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3 NOVEMBRE 2025 (#121)
L'ÊTRE HUMAIN EST-IL BON, MAUVAIS, OU JUSTE FRAGILE ?
Depuis des millénaires, la question de la nature humaine hante philosophes, religions et sciences sociales. Rousseau affirmait que l’homme naît bon mais que la société le corrompt ; Hobbes voyait en lui un loup pour l’homme nécessitant un pouvoir souverain. Aujourd’hui, face aux crises écologiques, technologiques et géopolitiques, cette interrogation prend une urgence nouvelle.
Les neurosciences montrent que les bébés de 18 mois portent spontanément secours à autrui sans récompense, tandis que les statistiques révèlent que 980 homicides ont été enregistrés en France en 2024.
Cette tension entre coopération innée et violence persistante traverse toutes les sociétés. Sommes-nous bâtisseurs ou destructeurs ? Avons-nous les ressources pour corriger nos propres excès ? Notre civilisation ne tient-elle qu’à un fil ?
Mieux comprendre cette ambivalence est essentiel pour penser nos institutions, nos sociétés et notre rapport à la planète. L’être humain est-il bon ou mauvais ? Ou juste fragile ce qui, selon le contexte, le pousse au meilleur comme au pire ? Comment l’aider ?
La nature humaine se révèle fondamentalement ambivalente, oscillant entre capacité innée à la coopération et vulnérabilité aux circonstances adverses.
Les neurosciences et la psychologie du développement convergent : dès 18 mois, les enfants manifestent spontanément des comportements d’entraide sans attendre de gratification, contredisant la vision d’un égoïsme fondamental. Cette prédisposition prosociale s’enracine dans des mécanismes neuronaux identifiés : les zones de récompense du cerveau s’activent lors d’actes généreux, tandis que les zones de dégoût réagissent face aux injustices.
Pourtant, cette bonté native demeure fragile. Les statistiques françaises illustrent cette dualité : alors que 97 000 secouristes en santé mentale se forment pour soutenir autrui, près de 1 000 homicides et 450 000 violences physiques sont enregistrés annuellement.
Cette tension n’est pas propre à la France. La comparaison internationale révèle que les taux d’homicide varient drastiquement selon les contextes sociaux : de 1,5 pour 100 000 habitants en France à 53 en Jamaïque. Sans nul doute, l’environnement conditionne l’expression de nos dispositions naturelles.
Les crises révèlent cette plasticité humaine. Lors des catastrophes naturelles récentes, du séisme marocain d’Al Haouz au cyclone Chido à Mayotte, les comportements solidaires ont systématiquement prédominé. Les pillages redoutés ne se sont pas matérialisés ; l’entraide spontanée s’est organisée naturellement.
Ces observations contredisent la vision hobbesienne d’un chaos immédiat dès que l’autorité faiblit. Elles valident plutôt l’hypothèse rousseauiste d’une bonté originelle conditionnée par le contexte social.
Enfin, la santé mentale constitue un révélateur particulièrement éloquent. Avec 41 % des Français ayant connu un trouble psychologique au cours de leur vie et 13 % des enfants scolarisés présentant déjà des fragilités, la souffrance psychique massive témoigne moins d’une méchanceté intrinsèque que d’une vulnérabilité chronique aux pressions contemporaines. L’explosion des troubles anxio-dépressifs chez les étudiants illustre comment des structures défaillantes peuvent dégrader même les populations initialement les plus privilégiées.
L’être humain apparaît donc non comme intrinsèquement bon ou mauvais, mais comme profondément conditionné par son environnement social, économique et affectif. La qualité des institutions, la sécurité matérielle, l’accès à l’éducation et la reconnaissance sociale déterminent largement l’expression de nos capacités d’entraide innées ou, à l’inverse, le basculement vers la violence et le repli.
MAINSTREAM L’être humain naît intrinsèquement bon. Les neurosciences le prouvent formellement : dès 18 mois, un enfant porte spontanément secours à un adulte en difficulté sans qu’aucune récompense ne lui soit promise. Les zones cérébrales de satisfaction s’activent naturellement lors d’actes généreux, révélant que l’altruisme n’est pas construit mais câblé biologiquement. La violence et l’égoïsme ne constituent pas notre essence mais une adaptation pathologique à des environnements dégradés. Les catastrophes naturelles le démontrent systématiquement : du séisme marocain d’Al Haouz au cyclone Chido à Mayotte, la solidarité spontanée prédomine massivement tandis que les pillages redoutés restent exceptionnels.
Le capitalisme contemporain pervertit cette nature profonde en exaltant compétition, accumulation et domination. En valorisant artificiellement la rareté, il nous contraint à agir contre notre intérêt collectif naturel. La responsabilité politique est cruciale : construire une société préservant notre bonté originelle exige d’assurer éducation universelle, santé accessible, culture partagée et sécurité matérielle.
WISDOM L’homme n’est ni ange ni démon. Juste un organisme profondément vulnérable dont les comportements fluctuent selon son environnement immédiat. Nous sommes des êtres fragiles dont les réactions dépendent des conditions concrètes d’existence. Les bébés manifestent spontanément de l’empathie, mais un contexte d’insécurité, d’humiliation ou de précarité active instantanément des mécanismes défensifs archaïques. En situation de sérénité, de reconnaissance et de sécurité matérielle, l’homme tend naturellement vers la coopération : ce n’est pas héroïsme mais réaction naturelle à un contexte favorable.
Inversement, peur chronique, colère accumulée et sentiment d’impuissance prolongé déclenchent repli, agressivité et recherche de boucs émissaires. Les statistiques françaises l’illustrent : 41 % de la population connaît un trouble mental, 13 % des enfants scolarisés présentent déjà des fragilités psychologiques.
Cette souffrance révèle moins une méchanceté innée qu’une fragilité systémique face aux pressions sociales. Le même individu adopte des comportements radicalement différents selon qu’il évolue dans la confiance ou l’humiliation, la stabilité ou la précarité.
Plus un individu se sent reconnu, instruit et sécurisé, plus il choisit la bonté plutôt que réagir selon ses peurs immédiates.
OFFBEAT L’homme est fondamentalement un prédateur nécessitant un encadrement ferme. Sa nature profonde porte la marque de la domination et de l’exploitation. L’histoire humaine, jalonnée inlassablement de conquêtes et massacres, le confirme sans équivoque possible. Le mythe du bon sauvage relève de l’utopie naïve. Quand l’autorité s’effondre, la barbarie resurgit instantanément. Ce n’est pas la société qui corrompt l’individu mais le fragile vernis civilisationnel qui contient temporairement sa brutalité naturelle.
Les statistiques françaises parlent d’elles-mêmes : malgré un État-providence généreux, 980 homicides annuels, 450 000 violences physiques, 122 000 violences sexuelles. Ces chiffres massifs prouvent que même dans une société développée, l’encadrement strict reste vital. La Jamaïque avec ses 53 meurtres pour 100 000 habitants illustre ce qui attend les sociétés permissives. Les structures d’autorité constituent les remparts nécessaires contre notre animalité. Sans elles, la jungle sociale s’installe immédiatement. Le contrat social repose sur la crainte mutuelle, nullement sur une illusoire bonté innée. Même dans les sociétés avancées, délinquance et corruption démontrent que l’homme cherche constamment à s’affranchir des règles dès que le contrôle faiblit. L’éducation seule ne peut éradiquer nos pulsions destructrices. Des sociétés hautement cultivées ont basculé dans l’horreur en quelques années.
Gouverner exige de bâtir des systèmes robustes : lois claires, sanctions effectives, ordre respecté. Tolérer le désordre est contreproductif.
37 % des Français se rendent dans la nature quotidiennement et 39 % au moins une fois par semaine, témoignant d’un besoin de connexion à l’environnement naturel. (notre-environnement.gouv.fr, Baromètre de la biodiversité, 2024)
80 % des Français estiment qu’il est encore temps d’agir pour préserver la biodiversité, malgré une conscience croissante de sa dégradation. (notre-environnement.gouv.fr, Enquête biodiversité, 2024)
65 % des Français jugent avoir une connaissance moyenne de la nature, révélant un sentiment d’éloignement par rapport au monde naturel. (naturefrance.fr, Étude sur la perception de la nature, 2024)
La distance moyenne d’un habitant français à une zone naturelle atteint 16 kilomètres, contre 9,7 kilomètres au niveau mondial, soulignant une urbanisation marquée. (wedemain.fr, Analyse de l’accès à la nature, 2024)
80 homicides ont été enregistrés en France en 2024, marquant la première baisse depuis 2020, tandis que les tentatives d’homicide progressent de 7 %. (Ministère de l’Intérieur — SSMSI, Insécurité et délinquance en 2024, janvier 2025)
450 100 victimes de violences physiques ont été enregistrées en 2024, une quasi-stabilité après une période de hausse continue entre 2016 et 2023. (Ministère de l’Intérieur — SSMSI, Bilan statistique 2024, janvier 2025)
122 600 victimes de violences sexuelles ont été recensées en 2024, une progression de 7 % témoignant d’une libération de la parole des victimes. (Ministère de l’Intérieur — SSMSI, Statistiques de la délinquance 2024, janvier 2025)
41 % des Français déclarent avoir été affectés par un problème de santé mentale au cours de leur vie, incluant dépression, burn-out et pensées suicidaires. (Odoxa / Mutualité française, Sondage santé mentale, septembre 2024)
13 % des enfants de 6 à 11 ans scolarisés présentent au moins un trouble probable de santé mentale, une prévalence comparable aux autres pays européens. (Santé publique France, Enquête Enabee, juin 2023)
97 381 secouristes en santé mentale ont été formés depuis 2019, témoignant d’une mobilisation collective pour le soutien psychologique. (Ministère de la Santé — Feuille de route santé mentale, janvier 2024)
Les bébés de 18 mois portent spontanément secours à un adulte en difficulté sans attendre de récompense, révélant une prédisposition précoce à l’altruisme. (Institut Max Planck d’anthropologie évolutionniste, Étude publiée dans Science, 2006)
Les recherches en psychologie du développement montrent que les nouveau-nés perçoivent et imitent les expressions faciales émotionnelles dès leurs premières semaines de vie. (Cairn.info, Revue de neuropsychologie, Développement du comportement prosocial, 2020)
Lors de catastrophes naturelles majeures, les comportements de solidarité et d’entraide spontanée prédominent largement sur les pillages et la violence. (Médecins Sans Frontières, Analyse des secours humanitaires, avril 2025)
Le séisme d’Al Haouz au Maroc en septembre 2023 a mobilisé une solidarité nationale et internationale massive, illustrant la réponse humaine face au désastre. (Policy Center for the New South, Étude sur le comportement solidaire, 2023)
La Jamaïque affiche le taux d’homicide le plus élevé au monde avec 53 morts pour 100 000 habitants en 2022, contre 1,5 en France. (Statista / World Population Review, Classement mondial des homicides, 2022)
36,6 % des étudiants français présentent des symptômes dépressifs contre 20 % des non-étudiants, révélant une vulnérabilité particulière de cette population. (Santé publique France, Données sur la santé mentale étudiante, 2024)
Aux États-Unis, les convictions personnelles comme l’orientation sexuelle ou l’engagement environnemental constituent des motifs fréquents d’homicide en Amérique latine. (Pew Research Center, Étude sur les crimes haineux, 2023)
En Allemagne, 54 % de la population maintient sa confiance dans les médias, illustrant une stabilité institutionnelle contrastant avec la défiance française. (Reuters Institute, Digital News Report, 2024)
Au Canada, 45 % des citoyens s’informent désormais via TikTok ou Reddit plutôt que par les médias traditionnels, témoignant d’une transformation des comportements. (Reuters Institute, Digital News Report Canada, 2024)
L’Organisation mondiale de la santé confirme qu’une bonne santé mentale permet de réaliser son potentiel, de contribuer à la communauté et de faire face aux difficultés normales de la vie. (OMS, Définition de la santé mentale, 2024)
« On ne naît pas bon ou mauvais, on le devient selon qu'on est traité avec dignité ou mépris” Simone de Beauvoir
Les neurosciences apportent un éclairage précieux. L’entraide n’est pas un miracle : c’est une fonction naturelle. Et pourtant, la violence persiste. Près de 1 000 homicides et 450 000 agressions physiques sont enregistrés chaque année en France. Cette contradiction — entre une nature coopérative et une réalité brutale — traverse toute l’histoire humaine.
L’homme n’est ni bon, ni mauvais. Il est fragile. Et cette fragilité peut devenir force ou faiblesse selon le contexte. Un individu protégé, reconnu, aimé tend vers la solidarité. Un individu humilié, précaire, menacé se replie, s’endurcit, devient agressif. Tout dépend du cadre qu’on lui offre.
Quand ce cadre s’effondre, la vérité réapparaît. Lors du séisme d’Al Haouz au Maroc ou du cyclone Chido à Mayotte, les habitants ont spontanément organisé les secours. Pas de chaos, pas de guerre civile : de la solidarité. La fameuse “loi de la jungle” n’est pas la norme humaine. C’est l’exception.
Derrière les violences visibles se cache une souffrance massive : 41 % des Français ont déjà connu un trouble psychique, 13 % des enfants présentent une fragilité mentale, 36 % des étudiants souffrent de symptômes dépressifs. Ce n’est pas la méchanceté qui progresse : c’est la vulnérabilité.
Alors, que faire pour libérer ce potentiel prosocial ?
PROTÉGER. C’est la base. Un État juste, des règles claires, une justice rapide et crédible. Des citoyens à l’abri du besoin essentiel : un logement digne, des soins accessibles, une information fiable. La sécurité économique et la liberté sont les conditions du courage et de la confiance.
ÉMANCIPER. Donner à chacun les moyens d’agir, pas d’attendre. L’administration doit redevenir un service, pas un obstacle. L’école doit transmettre les savoirs fondamentaux, mais aussi le discernement, la créativité et la maîtrise de soi. La société doit reconnaître toutes les formes d’intelligence, pas seulement les diplômes.
ÉLEVER. Remettre le travail, la culture et le débat au centre de la vie collective. Le travail n’est pas qu’un revenu : c’est une contribution, une fierté. La culture nourrit le sens, relie les générations, empêche la brutalité. Le débat public, s’il est honnête, élève la nation autant que l’art ou la science.
Quelles institutions, quelles règles, quels exemples permettent à l’être humain de devenir meilleur ? C’est tout l’enjeu: construire une société qui protège sans infantiliser, qui libère sans déraciner, qui élève sans exclure. Voilà le vrai défi.
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