parallèle dans la découverte d’Einstein : ce que nous prenions pour des « forces » mystérieuses sont en réalité des nécessités géométriques. La Lune n’est pas « attirée » par la Terre par une force occulte : elle suit nécessairement sa trajectoire dans l’espace-temps courbé par la masse terrestre.
L’éternité dans le temps, distinction fondamentale chez Spinoza entre la durée (succession temporelle) et l’éternité (vérité intemporelle), trouve son expression dans la révélation einsteinnienne que l’espace-temps forme un « bloc » éternel où passé, présent et futur coexistent. Les lois de la relativité générale sont intemporelles et révèlent l’aspect « éternel » de la réalité physique.
Une révélation ontologique. Cette révolution n’était pas un raffinement technique mais une nécessité logique qui révèle la nature profonde de l’univers. La relativité générale ne fait pas que résoudre des problèmes de physique : elle révèle que l’univers possède une structure plus profonde et plus belle que nos intuitions ne le suggèrent. Ce qu’Einstein découvre par les mathématiques, Spinoza l’avait pressenti par la philosophie : la réalité est une unité dynamique où tout découle nécessairement de la nature des choses.
La courbure de l’espace-temps n’est pas un effet de la matière sur un espace préexistant : c’est la manifestation même de ce que Spinoza appelait la puissance d’exister de la Nature. Chaque masse, chaque énergie exprime sa nature profonde en modelant l’espace-temps autour de soi, créant ce réseau d’interdépendances que Spinoza identifiait comme l’essence même de la réalité.
La relativité générale ne contredit pas les succès de Newton, qu’elle retrouve comme approximation dans les situations courantes, mais révèle que la gravité newtonienne n’était que l’ombre portée d’une réalité géométrique infiniment plus riche et plus belle. Elle nous enseigne que nous ne sommes pas des spectateurs passifs dans un univers mécanique, mais des participants actifs dans une réalité vivante où notre simple existence courbe l’espace-temps et participe à la géométrie cosmique.
Comme l’avait intuité Spinoza, connaître ces lois, c’est comprendre notre place véritable dans l’ordre éternel de la Nature. La relativité générale révèle que l’univers est une symphonie géométrique où chaque note – chaque masse, chaque énergie – contribue à l’harmonie de l’ensemble selon des lois d’une beauté et d’une nécessité absolues.
L’évidence du quotidien.Vous expérimentez ce principe chaque jour sans vous en rendre compte. Dans un train qui roule à vitesse constante, si vous lâchez une balle, elle tombe droit vers le bas, exactement comme sur le quai de la gare. Dans un avion en vol horizontal, vous pouvez boire votre café normalement et marcher dans les allées comme si l’appareil était immobile. Toutes les expériences de physique donnent les mêmes résultats, quel que soit votre état de mouvement uniforme.
Pourquoi cette égalité est-elle nécessaire ? Cette apparente évidence cache en réalité une nécessité logique profonde. Il n’existe pas de référentiel « absolu » dans l’univers : la Terre tourne, orbite autour du Soleil, qui se déplace dans la galaxie, elle-même en mouvement dans l’univers. Quel mouvement serait le « vrai » mouvement de référence ? Aucun n’a plus de légitimité que les autres.
Plus fondamentalement, si vous êtes dans un train aux vitres opaques, aucune expérience de physique ne peut vous révéler si vous bougez ou non. Cette impossibilité n’est pas technique mais ontologique : elle révèle quelque chose de profond sur la nature de la réalité.
Si les lois physiques changeaient selon votre vitesse, l’univers perdrait toute cohérence. Une réaction chimique aurait des résultats différents selon votre point d’observation, créant des paradoxes insolubles.
L’accord profond de Spinoza. Baruch de Spinoza aurait été en parfait accord avec ce postulat, et pour des raisons qui anticipent remarquablement la physique moderne. Dans sa philosophie, la Nature est une substance unique et infinie où aucun point de vue n’a de privilège particulier. Cette égalité ontologique de toutes les perspectives se reflète naturellement dans l’égalité des lois physiques.
Pour Spinoza, tout dans la Nature suit des lois nécessaires et éternelles. Ces lois doivent être universelles car elles expriment la nature même de la réalité. Si elles variaient selon notre position, elles ne seraient plus véritablement universelles.
La philosophie spinoziste rejette l’anthropocentrisme : l’homme n’occupe pas une position privilégiée dans l’univers. De même, le premier postulat refuse tout « anthropocentrisme physique » qui placerait un observateur particulier au centre de l’univers.
Dans la vision spinoziste de l’immanence, tout existe au sein de la Nature, rien ne lui est extérieur. Cette conception s’accorde parfaitement avec l’absence de référentiel « externe » ou « absolu » depuis lequel juger du « vrai » mouvement.
Une convergence remarquable. Ainsi, ce que Einstein découvre par la physique, Spinoza l’avait intuitivement compris par la philosophie : l’univers est un, cohérent, et ne fait de favoritisme envers aucune perspective particulière. Le premier postulat de la relativité n’est pas seulement une loi physique, c’est l’expression d’une vérité plus profonde sur la nature démocratique et égalitaire de la réalité elle-même.
Cette convergence entre physique et métaphysique montre que les grandes découvertes scientifiques ne font souvent que confirmer ce que les plus grands esprits avaient déjà entrevu : l’univers possède une logique interne qui transcende nos perspectives particulières et nos préjugés anthropocentriques.
Une bizarrerie qui défie l’intuition. Contrairement au premier postulat que nous expérimentons naturellement, le second semble absurde au premier regard. Dans notre expérience quotidienne, les vitesses s’additionnent : si vous courez à 10 km/h dans un train qui roule à 100 km/h, votre vitesse par rapport au sol est de 110 km/h. Logiquement, si vous allumez une lampe torche dans ce même train, la lumière devrait aller plus vite par rapport au quai.
Mais la réalité est tout autre. Que vous mesuriez la vitesse de la lumière depuis le quai, depuis le train, ou même depuis une fusée lancée à des milliers de kilomètres par heure, vous obtiendrez toujours exactement la même valeur : 299 792 458 mètres par seconde. Cette constance absolue semble défier le bon sens.
Pourquoi cette constance est-elle nécessaire ? Cette étrangeté apparente cache en réalité une nécessité logique profonde, révélée par l’expérience de Michelson-Morley en 1887. Les physiciens cherchaient alors à détecter le mouvement de la Terre par rapport à un hypothétique « éther » en mesurant des variations de la vitesse de la lumière. Mais aucune variation ne fut jamais détectée, malgré la précision croissante des instruments.
Cette constance découle de la structure même de l’espace-temps. La lumière ne « voyage » pas vraiment à travers l’espace comme un objet ordinaire : elle définit la géométrie de l’espace-temps lui-même. La vitesse de la lumière est en réalité la vitesse maximale à laquelle l’information peut se propager dans l’univers – c’est la « vitesse de la causalité » elle-même.
Si la vitesse de la lumière variait selon l’observateur, cela créerait des paradoxes temporels insurmontables. Deux événements pourraient être simultanés pour un observateur mais pas pour un autre, sans qu’il existe de critère objectif pour trancher. L’univers perdrait toute cohérence causale.
Plus profondément, cette constance révèle que l’espace et le temps ne sont pas des décors fixes mais forment une structure dynamique qui s’ajuste automatiquement pour préserver cette invariance fondamentale.
L’accord profond de Spinoza. Il aurait trouvé dans ce deuxième postulat une confirmation éclatante de ses intuitions métaphysiques les plus profondes. Dans l’Éthique, il développe l’idée que Dieu (qu’il identifie à la Nature) possède des attributs infinis, dont nous ne connaissons que deux : l’étendue et la pensée.
Pour Spinoza, ces attributs expriment une même réalité sous des modes différents, mais selon des lois éternelles et immuables. La constance de la vitesse de la lumière révèle quelque chose de similaire : elle exprime une loi fondamentale qui transcende les perspectives particulières des observateurs, une sorte d' »attribut » de la réalité physique qui reste invariant quelles que soient nos circonstances.
La philosophie spinoziste insiste sur l’idée que la Nature agit selon une nécessité interne absolue. Rien n’est contingent, tout découle de la nature même de la réalité. La constance de la vitesse de la lumière illustre parfaitement cette nécessité : elle n’est pas un choix arbitraire de la nature, mais l’expression de sa structure logique la plus profonde.
Pour Spinoza, comprendre la Nature, c’est saisir ses lois éternelles sous l’aspect de l’éternité (« sub specie aeternitatis »). La vitesse de la lumière représente exactement cela : une constante qui révèle l’aspect éternel et immuable de la réalité physique, par-delà la relativité de nos perspectives temporelles et spatiales.
Une révélation cosmique. Le deuxième postulat révèle ainsi que l’univers possède une structure plus subtile et plus belle que nos intuitions quotidiennes ne le suggèrent. Ce que Einstein découvre par l’expérimentation rigoureuse, Spinoza l’avait pressenti par la contemplation philosophique : la réalité possède des invariants absolus qui transcendent nos perspectives particulières.
Cette constance de la lumière n’est pas une bizarrerie de la physique, mais la signature même de l’unité profonde de l’univers. Elle révèle que par-delà la diversité des phénomènes et la relativité des points de vue, il existe des lois fondamentales qui expriment la nature éternelle et nécessaire de la réalité.
Comme Spinoza l’avait intuité, connaître ces lois, c’est participer à quelque chose qui nous dépasse et nous unit à l’essence même de l’univers. Le deuxième postulat d’Einstein n’est pas seulement une découverte scientifique : c’est une fenêtre ouverte sur l’absolu au cœur du relatif.

« Le Dieu de Spinoza est raison pure, comme une horloge. Celui d’Einstein plie l’espace. Moi, j’en ai fait la synthèse » Salvador Dali
Tous deux naissent dans des familles juives et font l’expérience de l’exclusion. Spinoza est excommunié de la communauté juive d’Amsterdam en 1656 pour ses idées hérétiques, Einstein fuit l’Allemagne nazie en 1933. Cette position d’outsider leur confère une liberté intellectuelle particulière, les libérant des orthodoxies établies.
Ni l’un ni l’autre n’acceptent les conceptions anthropomorphiques de Dieu. Spinoza révolutionne la théologie en identifiant Dieu à la Nature elle-même, Einstein rejette un Dieu personnel qui interviendrait dans les affaires humaines tout en conservant un sens profond du sacré devant l’harmonie cosmique.
Spinoza cherche à démontrer que toute la réalité découle d’une substance unique. Einstein consacre ses dernières décennies à la recherche d’une théorie unifiée qui relierait toutes les forces de l’univers. Cette quête d’unification traverse leurs œuvres respectives.
Spinoza affirme que tout arrive selon une nécessité immuable, rejetant le libre arbitre et le hasard. Einstein partage cette vision déterministe, refusant l’interprétation probabiliste de la mécanique quantique avec sa célèbre formule : « Dieu ne joue pas aux dés. »
Pour Spinoza, la connaissance vraie libère l’homme de ses passions et lui apporte la béatitude. Einstein voit dans la science une voie d’accès au sublime et une échappatoire aux mesquineries de l’existence quotidienne.
Tous deux mènent une existence sobre, préférant la contemplation intellectuelle aux plaisirs matériels. Spinoza refuse une chaire prestigieuse à Heidelberg pour préserver son indépendance, Einstein cultive une simplicité volontaire même après sa célébrité mondiale.
Spinoza aurait sans doute salué les découvertes d’Einstein comme une confirmation éclatante de ses intuitions métaphysiques les plus profondes. Spinoza aurait vu dans la relativité la preuve que l’univers ne possède pas de centre privilégié, pas de point de vue absolu. Cette absence de référentiel privilégié correspond parfaitement à sa vision d’un univers où tout est immanent à la Nature, sans transcendance extérieure.
La découverte que l’espace et le temps forment une réalité unique et dynamique aurait ravi Spinoza. Il y aurait reconnu sa conception de la substance unique qui se manifeste sous différents attributs. L’espace-temps d’Einstein réalise concrètement l’unité fondamentale que Spinoza postulait philosophiquement.
Spinoza définit chaque chose par sa puissance d’exister et d’agir. Il aurait vu dans la capacité de la matière à courber l’espace-temps l’expression physique de cette puissance ontologique. Chaque masse exprime sa nature profonde en modelant la géométrie de l’univers.
La relativité générale montre que les trajectoires des planètes découlent nécessairement de la géométrie de l’espace-temps. Spinoza aurait applaudi cette démonstration que l’univers suit des lois géométriques nécessaires, confirmant son projet d’expliquer la réalité « more geometrico » (selon la méthode géométrique).
La relativité révèle que passé, présent et futur coexistent dans un « bloc » d’espace-temps éternel. Spinoza aurait reconnu sa distinction entre la « durée » (succession temporelle illusoire) et l’éternité (réalité intemporelle des essences).
Einstein non seulement connaissait l’œuvre de Spinoza, mais s’en réclamait explicitement. Cette filiation intellectuelle traverse toute sa vie et éclaire sa vision du monde.
Quand on lui demande s’il croit en Dieu, Einstein répond souvent : « Je crois au Dieu de Spinoza, qui se révèle dans l’harmonie ordonnée de ce qui existe, non en un Dieu qui se préoccupe du destin et des actions des hommes. »
Cette déclaration, qu’il répète sous diverses formes, révèle l’influence profonde du philosophe hollandais sur sa spiritualité. Ainsi, Einstein exprime son admiration pour Spinoza en déclarant :
« Je ne peux pas concevoir un Dieu qui récompense et punit ses créatures ou qui possède une volonté du type de celle que nous expérimentons en nous-mêmes. »
Sujet de la veille :
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